Treize ans après le thriller Nuit blanche avec Tomer Sisley, et après la série Engrenages, le réalisateur français Frédéric Jardin revient au cinéma avec le film de science-fiction Survivre.
Dans ce long métrage interdit aux moins de 12 ans, une catastrophe bouleverse la planète : les pôles magnétiques de la Terre se sont inversés. Les océans ont anéanti les continents, laissant derrière eux un vaste désert. Dans ce monde ravagé, une famille doit lutter pour sa survie. Quand les pôles s’inverseront à nouveau, il sera trop tard.
Ecrit par Matt Alexander – pseudonyme derrière lequel se cache le duo Matthieu Le Naour et Alexandre Coquelle à qui l'ont doit de nombreuses comédies (Les Gorilles, Divorce Club, BDE) - le film est emmené par Emilie Dequenne, Andreas Pietschmann, célèbre pour les séries Netflix Dark et 1899, Lisa Delamar, Lucas Elbel et Arben Bajraktaraj. Survivre marque le retour du réalisateur au cinéma mais également celui d'Emilie Dequenne devant la caméra.
En août 2023, la comédienne belge, récompensée à Cannes en 1999 pour Rosetta, annonçait être atteinte d'un cancer rare. Bien que le long métrage ait été tourné avant la découverte de sa maladie, l'actrice a été opérée et a pu faire la promotion de Survivre. Elle reprend peu à peu le chemin des plateaux et vient notamment de tourner un épisode de Capitaine Marleau.
Un personnage plus proche d'Emilie Dequenne
A notre micro, Emilie Dequenne nous parle des parallèles entre ce qu'elle a vécu et son personnage de mère battante, prête à tout pour sauver ses enfants.
"Au moment du tournage de Survivre je ne savais pas que j'étais malade. Mais aujourd'hui, le message de fin du film résonne particulièrement en moi. Il faut rester dans la salle jusqu'au générique, il ne faut pas partir trop vite parce qu'il y une voix, et ça résonne vraiment beaucoup avec ma vie personnelle. J'ai enregistré cette voix avant d'être malade et avant de le savoir. Mais forcément, maintenant, je me dis: Cette nana qui se bat contre des crabes pour survivre, c'est quand même fou…
Ça résonne vraiment beaucoup avec ma vie personnelle
Dans le film, bien évidemment c'est plus que ça. Elle se bat pour sa survie, mais surtout afin de protéger ses enfants. Malgré la version apocalyptique du monde, elle ne lâche rien. Elle ne sait pas ce à quoi s'attendre, mais elle va protéger ses enfants".
Le réalisateur Frédéric Jardin explique dans le dossier de presse, qu'il avait envie de travailler avec la comédienne depuis plusieurs années. "Je voulais travailler avec Émilie depuis longtemps. Après Nuit blanche, expérience extrême d’un père qui doit sauver son fils, je souhaitais vivre l’expérience extrême d’une mère et j’ai tout de suite imaginé Émilie dans le rôle – c’est une actrice totalement vraie, authentique, qui donne tout, qui peut aller dans des zones extrêmes mais qui permet en même temps de s’identifier à elle facilement. J’étais ravi qu’elle accepte le rôle.
Beaucoup d’actrices françaises disent rêver de tourner un film de genre, mais ont souvent peur de s’engager au moment où on leur propose un projet. Émilie était à fond, sans entraînement particulier ; elle était surtout dans le même état d’esprit que Julia, cette mère de famille qui doit rebondir inlassablement, comme elle peut, pour devenir une guerrière malgré elle."
Pourquoi Emilie Dequenne a-t-elle hésité avant d'accepter le rôle ?
Il s'agit du premier film de science-fiction de la carrière de l'actrice qui est donc une grande fan de films de genre. Emilie Dequenne nous avoue pourtant avoir hésité à accepter le rôle : "J'ai adoré le scénario, mais j'ai eu peur au début. Je me suis dit: Mais ce n'est pas pour moi, parce que j'imaginais une héroïne américaine, un peu à la Tomb Raider, ce qui n'est tout à fait pas moi. Je me suis dit: Ils se sont trompés. Il leur faut une grande blonde musclée, belle comme un mannequin. Je me demandais : "Comment ils vont faire avec moi ?" Et puis, finalement, je me suis dit: On parle d'une mère qui va protéger ses enfants envers et contre tout. Et c'est moi, ça aussi. Et finalement, cette famille, on y croit.
En plus je suis une dingue de films de genre, vraiment une dingue de films de genre. C'est mon éducation cinématographique. On allait énormément au vidéoclub et on louait des films de genre quand j'étais enfant. Le premier film de genre que j'ai vu, c'était Les griffes de la nuit, mais ensuite, j'ai vu tous les Romero, les Wes Craven, les adaptations de Stephen King, L'Exorciste, Simetierre.. J'adore ! Et là, Frédéric jardin, nous propose quelque chose qui est survivaliste, réaliste et dystopique. Et ça, c'est vraiment un genre qui me plaît. Donc j'avais envie d'en être."
Tout le film était un challenge pour moi.
Et pour incarner cette mère qui traverse les fonds marins desséchés et affronte les pires dangers afin de mettre ses enfants à l'abri, la comédienne a dû suivre un entraînement intensif. "Tout le film était un challenge pour moi. J'ai été préparée physiquement. Je ne suis vraiment pas une grande sportive mais je me préparais tous les jours, avec mon coach ou en allant nager à la piscine. Petit à petit je me suis rendu compte que j'étais finalement crédible dans le rôle de cette mère." ajoute-t-elle à notre micro.
Où a été tourné le film ?
Dans Survivre, les pôles magnétiques de la Terre se sont inversés. La mer s'est retirée sur la terre et les fonds marions sont à découvert laissant ainsi apparaître la grande pollution sous-marine, le contenu de cargos ayant chavirés, du plastique... Et les paysages désertiques des fonds marins ont été trouvés au Maroc.
Frédéric Jardin explique dans le dossier de presse : "La troisième partie du film, celle de la course-poursuite, a été entièrement filmée en décors réels, à Boumalne-Dadès. C’est un lieu magnifique, très sauvage, où, à ma connaissance, personne n’avait encore tourné. En amont, on avait fait un minutieux travail de repérage pour rendre crédibles les gorges, les canyons et la faille finale, censés être des fonds marins d’où la mer s’est retirée. Les acteurs n’étaient pas doublés et ont tout fait eux-mêmes, y compris les deux jeunes comédiens qui arpentaient parfois des zones très escarpées. On n’a pas triché, c’était tout l’esprit de ce tournage."
Concernant les scènes marines, l'équipe a également tourné au Maroc et a eu recours à des astuces artisanales. Le cinéaste explique :"Au début, on se demandait comment tourner les scènes sur le bateau. Je ne voulais pas le faire en studio, c’était d’ailleurs inenvisageable. On a réellement tourné sur un bateau, au large du Maroc, près de la frontière algérienne, où la mer est très bleue et peut évoquer celle des Caraïbes. La houle était très forte, l’équipe était malade, sans parler des méduses : c’était parfois assez rocambolesque !
Pour la scène de tempête, au moment où l’océan se retire, j’étais au plus près des acteurs afin que l’on ressente cette expérience de leur point de vue, ce qui s’accordait également avec la logique économique de notre film. Côté logistique, le bateau était arrimé à une plateforme et des machinistes le secouaient dans tous les sens, de manière artisanale, comme du temps de la naissance du cinéma, sans recours à des pistons hydrauliques en studio ! La sensation était tout de même puissante."
Contrairement aux blockbusters américaines, Survivre est un film de genre français d'un budget de 5 millions d'euros, il a donc fallu trouver des astuces pour parvenir à créer une tempête plus vraie que nature. Et le réaultat est bluffant.
Emilie Dequenne ajoute à notre micro : "C'est difficile de faire un film de genre avec les budgets qu'on a. Ça peut sembler fou de se dire que 5 millions d'euros, c'est un petit budget. Qui n'aimerait pas avoir 5 millions d'euros ? Mais pour un film de genre, ce n'est vraiment pas grand-chose. Et pourtant on a réussi ! Déjà, on a eu une équipe franco-marocaine merveilleuse, des décors dingues au Maroc. Ça nous a tous mis dans l'ambiance. Je trouve sensationnel, en dépit des moyens. On est embarqué avec cette femme et on veut survivre avec elle."
Survivre est à découvrir dès ce mercredi 19 juin au cinéma.