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    C'est le Twilight français ! Pourquoi faut-il voir le film En attendant la nuit au cinéma ?
    Laëtitia Forhan
    Laëtitia Forhan
    -Chef de rubrique cinéma
    Fan de cinéma fantastique, de thrillers, et d’animation, elle rejoint la rédaction d’AlloCiné en 2007. Elle navigue depuis entre écriture d'articles, rencontres passionnantes et couvertures de festivals.

    "En attendant la nuit" de Céline Rouzet sort ce mercredi dans nos salles. Le long métrage qui raconte l'histoire d'amour entre un adolescent pas comme les autres et une ado populaire est porté par Mathias Legoût Hammond & Céleste Brunnquell.

    Vous avez aimé Twilight et le récent Vampire humaniste cherche suicidaire consentant ?, En attendant la nuit devrait vous plaire. Lauréat du Prix du Jury lors du dernier Festival du film fantastique de Gérardmer, En attendant la nuit est le premier long métrage de fiction de la réalisatrice Céline Rouzet à qui l'on doit le documentaire 140 km à l'ouest du paradis.

    Emmené par Mathias Legoût Hammond, dont c'est le premier rôle au cinéma,  Céleste Brunnquell (Les Éblouis, La Fille de son père), Élodie Bouchez, Jean-Charles Clichet, et la jeune Laly Mercier, le long métrage suit Philémon, un adolescent pas comme les autres : pour survivre, il a besoin de sang humain. Dans la banlieue pavillonnaire un peu trop tranquille où il emménage avec sa famille, il fait tout pour se fondre dans le décor. Jusqu’au jour où il tombe amoureux de sa voisine Camila et attire l’attention sur eux…

    En attendant la nuit
    En attendant la nuit
    Sortie : 5 juin 2024 | 1h 44min
    De Céline Rouzet
    Avec Mathias Legoût Hammond, Céleste Brunnquell, Élodie Bouchez
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    3,5
    Séances (87)

    Un film métaphorique et personnel

    Si l'histoire rappelle inévitablement Twilight, le film est bien éloigné de la saga avec Robert Pattinson et Kristen Stewart. Derrière cette histoire d'amour, la cinéaste souhaitait mettre en lumière la manière dont le conformisme s'est emparé de notre société et dont les marginaux sont traités.

    Céline Rouzet explique ainsi dans le dossier de presse : "En attendant la nuit est l’histoire d’un garçon qui fait peur aux gens qu’il aime et qui cherche sa place dans un monde qui ne lui ressemble pas. Le film parle de marginalité et de conformisme, de sacrifices familiaux, de désir animal… et de la sauvagerie qui se cache sous la surface de la vie ordinaire. Avec ce film, j’ai voulu raconter ce qui m’obsède depuis toujours : un monde conventionnel qui se fissure, des personnages qui dérangent, le malaise qui en découle."

    Mais ce sujet est également très personnel. La cinéaste, d'abord journaliste, a perdu son frère en 2014 et souhaitait raconter l'histoire de ce dernier dans un long métrage. Elle explique : "Je me devais de raconter l’histoire de mon frère mais je ne savais pas comment m’y prendre. Il me paraissait impossible de le faire de façon trop réaliste et frontale.

    Tandem Films

    Un jour, au moment où je tentais l’atelier scénario de La Fémis, l’idée de vampirisme m’est apparue comme une évidence. Je me suis rappelée que cette figure avait énormément hanté mon frère quand il était petit, lui qui est né différent et qui a beaucoup souffert du rejet des autres. Enfant, il voyait des vampires venir jusque dans sa chambre pour lui parler. Il en était terrifié mais, au fil de sa vie, il s’est mis à nourrir une sorte de fascination pour eux. Il regardait tous les films de vampire qu’il trouvait et j’ai commencé à croire qu’il ressentait une connexion avec ces créatures incomprises, ces monstres fragiles qui font peur et dont la condition est invisible au premier regard."

    Le vampirisme comme métaphore du handicap

    La cinéaste et scénariste ajoute : "Le vampirisme opère comme une métaphore du handicap, de la dépression et du mal-être adolescent. Pour moi, la fiction et le recours au cinéma de genre permettent d’exacerber les situations en mettant à distance une réalité trop dure. Le film n’en dresse pas moins un constat amer sur la violence de la norme et la peur de l’autre…"

    Vous l'aurez compris, En attendant la nuit est une romance couplée à un drame familial intime. Au-delà de l'histoire d'amour et le besoin pour Philémon de boire du sang et de se cacher du soleil, le film parle de la différence et de la difficulté pour les êtres jugés différents de s'intégrer dans la société. La différence de Philémon impacte toute sa famille et à des conséquences sur la vie de sa jeune sœur et de ses parents qui vont tout tenter pour le protéger.

    Tandem
    En attendant la nuit

    Un vampire innocent

    La principale difficulté d'écriture pour Céline Rouzet et son co-scénariste William Martin a été de faire de Philemon un monstre innocent, un être que même les spectateurs ont envie de protéger. Et la scène d'ouverture du long métrage y parvient brillamment.

    Céline Rouzet déclare : "J’ai surtout cherché à susciter de l’émotion, de la tension et du malaise parfois même des rires - plutôt que du dégoût ou de la peur. Quand on y pense, ni Only lovers left alive, ni même Aux frontières de l’aube ne sont de vrais films d’horreur. Je crois que le vampire est d’abord associé aux thématiques de la dissidence et de la marginalité. Avec mes producteurs Candice Zaccagnino et Olivier Aknin, on envisageait le film comme un « coming of age » qui fonce dans le mur. Je dirais donc qu’il s’agit de l’histoire d’un adolescent qui nourrit l’espoir de vivre parmi les hommes. Philémon a les symptômes du vampire et rêve de devenir un homme mais la société le pousse à devenir un vampire. Notre plus grand défi d’écriture a consisté à en faire un monstre innocent. "

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    En attendant la nuit

    Le choix de l'acteur

    Incarné par Mathias Legoût Hammond, le jeune Philemon est un adolescent qui rêve d'être "normal", mais la normalité existe-t-elle ? Jugé et harcelé par les autres, ce dernier va trouver du réconfort dans les bras de Camila.

    La réalisatrice explique : "Mathias s’est imposé à moi comme une évidence alors qu’il n’avait jamais rien fait auparavant et que des acteurs plus aguerris avaient passé le casting. Je cherchais quelqu’un de juvénile, à la beauté étrange, loin des vieux canons de la virilité. Comme le vampire a toujours été une figure érotique, j’étais à la recherche d’une beauté pâle, sensuelle et effrayante. Quand Mathias est apparu, il tremblait mais il disait les répliques exactement comme nous les avions écrites et imaginées. Il avait en lui la chanson des phrases et ce mélange de douceur et de colère contenue que je cherchais chez Philémon".

    Elle ajoute : "Pour construire cette figure de vampire-humain, nous l’avons affublé d’une dentition à la David Bowie. Avec la maquilleuse Flore Chandès, nous avons travaillé ses différents états : tantôt plus cerné et fiévreux, les veines saillantes à son front, tantôt une pâleur plus transparente et les cheveux plaqués en arrière à mesure qu’il gagne en confiance et en puissance…"

    En attendant la nuit est à voir au cinéma dès ce mercredi 5 juin.

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