L'Abbé Pierre sur grand écran, troisième ! Après André Reybaz dans Les Chiffonniers d'Emmaüs (1954) et Lambert Wilson dans Hiver 54 (1989), c'est Benjamin Lavernhe qui a prêté ses traits l'an dernier à celui qui a longtemps été la personnalité préférée des Français. Un nouveau biopic qui est grande réussite, parvenant à embrasser les multiples existences de cet homme au destin extraordinaire.
L'Abbé Pierre - Une vie de combats revient sur le parcours d'Henri Grouès, qui a été à la fois résistant, député, défenseur des sans-abris, révolutionnaire et iconoclaste. Des bancs de l’Assemblée Nationale aux bidonvilles de la banlieue parisienne, son engagement auprès des plus faibles lui a valu une renommée internationale. La création d’Emmaüs et le raz de marée de son inoubliable appel de l’hiver 54 ont fait de lui une icône.
Pourtant, chaque jour, Henri Grouès a douté de son action. Ses fragilités, ses souffrances, sa vie intime à peine crédibles sont restées inconnues du grand public. Révolté par la misère et les injustices, souvent critiqué, parfois trahi, il a eu mille vies et a mené mille combats. Il a marqué l’Histoire sous le nom qu’il s’était choisi : l’Abbé Pierre.
Trouver la colonne vertébrale du film a mis beaucoup de temps. "Tout ce que je lisais relevait peu ou prou uniquement de l'hagiographie, voire de légendes écrites par l’abbé lui-même ou ses proches", déclare le réalisateur Frédéric Tellier. "Moi, ce qui m’intéresse, ce qui intéresse les spectateurs je crois, c’est comment un être humain a pu accomplir tout ce que l’abbé a accompli ? Qu’est-ce qu’il s’est passé en lui ? Où est-ce qu’il a dérapé ? Est-ce qu’il s’est senti seul ? A-t-il eu peur ? A-t-il douté ? À quel moment s’est-il cassé la figure? Comment l’a-t-il vécu ? S’en est-il remis ? Je ne trouvais nulle part les réponses à ces questions."
C'est la rencontre avec Laurent Desmard, secrétaire particulier de l’abbé pendant 15 ans et président de la Fondation Abbé Pierre, qui s'est révélée décisive. "J’ai passé énormément de temps avec lui. Il m’a raconté des moments, des souvenirs qui ne sont pas dans la "littérature officielle" et qu’il n’avait, je crois, encore confiés à personne", note le cinéaste. "Il m’a ouvert une malle incroyable de souvenirs, d’émotions, de complicités… Il m’a donné à voir et à comprendre l’abbé Pierre intime, son mode de fonctionnement, ses origines."
"D’emblée, j’ai été impressionné par la qualité immédiate et la justesse que Benjamin Lavernhe proposait"
Pour incarner l'abbé Pierre, Frédéric Tellier cherchait un acteur capable de créer du mimétisme tout en construisant une composition. "Et capable de jouer ces nombreux dialogues très en longueur car j’adore perdre les acteurs dans le vertige du texte", complète-t-il. "Je voulais aussi un acteur qui fasse tous les âges, donc plutôt quelqu’un de jeune qu’on allait ensuite vieillir à l’image. Enfin un acteur qui ne soit pas une star pour qu’il ne vampirise pas le personnage."
Cet acteur capable de beaucoup de choses, il l'a trouvé en la personne de Benjamin Lavernhe, auteur d'une prestation remarquable. "D’emblée, j’ai été impressionné par la qualité immédiate et la justesse qu'il proposait et je percevais surtout à travers son énergie combien il avait envie du rôle", déclare Frédéric Tellier. "Et puis il le cachait, mais je voyais son trac, et j’aime cette preuve d’humilité."
L'Abbé Pierre - Une vie de combats, présenté Hors Compétition au Festival de Cannes, a attiré près de 850 000 spectateurs en salles. Découvrez vite chez vous l'incroyable parcours de cet homme qui a marqué l'Histoire...
Ce soir sur Canal+ à 22h45
L'équipe de "L'Abbé Pierre" au micro d'AlloCiné :