Ça parle de quoi ?
Aide-soignante à domicile, Moon-Jung s’occupe avec bienveillance d'un vieil homme aveugle et de sa femme. Mais quand un accident brutal les sépare, tout accuse Moon-Jung. Elle se retrouve à devoir prendre une décision intenable.
Sol-hui Lee : première !
Il y a vingt ans, Old Boy de Park Chan-wook faisait sensation au Festival de Cannes. Et allait jusqu'à effleurer du bout des doigts une Palme d'Or que Quentin Tarantino, à contrecoeur nous dit-on, a finalement remise au documentaire Fahrenheit 9/11. Mais sa notoriété est allée au-delà de son Grand Prix, pour définitivement installer le thriller coréen sur la carte mondiale du 7ème Art.
Deux décennies plus tard, la donne n'a pas changé. Ou alors en mieux. Car Kim Jee-woon fait régulièrement l'événement, Park Chan-wook s'est offert un Prix de la Mise en Scène à Cannes avec Decision to Leave tandis que Bong Joon-ho a fait main-basse sur la Palme d'Or (avant un Oscar du Meilleur Film) grâce à Parasite. Sans oublier Ryoo Seung-wan, auteur de l'impressionnant Battleship Island, ou ceux davantage tournés vers le drame, comme July Jung (About Kim Sohee) ou Lee Chang-dong.
Après trois courts métrages réalisés entre 2017 et 2021, Sol-hui Lee signe avec Greenhouse son premier long, et se place d'emblée entre le Bong Joon-ho de Parasite, pour l'aspect social et le propos sur les relations entre les classes, et Burning de Lee Chang-dong, auquel on pense face à la serre recouverte de bâches noires dans laquelle loge l'héroïne, afin d'économiser pour payer son futur appartement.
Toutes proportions gardées évidemment. Sur le plan esthétique notamment, ou même dans la narration, car Greenhouse prend son envol dans la seconde partie, plus sombre et inattendue que la première, plus classique mais qui pose les bases de ce thriller aux accents dramatiques dont la réalisatrice a eu l'idée en pensant à l'histoire de sa mère, qui s'était occupée de la sienne, alors atteinte de démence.
Je souhaitais explorer ces réalités troubles qui existent bel et bien, même si elles vont à l’encontre de l’idée que l’on se fait de la famille
Le long métrage se penche ainsi sur le thème de la prise en charge des personnes âgées, qui revient régulièrement dans le cinéma coréen. Tout en prenant soin de l'aborder de manière universelle, en suivant un personnage aux intentions troubles dont Sol-hui Lee refuse de raconter le passé, pour mieux laisser le spectateur se l'imaginer.
"Les membres d’une famille peuvent ne pas se côtoyer, se rejeter, se haïr ou vouloir disparaître", dit-elle dans le dossier de presse. "Je souhaitais explorer ces réalités troubles qui existent bel et bien, même si elles vont à l’encontre de l’idée que l’on se fait de la famille." Une démarche qui se prolonge jusque dans le plan final, où la cinéaste nous refuse le contrechamp afin de nous laisser décider nous-mêmes de l'issue.
Parfois tragique, Greenhouse s'appuie sur les mécanismes du thriller pour développer un discours social autour du modèle coréen, et sa réalisatrice se rapproche ainsi de auteurs prestigieux de son pays. Dont elle devrait sans aucun doute faire partie si elle confirme les promesses entrevues dans ce premier long métrage.