Sorti en salles le 8 mai, La Planète des singes : Le Nouveau Royaume a déjà conquis plus de 800 000 spectateurs. Tout comme la trilogie initiée en 2011, ce nouvel opus de la saga utilise la performance capture pour l'interprétation des primates.
Cette technique consiste à recouvrir les comédiens avec une combinaison bardées de capteurs afin de pouvoir créer numériquement les singes en post-production. James Cameron utilise le même procédé dans Avatar pour donner vie aux Na'vis.
Dans Les Origines, L'Affrontement et Suprématie, c'est Andy Serkis qui incarnait le héros, César. Quand on parle de capture de mouvement, on pense évidemment à lui. L'acteur est un pionnier de la technologie avec ses incarnations inoubliables de Gollum dans Le Seigneur des Anneaux, le gorille géant de King Kong ou bien évidemment César dans la franchise La Planète des singes.
Il a aussi campé Baloo dans Mowgli ou Snoke dans Le Réveil de la Force et Les Derniers Jedi. Cependant, on oublie souvent qu'un autre grand comédien se cache derrière le succès de la saga La Planète des singes...
Comment on joue un primate ?
En octobre 2015, AlloCiné a eu la chance de se rendre sur le tournage de La Planète des singes : Suprématie, dernier volet de la saga avant Le Nouveau Royaume. Nous avons alors pu nous entretenir avec celui qui est aujourd’hui considéré comme le meilleur au monde dans l’art de l’interprétation simienne.
Au beau milieu d’une forêt canadienne, soit l’environnement naturel de son personnage, en combinaison de performance-capture, Terry Notary, qui campe le personnage de Rocket, nous a ainsi livré quelques secrets pour interpréter un singe :
"Une bonne part de nos exercices consistait à sortir dehors, en pleine nature, avec les acteurs, à nous asseoir pendant une heure et à nous taire. Ne pas parler. Vous pensez peut-être que c’est facile, mais ça ne l’est pas. Etre au présent, être silencieux, la boucler. Etre vraiment très simple", a souligné le comédien.
"Quand vous prenez les choses extérieures et que vous en faites votre essentiel, vous devenez invisible et vous ne jouez plus, vous êtes. C’est incroyable. Votre performance se volatilise. Vous vous perdez dans cette chose qui devient plus importante que vous et vous cessez de vous identifier à vous-même, de vous diriger. Votre performance devient réelle, et c’est ce qui fait que ces films marchent."
Terry Notary, le précurseur
Terry Notary est un ex-gymnaste qui a passé plusieurs années à travailler avec le Cirque du Soleil. Son talent a fini par l'amener à travailler sur les plateaux de cinéma. C'est notamment lui qui entraîne les comédiens de La Planète des singes de Tim Burton à entrer dans la peau de leurs personnages.
Il acquiert une vraie expertise sur le sujet après une observation minutieuse des primates au zoo de Los Angeles. Ce savoir-faire lui permet d'animer ensuite une véritable "école des singes" aux côtés d’autres artistes.
Par exemple, dans L'Affrontement, Judy Greer (Cornelia) et Toby Kebbell (Koba) ont dû apprendre, avant de pouvoir incarner leur personnage simiesque, à se déplacer et à se comporter physiquement comme des chimpanzés, de façon à rendre leur alter-ego numérique ultra réaliste à l'écran.
Ils ont été personnellement coachés pendant plusieurs semaines par Terry Notary, utilisant notamment des béquilles pour simuler la longueur des bras simiens. Greer considérait qu'elle devait se mouvoir instinctivement, et ne pas trop réfléchir à son jeu d'actrice pour entrer au mieux dans la peau du personnage.
Un nouveau coach simiesque
Terry Notary ne rempile pas dans Le Nouveau Royaume, laissant son fauteuil de spécialiste du comportement simiesque à Alain Gauthier. Tout comme Notary, ce dernier passé par le Cirque du Soleil en tant que chorégraphe.
À ses côtés, Owen Teague (Noa), Kevin Durand (Proximus César) et le reste du casting ont suivi un entraînement intensif pour se préparer à interpréter des primates. "Il nous a fait débuter avec un entraînement qu’il a dû donner aux acrobates du Cirque du Soleil. C’était un travail de théâtre physique. De plus, comme c’est un homme très scientifique, nous avons étudié les différentes espèces de singes que nous allions incarner", a expliqué Owen Teague à l'agence QMI.
"Nous avons regardé leur anatomie et leur biologie afin d’établir un format dans lequel nous allions travailler. C’est ainsi que nous avons déterminé les mouvements de nos corps. L’autre partie de notre travail a été de faire sortir ces personnages de nous, tant vocalement que physiquement. Nous sommes devenus une extension de nos personnages."
Alain Gauthier nous explique comment jouer un singe qui se déplace
De son côté, Kevin Durand met l'accent sur le défi physique que représente l'incarnation simiesque sur un tournage. "Le travail d'Alain Gauthier nous a permis, lorsque nous sommes arrivés sur le plateau de tournage, d’habiter complètement nos corps de singes. Le tournage a été extrêmement physique."
"Dès le premier jour de ce que j’appellerai 'l’école des singes', j’ai passé mon temps à m’accroupir. Les jambes des singes sont beaucoup plus courtes que celles des humains, il faut donc compenser cette différence de taille. Owen a passé son temps accroupi, j’avoue que j’ai eu un tournage plus facile car moins long que lui, qui est dans toutes les scènes", a précisé Kevin Durand.
"Mes cuisses sont devenues énormes, j’ai été obligé de changer de taille de pantalon pendant le tournage", a révélé Owen Teague. Si vous souhaitez vous exercer à l'art de l'interprétation simiesque, vous savez ce qu'il vous reste à faire ! En attendant, Le Nouveau Royaume est toujours à l'affiche dans les salles obscures.