Le 4 mai, La Menace Fantôme fêtera ses 25 ans, faisant son retour au cinéma à l'occasion du May the 4th, journée mondiale consacrée à la saga Star Wars. Pour célébrer cet anniversaire hautement symbolique, il convient de faire un retour vers le passé.
Nous sommes le 13 octobre 1999. J'ai 14 ans et je trépigne d'impatience à l'idée de découvrir mon premier Star Wars sur grand écran. Depuis tout petit, je suis fasciné par l'univers créé par George Lucas, ayant usé les VHS de la trilogie originale sur le magnétoscope familial.
L'ombre de Vador
Je me souviens avoir appris avec une joie non dissimulée la mise en chantier du projet en 1997, moi qui pensais ne jamais connaître un événement Star Wars au cinéma. Une des premières affiches du film, montrant le jeune Anakin tête baissée, avec l'ombre de Dark Vador derrière lui, m'avait procuré des frissons, un choc même.
Cet antagoniste cruel et tyrannique, qui me donnait des sueurs froides, a été jadis un enfant innocent ? "Toute saga a un commencement", scandait l'affiche, me laissant à la fois intrigué et circonspect. Dark Vador a-t-il vraiment été "gentil" autrefois ? Cette dualité me fascinait.
Par ailleurs, moi qui vouais un culte aux Jedi, j'espérais vraiment en apprendre plus sur cet ordre mystérieux, dont les origines sont finalement assez peu développées dans la trilogie originale. C'est donc avec une fébrilité certaine que je me suis rendu dans la salle de cinéma Les Méliès de ma ville natale, dans l'Isère.
Fébrilité et sabre laser
En ce 13 octobre 1999, pas de système de réservation, il fallait venir en avance sous peine de ne pas pouvoir entrer dans la salle. L'événement était important, mais dans mon cinéma, ce n'était pas non plus la grande effervescence en ce premier jour d'exploitation. Tant mieux, je détestais (et je déteste toujours) patienter dans d'interminables files d'attente.
Emerveillé je prends place dans ce sanctuaire serti fauteuils rouges, attendant fébrilement que la magie opère. Le logo de Lucasfilm apparaît et le générique déroulant se lance, magnifié par la musique opératique emblématique de l'immense John Williams. Les premiers frissons sont déjà là, l'impression de vivre un moment historique également.
"J'ai un mauvais pressentiment", souligne d'emblée un jeune Obi-Wan Kenobi, accompagné de son maître, Qui Gon Jinn. Affublés de leurs habits caractéristiques de chevaliers Jedi, les deux hommes sont en mission.
D'emblée, le charisme d'Ewan McGregor et Liam Neeson est évident ; à travers leurs interprétations et leurs présences, les personnages dégagent force tranquille et sagesse, deux vertus indispensables à tout bon chevalier Jedi. Cette première séquence continue avec un massacre de droïdes à coups de sabre laser, avec une dextérité impressionnante.
Des combats impressionnants
Cela me mène au premier point qui fait de ce Star Wars le meilleur pour moi : les combats. Plus de 20 ans après Un nouvel espoir, les joutes au sabre laser ont gagné en vitesse, intensité et dynamisme. Les chorégraphies sont visuellement impressionnantes, notamment l'affrontement dantesque entre Dark Maul, Qui Gon et Obi-Wan.
Rythmé par le morceau Duel of the Fate, composé par John Williams, ce combat est sûrement le meilleur de toute la saga Star Wars, juste derrière le duel entre Obi-Wan et Anakin à la fin de l'épisode III.
Par ailleurs, en tant qu'adolescent, les chevaliers Jedi exerçait chez moi une fascination sans bornes ; je les admirais pour leur sens de la justice et leur sagesse... et aussi pour leurs aptitudes au combat et cette parfaite maîtrise de la Force.
Un force spirituelle
Quand on a 14 ans, ils sont un exemple à suivre, aussi bien sur le plan philosophique que spirituel. Ils nous interrogent sur les notions de Bien et de Mal, notamment à travers l'exploration de la frontière entre le côté lumineux et le côté obscur. Cette dualité, qui ronge Anakin en tant qu'Avatar de l'Homme, est la source de nombreuses interrogations et remises en question.
Le cheminement d'Anakin, par la suite, a résonné en moi à travers les mots de l'auteur Nikos Kazantzakis en préambule de La Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese. Ces phrases résument, selon moi, toute la complexité du personnage d'Anakin, qui souhaitait défier la mort et in fine, devenir une divinité. Anakin serait-il le Christ ayant été tenté puis séduit par le côté obscur ?
"La double nature du Christ, l'aspiration si humaine, si surhumaine, de l'homme à atteindre Dieu, a toujours été pour moi un mystère profond et insondable. Le coeur de mon angoisse, source de toutes mes joies et mes peines depuis mon plus jeune âge, a été la lutte incessante et sans merci entre l'esprit et la chair... Mon âme est l'arène où ces deux armées se sont heurtées et combattues".
Un méchant iconique
Comment faire oublier Dark Vador, dont l'ombre plane sur le film à travers le jeune Anakin, mais qui n'est pas encore le grand méchant que l'on connaît ? George Lucas a trouvé la solution avec Dark Maul, un antagoniste absolument terrifiant ; pourvu de cornes, visage rouge et noir, le personnage est visuellement incroyable. Il dégage une attraction à la fois diabolique et captivante.
En quelques minutes de présence à l'écran, il vole la vedette aux héros, traumatisant toute une génération de spectateurs en tuant Qui Gon Jinn avant de se faire couper en deux par Obi-Wan. Quand on repense à Kylo Ren dans la postlogie, on ne peut que souffler tellement il ne fait pas le poids face à l'impact qu'a pu avoir un Dark Maul à l'époque.
Des enjeux politiques inédits
Pour la première fois dans la saga, le Sénat Galactique est mis en scène, le récit nous exposant plusieurs enjeux politiques forts, notamment à travers le personnage de la Reine Amidala. Ces derniers, faisant écho aux différents conflits ayant émaillé l'Histoire de l'Humanité, font basculer la franchise dans un paradigme plus mature et plus sombre.
Ayant découvert cette histoire à l'adolescence, je n'en avais pas saisi toutes les subtilités au premier visionnage. C'est en le revoyant de nombreuses fois que sa dimension politique m'a été révélé, faisant de cet épisode la pièce maîtresse des 6 films originaux de la saga. Je préfère éviter d'évoquer la postlogie, qui a, de mon point de vue, totalement gâché la licence.
Par ailleurs, l'ordre Jedi faisant partie intégrante des enjeux politiques, la mythologie des chevaliers était développée avec une attention toute particulière. Plus que de simples garants de la paix intergalactique, les Jedi avaient une énorme importance politique au sein de la galaxie. L'exploration de ces thèmes très terre à terre, le tout couplé à la spiritualité liée à la Force, exerçait sur moi une fascination qui continue de m'interroger aujourd'hui.
Une course de pods culte
Cependant, si La Menace Fantôme brille grâce aux Jedi, la reine Amidala, Dark Maul, Yoda ou Mace Windu, force est de constater que Jake Lloyd n'a pas le rôle le plus facile. Anakin enfant, pilote de pod surdoué et sensible à la Force, n'est encore que l'embryon du maître Jedi qu'il deviendra.
Relativement mal développé, le personnage a tout de même son heure de gloire avec la séquence de la course de pods sur Tatooine. D'une remarquable intensité, elle m'a laissé scotché à mon siège du début à la fin. Encore aujourd'hui, les effets numériques sont bluffants ! Si cette scène m'en a mis plein les yeux, il faut également souligner la beauté et la diversité des décors présents dans cet épisode.
Avant les futures séries Disney+, la mythologie Star Wars se développait sous mes yeux ébahis, quand George Lucas contrôlait encore son bébé avant sa revente à Disney en 2012. Cependant, si pour toutes ces raisons La Menace Fantôme est le meilleur Star Wars pour moi, je dois concéder une énorme erreur de la part de Lucas : la création de Jar Jar Binks, personnage le plus énervant de la saga ! Le rôle de ce dernier sera amoindri dans les suites, une excellente décision de tonton Lucas.
Si vous avez envie de revoir La Menace Fantôme sur grand écran, le film ressort donc le 4 mai ! En attendant, que la Force soit avec vous.