Dans le monde post #MeToo, où la cancel culture influence de plus en plus la société et le monde de la culture, Tár, réalisé par Todd Field et porté par une Cate Blanchett magistrale, s'impose comme une œuvre puissante et d'une rare finesse sur ce sujet délicat.
Cate Blanchett y incarne avec brio le rôle de Lydia Tár, une cheffe d'orchestre de renommée mondiale. La difficulté du sujet y est abordé avec force et mordant, exposant les retombées personnelles et professionnelles de la cancel culture.
Un portrait nuancé des dynamiques de pouvoir
Quand on fait sa connaissance au début du film, Lydia Tár est au sommet de sa carrière. Elle est surtout respectée et crainte dans le monde de la musique classique. Mais son empire commence à s'effriter lorsque les conséquences de ses actions passées refont surface.
Une ancienne élève, apprentie cheffe d'orchestre, qui évoluait sous l'aile de Lydia Tár et qui a été écartée par elle vient de se suicider. Qu'est-ce qui a poussé la jeune femme à ce geste tragique ? Lydia Tár a-t-elle dépassé les limites de l'éthique professionnelle ?
Et alors qu'elle prépare son grand projet – réaliser l'enregistrement en public de la 5e symphonie de Gustav Mahler pour Deutsche Grammophon – elle pratique le favoritisme envers une jeune violoncelliste qu'elle cherche à séduire, et au détriment de sa propre son épouse, Sharon (Nina Hoss), qui est pourtant premier violon dans son orchestre.
C'est à ce moment-là que le film explore avec une profondeur remarquable les subtilités des dynamiques de pouvoir, montrant comment elles peuvent influencer et corrompre.
La performance de Blanchett, tout en nuances, capture brillamment la complexité du sujet avec la chute progressive que connaît son personnage, prise dans un étau entre accusations graves et jugements publics. Le film présente une étude de caractère fascinante qui met en lumière les mécanismes complexes de la cancel culture.
Une réalisation et une écriture éblouissantes
Avec Tár, Todd Field ne se contente pas de peindre un tableau en noir et blanc des événements. Il choisit plutôt de plonger le spectateur dans les zones grises de la moralité. Le film interroge l'éthique professionnelle, la responsabilité personnelle et les effets parfois destructeurs du jugement médiatique et public.
La réalisation est méticuleuse, chaque plan, chaque silence chargé de sens, contribuant à construire une tension palpable. Le scénario, loin de donner des réponses faciles, invite le spectateur à sa propre réflexion sur la cancel culture.
Une claque
Alors on se lance pour dire que Tár est probablement le film le plus brillant sur la cancel culture non seulement par son interprétation exceptionnelle et sa réalisation précise, mais aussi par son approche mature et réfléchie de ce phénomène culturel complexe.
Cate Blanchett offre une performance qui restera sans doute comme l'une des plus marquantes de sa carrière, incarnant une Lydia Tár à la fois imposante, terrifiante et incroyablement humaine. Pour toutes ses failles.
Todd Field livre un film qui n'est pas juste un portrait de la chute d'une personnalité mais une résonance puissante sur les thèmes de l'autorité, du pouvoir et de sa perte. Tár est donc un incontournable, un film qui marque les esprits par son audace et son engagement à explorer des vérités inconfortables.
Tár est à présent disponible sur Netflix.