En 2020, lors d’une interview au micro du podcast Rewatchable, le réalisateur de Pulp Fiction a partagé son amour pour les films de Christopher Nolan, et notamment Dunkerque (2017). Selon le réalisateur chevronné, c’est après plusieurs visionnages du film qu’il en est venu à le classer parmi ses préférés.
“J’ai eu une expérience intéressante les premières fois. La première fois que je l’ai vu, je ne sais pas à quoi je pensais. J’ai juste regardé le spectacle. Je ne pouvais voir rien d’autre que le spectacle. J’ai aimé le film, mais le spectacle m’a presque engourdi par l’expérience.”
Son premier visionnage à Los Angeles, lors d’une séance réservée aux réalisateurs, ne l’avait donc pas entièrement convaincu : “Je ne pense pas avoir ressenti quoi que ce soit d’émotionnel. J’en ai été impressionné. Mais je ne savais pas par quoi j’étais impressionné…”
Puis, comme le rappelle FranceInfo, est venu un deuxième visionnage qui, cette fois, l’a beaucoup plus enthousiasmé pour la simple et bonne raison qu’il l’a vu à Londres, appréciant particulièrement le fait que les Britanniques étaient fiers du film. “Ils étaient fiers d’un film britannique sur un événement de l’histoire britannique. C’était une des sensations les plus agréables que j’ai eues en allant voir un film depuis un bail. [...] J’avais le sentiment que tout le monde regardait ce film ensemble dans la salle. C’était quelque chose de voir Dunkerque à Londres, ça a fait pencher la balance pour moi. Mais même là, pour ce second visionnage, je restais enfermé dans le spectacle. Je n’arrivais pas à aller au-delà du spectacle.”
Jamais deux sans trois
La troisième fois sera finalement la bonne : “Ce n’est que la troisième fois que j’ai pu voir au-delà du spectacle et m’intéresser aux gens dont on raconte l’histoire. J’ai pu enfin voir la forêt derrière les arbres. [...] Dunkerque est un film qui récompense l’effort de le revoir.”
Pour Quentin Tarantino, les raisons pour lesquelles Christopher Nolan aurait fait ce film de guerre diffèreraient de celles d’autres réalisateurs ayant réalisé des films sur des grandes batailles avant lui : Dunkerque n’est pas une leçon d’histoire, “même s’il y a une leçon d’histoire à en tirer.” C’est en tout cas son sentiment.
“Il a mis en boîte un film et il finit par nous raconter l’histoire de Dunkerque. Mais c’est quelque chose de secondaire par rapport à l’expérience sensorielle de regarder Dunkerque”, a-t-il précisé.
Et l’un des atouts du film selon Tarantino est son aspect “idéalisé” même dans la défaite : “Les Britanniques romancent leurs défaites de la même manière que d’autres pays romancent leurs triomphes. [...] Et c’est une des qualités du film finalement.”
Bien qu’il n’ait pas trouvé le film émouvant et déchirant, il a été étonné par la façon dont Nolan a réalisé certains plans, dont celui que Tarantino considère comme l’un des meilleurs plans de tous les films de guerre : la scène d’ouverture du film, tournée à Malo-les-Bains, où le personnage de Tommy (Fionn Whitehead) est au sol, la tête dans le sable, et se bouche les oreilles alors que les bombes explosent en arrière-plan, une scène qu’il décrit comme “peut-être la meilleure scène de l’histoire des films de guerre... BOUM ! BOUM ! BOUM ! BOUM !”. Voilà qui est dit.
Il ajoute : “Ce qui est intéressant dans le film, c’est que les gamins ne sont pas spécialement héroïques. Tom Hardy est héroïque. Mais les gamins, non. Les gamins essaient seulement de survivre”, a-t-il ajouté. Un autre point fort du film.
Nolan, le virtuose
Pour Tarantino, Dunkerque est ainsi immédiatement passé de la septième place à la seconde place sur la liste de ses films préférés (des années 2010). Outre le plan d’ouverture, le réalisateur a également mentionné quelques autres scènes, notamment celle du basculement des navires, comme étant de superbes plans du film.
“L’un des trucs avec [Christopher Nolan], c’est que s’il peut faire quelque chose dans la vraie vie, il va le faire. Il a quatre ou cinq superbes plans. D’un artiste, d'un grand réalisateur. Quand les navires chavirent et que l’eau s’infiltre, les angles étranges qui montrent le navire en train de chavirer. Il fait ça tout le temps le long du film. Il en fait une expérience artistique.”
Il a également salué la virtuosité de Nolan qui a réussi à exceller dans des différents genres, des films de super-héros à la science-fiction en passant par les drames de guerre historiques. Cela dit, pour lui, Dunkerque était, à l’époque en tout cas, “le sommet de la montagne”, à savoir son meilleur film jusqu’alors. “Il aborde ce film comme un grand cinéaste, il aborde un grand sujet et amène Warner Bros. avec lui, de la même manière que Stanley Kubrick aurait amené Warner Bros. avec lui.”
Sorti en 2017, Dunkerque, qui raconte le récit de la fameuse évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940, avait remporté 526 millions de dollars au box office mondial, faisant de lui le film sur la Seconde Guerre mondiale le plus rentable jusqu’à ce qu’il soit dépassé par Oppenheimer l’an dernier.
Dunkerque a été loué pour son scénario, sa réalisation, son montage, sa musique, sa conception sonore et sa cinématographie si bien que le long métrage a été récompensé de trois oscars : ceux du meilleur montage cinématographique, du meilleur montage sonore, et du meilleur mixage sonore.
Dunkerque est actuellement à revoir en VOD.
Découvrez l’interview de Quentin Tarantino dans son intégralité ci-dessous :