Depuis son lancement, La Fièvre nous plonge au cœur d'une agence de communication et de gestion de crise. Sam, jouée par Nina Meurisse, doit gérer la crise au cœur du club de football le Racing, après que Fodé Thiam (Alassane Diong) a asséné un coup de tête à son entraîneur en le traitant de "sale toubab" lors d'une cérémonie de remises de trophées.
L'incident est récupéré par Marie Kinsky, jouée par Ana Girardot, son ancienne meilleure amie qui cartonne dans un seule-en-scène populiste où elle attise les tensions au point de créer une vraie fracture au sein du pays. Les deux femmes se livrent à distance un combat sans merci où l'opinion publique est au cœur des enjeux.
Pour comprendre comment fonctionne une agence de communication et de gestion de crise, AlloCiné a échangé avec l'un de ses experts, Florian Silnicki, président fondateur de l'agence LaFrenchCom.
C'est quoi une agence de communication de crise ?
Notre mission consiste à réduire les risques réputationnels auxquels sont exposés les dirigeants, les entreprises et les institutions, à accompagner leurs réflexions et à renforcer leurs positions stratégiques.
Nous avons géré des situations où des photos compromettantes, des déclarations controversées ou des interactions négatives sur les réseaux sociaux auraient pu gravement nuire à la réputation d'un client.
Quand un dirigeant public s'emporte en réagissant à chaud, quand un joueur de football a pris publiquement une position maladroite qu'il regrette, quand un entrepreneur est condamné au pénal alors qu'il était en train de lever des fonds, etc...
Dans tous ces cas du quotidien, nous sommes les urgentistes des réputations. Nous sommes spécialisés dans l'art délicat de sauver des images publiques qui peuvent vite se retrouver au bord du précipice.
Notre travail ? Opérer avec la plus grande précision possible, dans l'urgence, suturer les brèches de confiance et réanimer la relation entre mes clients et leur public.
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C'est vrai cette règle des 72h où il faut garder le silence le temps que le bad buzz s'éteigne ?
La règle des 72h est un mythe. Cela faisait initialement référence au cycle de l'information. Ils sont d'ailleurs aujourd'hui beaucoup plus courts. Attendre en silence peut être aussi dangereux qu'ignorer une fuite de gaz. Nous agissons vite, car dans l'ère numérique, le temps n'est pas seulement de l'argent, c'est de la réputation.
Vous faites de la veille médiatique en surveillant tout ce qui se dit en direct sur les réseaux sociaux ?
Nous avons effectivement une veille médiatique et numérique en temps réel. Nous sommes ainsi alertés immédiatement de toute mention du nom ou des marques de nos clients. Nos écrans sont les radars qui scrutent les tempêtes sociales à l'horizon. Ils nous permettent de détecter les signaux faibles avant qu'ils ne se transforment en ouragans médiatiques.
Est-ce que vous influencez l'opinion publique avec des bots et des faux comptes ?
Concernant les faux comptes, notre éthique est notre première boussole. Nous sommes d'ailleurs la première agence de communication de crise de France à nous être dotés d'un comité d'éthique qui est présidé par Laetitia Boidin, avocate au barreau de Paris.
Plutôt que de créer des illusions éphémères et dangereuses que nous combattons et dont nos clients sont victimes, nous préférons toujours engager un dialogue authentique avec les parties prenantes, construire des ponts de compréhension et restaurer la confiance sur des fondations solides avec les publics de nos clients.
Nous sommes d'ailleurs quotidiennement appelés pour lutter contre les faux comptes qui diffusent des fake news, des images volées, etc...
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Est-ce que ces crises prennent forcément une dimension politique comme dans la série ?
Toute crise a une dimension politique, car elle touche à la perception publique. Notre rôle est de naviguer dans ces eaux troubles avec intégrité, sans jamais laisser la politique compromettre la vérité subjective de nos clients.
Nous sommes souvent appelés à travailler avec des entités gouvernementales et étatiques. Dans ces cas, notre objectif reste le même : protéger et restaurer l'intégrité de la communication, peu importe le client.
Vous êtes déjà intervenu dans le monde du football ?
Oui et dans le monde du football pour lequel nous intervenons, l'image est presque aussi importante que le talent. Une réputation (de manière globale, dans la presse traditionnelle comme sur internet) maîtrisée peut ouvrir les portes des plus grands clubs et attirer des sponsors de prestige.
À l'inverse, une réputation en ligne négligée peut fermer ces mêmes portes et tarir les sources de revenus.
La réputation en ligne est le reflet numérique de la marque personnelle du joueur ; elle doit être impeccable.
Des prises de position imprudentes, des images de soirée inassumables, etc... internet a une mémoire qu'il s'agit de maitriser pour ne retenir que les meilleurs souvenirs.
Les footballeurs, comme tous nos clients, vivent dans un monde où chaque tweet, chaque post Instagram et chaque déclaration peuvent façonner ou démolir la carrière d'un joueur. Bienvenue dans mon quotidien, où la ligne entre le public et le privé est plus floue que jamais, surtout pour ceux sous les projecteurs.
C'est vrai lors d'un plan social entrainant des licenciements comme dans le cas d'une fusion acquisition.
À quoi ressemble une journée type dans une telle situation ?
La journée commence avec une veille permanente en temps réels des réseaux sociaux et des principaux sites d'information. Je cherche des signaux faibles, des signes de tempête numérique pouvant affecter l'un de nos clients.
Par exemple, l'un des jeunes espoirs du football les plus cotés a été photographié sortant d'un établissement peu recommandable. Nous devons éteindre ce début d'incendie et protéger sa vie privée en luttant contre la propagation de cette photo.
On enchaine avec la gestion d'une cellule de crise d'un club préoccupé par le comportement en ligne de l'un de ses joueurs vedettes puis avec un avocat inquiet d'une potentielle condamnation pénale. Dans l'univers impitoyable du football professionnel, une simple erreur peut se transformer en handicap majeur.
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Vous pouvez nous donner quelques exemples concrets ?
Petite précision essentielle pour nous, LaFrenchCom, en tant qu’agence de communication de crise, applique une politique stricte concernant la confidentialité de ses missions et le strict respect des accords de non-divulgation (NDA) signés avec ses clients.
En raison de ces engagements professionnels et contractuels assortis de clause pénale avec nos clients, nous ne sommes pas en mesure de confirmer ou de commenter notre collaboration avec des clients spécifiques.
Et sans donner de noms ?
Voici quelques exemples inspirés de situations réelles, sans mentionner de noms spécifiques, qui dépeignent le spectre des risques auxquels sont exposés les footballeurs :
Un joueur expérimenté, habituellement respecté pour son professionnalisme, publie des commentaires impulsifs sur une plateforme sociale, critiquant ouvertement les décisions de l'arbitre suite à un match tendu.
Rapidement, ces commentaires sont repris et amplifiés, suscitant une vague de réactions négatives. La gestion de cette crise implique des excuses publiques, une clarification de ses propos et, potentiellement, une action disciplinaire du club ou de la ligue, soulignant l'importance de la réflexion avant de publier.
La Fièvre sur Canal+ : de qui s'inspire le personnage de Marie Kinsky, joué par Ana Girardot ?Un joueur se retrouve impliqué dans une altercation lors d'une sortie en ville, capturée par des caméras de surveillance ou des smartphones. Les images se répandent rapidement, jetant une ombre sur son jugement et sa conduite.
La résolution de cette crise peut impliquer des excuses publiques, des engagements en faveur de programmes de sensibilisation au comportement, et une période de travail communautaire, montrant une volonté de rédemption et de croissance personnelle.
Ces exemples montrent que, dans l'ère numérique, les actions et déclarations des footballeurs peuvent rapidement se transformer en crises médiatiques. La gestion proactive de la communication et de ses enjeux sensibles et une réponse rapide et réfléchie aux crises sont essentielles pour minimiser les dommages et, idéalement, transformer les défis en opportunités de renforcer le lien avec les fans et les sponsors.
Retrouvez le dernier épisode de La Fièvre à 21h10 sur Canal+
