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    Vous aimez Little Miss Sunshine ? Nous, Les Leroy, cette comédie avec Charlotte Gainsbourg et José Garcia va vous faire rire et vous émouvoir
    Mathilde Fontaine
    Mathilde Fontaine
    -Rédactrice ciné-séries
    Celle qui est fan de Friends et pourrait bosser chez Dunder Mifflin. Ne loupe jamais une séance ciné, rêve de vivre dans un film de Sautet, de faire une choré avec les fréros Vega (ceux de Tarantino) et d'aller à une Boum avec Vic ! ("Et là, normalement, il me faut une citation latine...")

    C’est son premier film, et il s’inscrit comme la comédie incontournable du printemps. Au cinéma, Nous, les Leroy, de Florent Bernard, fait se côtoyer l’intime à l’universel et nous fait passer du rire aux larmes. Rencontre avec son réalisateur.

    Nous, les Leroy
    Nous, les Leroy
    Sortie : 10 avril 2024 | 1h 43min
    De Florent Bernard
    Avec Charlotte Gainsbourg, José Garcia, Lily Aubry
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    3,5
    louer ou acheter

    AlloCiné : Est-ce que Nous, Les Leroy est basé sur ton histoire personnelle ?

    Florent Bernard : Je mets toujours beaucoup de moi dans mes projets. Et là, j'avais à cœur de faire ce film car j’y parle de mes parents. Mais il y a un petit mélange entre biographie et fiction, et il y a un peu de moi dans tous les rôles.

    Comme le personnage de José Garcia, je peux avoir ce truc d'essayer de faire des surprises et d’être vraiment de mauvaise humeur lorsque ça foire, de vouloir que la vie soit une fête, dans celui de Lily Aubry, ce côté vouloir se faire remarquer au collège ou au lycée. Puis Hadrien Heaulmé, j'avais à peu près l'âge de son personnage quand mes parents ont commencé à penser à se séparer…

    Mais au-delà du film personnel, je tenais vraiment à faire un long-métrage de cinéma, où chacun puisse se retrouver.

    C'est une déclaration d'amour à la famille comme moi je l'ai vécu.

    On connaît beaucoup de road-movies, encore plus de comédies sur la famille. Qu’est-ce que qui t’importait de raconter, de transmettre dans la tienne ?

    Le road trip pour reconstruire une famille est presque un genre en soi. Il y a Little Miss Sunshine, Vive les vacances ou même On sourit pour la photo, en France, qui est sorti pendant que l’on développait le film.

    Moi ce qui m’importait, c’était de parler de la famille de la manière dont je voulais l’aborder. C'est-à-dire avec ses failles, le fait que l’on traverse des échecs. C'est une déclaration d'amour à la famille comme moi je l'ai vécu.

    Je pense aussi que les films peuvent aider à se construire en tant qu'adulte et j'ai essayé de faire un film que j'aurais aimé voir à 17 ans. Et puis je voulais faire preuve de sensibilité tout en insufflant de la drôlerie, car ce qui est cool quand tu prends un ticket de cinéma, c'est de traverser plusieurs émotions, de ressortir en ayant eu l’impression d’avoir réellement ressenti des choses.

    Nolita

    Il y a effectivement beaucoup de rires dans les salles, mais aussi de vrais moments d’émotion avec des spectateurs qui ressortent les larmes aux yeux. Comment as-tu réussi à créer se mariage, maintenir ce bon dosage pourtant complexe ?

    J’ai souvent en tête Funny People qui est un de mes films préférés, comme ceux de James L. Brooks, Mike Nichols, Patrice Leconte. Ce sont des gens qui ont fait des films que je trouve exceptionnellement drôles et qui à la fin nous touchent. C’est parce qu’ils parlent de vrais gens.

    Il y a aussi le fait que lorsque tu ris en tant que spectateur, tu donnes ta confiance, tu te dévoiles. Donc si tu arrives à créer du rire dans le public, tu peux encore plus créer de l’émotion derrière. Puis quand tu es très ému et que d'un coup il y a une blague, tu vas rire plus fort, et inversement.

    Il n'y a pas un comédien dans ce film dont je ne suis pas fan absolu.

    Tu parles de tes films et réalisateurs préférés. Justement, avais-tu des références en tête durant l’écriture puis le tournage, des sources d’inspiration ?

    Il y a six lignes de remerciements au générique pour tous les metteurs en scène qui m'ont inspiré, jusqu’aux créateurs des Simpson car il y a toujours des Simpson dans ce que je fais. Je suis un dingue de comédies.

    On me cite parfois Le Premier Jour du reste de ta vie, et cela me touche car c'est un film que j'adore par exemple, mais il y a aussi beaucoup du cinéma de Patrice Leconte dans le côté road-trip et le mélange de comédie et d'émotion.

    Je ne compare absolument pas le talent à chaque fois, mais dans les influences il y a évidemment Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri pour le côté vérité sur les personnages, sur les situations et sur l'amour du dialogue et des acteurs.

    Il n'y a pas un comédien dans ce film dont je ne suis pas fan absolu, que j’admire. Que ce soit ma bande de potes que je connais depuis longtemps, Hadrien Heaulme et Lily Aubry qui jouent les enfants et sont de vraies révélations, Charlotte Gainsbourg et José Garcia ou Luis Rego que j’admire tant.

    Je compare beaucoup José Garcia à Adam Sandler.

    Tu savais déjà que tu voulais réunir Charlotte Gainsbourg et José Garcia à l’écran pour former le couple Leroy ?

    Pour Charlotte Gainsbourg, c'est même plus dingue que ça. J’avais dit à mes producteurs : “Bon, pour jouer la mère, il faudrait une actrice genre Charlotte Gainsbourg”, mais pour moi elle était inatteignable. C’est fou car elle est attachée au projet depuis le début alors que c'est un premier film, ça met du temps à se lancer.

    Et puis c'est la première fois qu’elle tourne un premier film avec quelqu’un qu’elle ne connaît pas. Surtout que quand je lui ai proposé, j'avais 29 ans.

    José Garcia est arrivé plus tard dans le projet. C’est un comédien incroyable, je le compare beaucoup à Adam Sandler. Il est capable de mettre des fausses dents, des perruques, de jouer un truc avec un accent, d’y aller à fond. Et dès qu'il enlève tout ça et qu’il joue premier degré, il nous touche énormément.

    Son personnage fait des mauvais choix et il peut être assez antipathique à certains moments, mais grâce à ce que dégage José naturellement, tu lui pardonnes tout. Tu acceptes de le suivre, là où avec plein d'autres acteurs tu n’aurais pas envie de le rattraper.

    Nolita

    On a tendance à associer Charlotte Gainsbourg à des drames, des films d’auteur comme Lars von Trier, pourquoi la voir en haut de l’affiche d’une comédie était une évidence à tes yeux ?

    Elle a tourné sous la plume et avec les gens les plus marquants de l'histoire de la comédie française : Bertrand Blier dans Merci la vie, Danièle Thompson dans La Bûche, Eric Lartigau et Alain Chabat dans Prête-moi ta main.

    Et ce qui est génial avec Charlotte, ce qui est magique, c'est qu'elle ne croit pas qu'elle est drôle alors qu’elle l’est énormément. Et ça, c'est un cadeau. C’est le décalage qu’elle apporte aussi, elle dit le truc naturellement, et tout de suite ça fonctionne.

    Le film se déroule en Bourgogne où l’on voit des maisons de banlieue, des aires d’autoroute et des parkings de station essence. Pourquoi avoir choisi ce cadre ?

    On a beaucoup tourné dans les endroits où j’ai passé mon enfance et mon adolescence, comme mon collège ou mon lycée. Le film se termine là où j'ai grandi et on a beaucoup tourné à Dijon qui est une ville où j'ai beaucoup traîné, où tous mes potes du lycée ont étudié et chez qui j’allais tous les week-ends. Les Bourguignons reconnaîtront le Smart qui est un vrai resto de Dijon.

    C’était important pour moi parce que je me suis dit que c'était mon premier film et ce sera peut-être le seul : je voulais mettre tout ce que j'aime et ce que j'ai vécu dedans. Je voulais filmer où j’ai grandi, mais version cinoche, prendre une mise en scène un peu pop, plus américaine que dans les comédies françaises dites sociétales, oser les lumières qui pètent, les mouvements de caméra…

    Ce qui est génial avec Charlotte Gainsbourg, c'est qu'elle ne croit pas qu'elle est drôle alors qu’elle l’est énormément.

    Tu dis que ce premier film sera peut-être le seul, mais est-ce que tu aimerais en réaliser d’autres ?

    J'adore écrire pour les autres. J’ai fait Vermines récemment, j'avais travaillé sur La Flamme… Ce sont des projets qui me sont chers et qui me sont très personnels même si je ne suis pas metteur en scène.

    Après, c'est vrai que là c'est un peu comme une addiction. C'est à dire que lorsque tu goûtes à ça, surtout quand ça se passe aussi bien, tu n’as pas du tout envie d’arrêter.

    Grand Prix au festival de l'Alpe d'Huez, Nous, les Leroy est actuellement et en exclusivité au cinéma.

    *Propos recueillis par Mathilde Fontaine au Festival de l’Alpe d’Huez, en janvier 2024.

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