Au lendemain de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, France 2 diffuse ce soir Tu ne tueras point, un film coup de poing qui met en lumière les difficultés et le manque cruel de soutien que les familles des personnes atteintes de handicap rencontrent.
Réalisé par Leslie Gwinner et porté par Samuel Le Bihan et Natacha Régnier, le film suit l’histoire de Simon Marchand, un avocat pénaliste sur le déclin qui se retrouve à défendre Elsa Sainthier, une femme mise en examen pour avoir tué sa fille atteinte de polyhandicap et de troubles autistiques sévères.
Sans autres perspectives pour sa fille que des structures d’accueil faites pour les troubles psychiques des adultes, Elsa a en effet pris la plus dure des décisions, celle de mettre fin à ses immenses et irrémédiables souffrances. Bien que rongée par la douleur, Elsa n'attend rien de ce procès et encore moins d’être comprise, plainte ou excusée.
Pendant 90 minutes, Tu ne tueras point ne cherche jamais à se montrer complaisant envers les actions d’Elsa mais plutôt à explorer les motivations complexes de cet acte désespéré afin de faire évoluer le regard de la société sur le handicap.
Criant de vérité, on se demande forcément si le film est inspiré d’une histoire vraie…
Une idée originale de Samuel Le Bihan
L’idée originale de ce film vient de Samuel Le Bihan lui-même, lequel est papa d’une enfant autiste.
"Je ne tenais pas nécessairement à aborder l’autisme. Étant donné ma vie personnelle, j’ai rencontré beaucoup de personnes qui vivent des moments extrêmes dans une grande solitude. J’ai été très marqué par l'épuisement et l’abandon auxquels ils font face", a expliqué le comédien dans un communiqué de presse de France Télévisions
Et de poursuivre, " Je suis tombé sur des articles de presse de ces tragédies qui arrivent environ une fois tous les dix ans, des mères épuisées qui, ne voyant plus d’autre solution face à la souffrance de leur enfant, prennent la décision de mettre fin à ses jours. Cette question n’est jamais abordée, je voulais interroger la place du handicap dans notre société, tout ce qu’implique une décision aussi lourde et désespérée".
Le film est inspiré de plusieurs histoires vraies
Si l’idée originale de Tu ne tueras point vient donc de Samuel Le Bihan, l’histoire d’Elsa Sainthier est en revanche un mélange de plusieurs histoires vraies. C’est dans les colonnes du magazine Télé Star paru en kiosque la semaine dernière que le comédien a d’ailleurs révélé les dessous de la création de ce film.
"C’est un mélange de plein d’histoires. L’une d’entre elle m’a marqué au départ. La mère avait été défendue par Eric Dupond-Moretti . Elle avait tenté de se suicider ensuite. C’est une chose qui arrive tous les dix ans.", raconte-t-il.
L'affaire dont il est question est celle de Laurence Nait Kaoudjt, une mère de famille jugée coupable d'avoir tué sa fille de 8 ans lourdement handicapée. Le 22 août 2010, celle-ci avait en effet fait le choix de mettre fin au calvaire de sa fille en lui faisant absorber des somnifères avant de l'étrangler. Elle avait ensuite tenté de mettre fin à ses jours.
Avec ce film, Samuel Le Bihan vise donc à tirer la sonnette d’alarme face à ces situations tragiques.
Il explique : "Tu ne tueras point est militant car il pose la question de la solitude des parents. De gros efforts ont été faits sur le dépistage, l’accompagnement des enfants à l’école… Mais faute de prise en charge, des gens sacrifient encore leurs vies pour leur enfant handicapé, souvent les femmes d’ailleurs. Beaucoup de couples explosent. Les pères abandonnent, les mères sacrifient leur carrière, leur vie personnelle, intime, amoureuse pour s’occuper de leur gosse. On est dans une mission de service public. J’aimerais qu’on avance sur le chemin de la place du handicap dans nos sociétés ultra-compétitives".