De quoi ça parle ?
Charlie, 20 ans, étudiante revient dans la ferme familiale en Virginie pour aider sa mère qui est souffrante. Elles ont une vision différente de la vie : Charlie étudie la finance tandis que Laura gère un élevage de poules. Après une longue absence, Solange, la mère de Laura, grand-mère de Charlie, débarque à la ferme… Elle est française, féministe et excentrique. Solange a quitté l'Amérique alors que sa fille était encore une enfant et elles ne se sont jamais beaucoup revues. Ces trois femmes, que rien ne semble rapprocher, réussiront-elles à vivre ensemble ?
Quelques mois après Bernadette (biopic fantasque sur Bernardette Chirac), Catherine Deneuve est la tête d'affiche d'un film très différent : Au fil des saisons, long métrage né de l'imagination d'un tandem de jeunes cinéastes franco-américains, Hanna Ladoul et Marco La Via, que l'on avait découvert en 2018, au Festival de Cannes, avec une petite pépite. Le film s'appelait Nous, les coyotes et était une vraie proposition de cinéma : un road-movie à petit budget, avec une belle énergie.
Avec ce second long métrage franco-américain, on retrouve le charme déjà contenu dans ce premier long, et une attention aux détails, qu'il s'agisse de la direction artistique, des intentions de scénario ou du jeu des acteurs. On retrouve aussi au casting l'héroïne du film, l'attachante Morgan Saylor, remarquée dans la série Homeland.
Un huis clos en quatre saisons
Nous les coyotes et Au fil des saisons s'opposent en revanche sur d'autres aspects : l'idée de faire un huis clos, et qui s'étendrait sur une année entière (et non juste une journée comme le précédent).
La vraie curiosité de ce film est Catherine Deneuve qui joue donc en anglais. C'est "un personnage d’outsider qui arrive dans un environnement américain où elle n’est pas du tout attendue", indique Hanna Ladoul, coréalisatrice et coscénariste.
On la découvre dans un rôle assez éloignée de l'image qu'on pourrait avoir d'elle. "On ne l’imagine pas spontanément dans un tel rôle. (...) Le personnage de Solange lui a vraiment plu, une baroudeuse pourvue d’une grande répartie, que rien ne semble affecter mais qui a au fond un très grand cœur. Mais elle a aussi beaucoup apprécié le fait que le film se déroule à la campagne."
Et d'ajouter : "La première fois qu’on l’a vue, elle nous a dit que tout le monde la voyait comme une bourgeoise très citadine alors qu’elle adore les animaux et la nature. Et elle nous a alors montré ses mains comme preuve en disant : « Regardez, j’ai des mains de jardinière ! ». Sur le tournage, c’était elle la plus à l’aise avec les poules — et la plus expérimentée !"
Une fable hors du temps
Au cœur du film se joue la question de la filiation, des liens que l'on entretient avec ses aînés, ou autrement dit "un conte de femmes". Le tandem de réalisateurs voulait "faire un conte, une fable avec un côté hors du temps". "On avait aussi le désir de revisiter une forme de classicisme du cinéma américain, avec des lumières très travaillées, une mise en scène où les choses sont davantage contenues", résume Marco La Via.
"Il y a aussi cette thématique de l’abandon qui se renouvelle de mère en fille. Quelque chose est cassé dans cette relation intergénérationnelle et le fait de se retrouver toutes les trois cette année-là va permettre une possible réparation de ce schéma familial qui se répétait", complète Hanna Ladoul.
Martin Scorsese à la production !
Autre particularité de ce film, il est coproduit par un illustre américain, Martin Scorsese ! "Notre productrice (Mélita Toscan du Plantier) lui a envoyé le scénario, qu’il a beaucoup aimé. On s’est d’abord demandé ce qui l’avait séduit, car notre film semble assez éloigné de son univers. Et en fait on a découvert plus tard qu’il était fasciné par les rapports mère-fille. Il a été très impliqué dans le processus créatif et nous lui en sommes reconnaissants".
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Au fil des saisons sort au cinéma ce mercredi 21 février 2024.