Pour découvrir le cinéma de Steven Spielberg, il n'y a pas de mauvaise façon de débuter, mais il y en a des meilleures que d'autres et je vous conseille cette semaine de commencer par Les Dents de la mer ! Pourquoi lui ? Pourquoi pas Jurassic Park ? Voilà la réponse !
Le scénario est très simple : un grand requin blanc attaque une plage et les autorités doivent réagir, sauf que deux visions s'affrontent sur ce qu'il convient de faire.
Mais Les Dents de la mer n'est un film de requin qu'en surface, si j'ose dire, puisque la première partie s'intéresse plutôt à la façon dont la communauté de la petite ville d'Amity, les autorités veulent chasser la bête et fermer les plages, là où la municipalité cherche plutôt à garder les plages ouvertes pour faire rentrer de l'argent dans la commune. Un propos assez grinçant qui n'empêchera pas le film de devenir un immense succès.
D'ailleurs Tarantino trouve que c'est le meilleur film de tous les temps !
La seconde partie est consacrée à Quint (Robert Shaw), Brody (Roy Scheider) et Hooper (Richard Dreyfuss), des personnes que tout oppose, qui vont partir à la chasse au requin dans un huis clos génial à bord du bateau qui rappelle celui de Rio Bravo de Howard Hawks avec ses héros qui attendent une menace.
Un film d'un amoureux du cinéma
C'est un film bourré de clins d'oeil de Spielberg aux cinéastes qu'il aime. Le jeune réalisateur utilise à plusieurs reprises l'effet Vertigo, l'effet d'une caméra qui recule tout en zoomant, ce qui donne à l'image un personnage écrasé dans un décor qui a l'air un peu fantasmé, technique qu'il emprunte à Alfred Hitchcock.
Si Les Dents de la mer vous plait, il peut vous conduire à découvrir le premier (télé)film de Spielberg, Duel, qui présente lui aussi un danger qu'on ne voit pas et qui menace un monsieur Tout-le-monde. Dans "Jaws", il s'agit de toute une plage, et dans le cas de Duel, la menace pèse sur un automobiliste.
La musique de Jaws est signée John Williams, qui avait déjà travaillé avec Spielberg sur Sugarland Express et qui signe une composition au basson et violoncelle qui devient immédiatement culte. Williams deviendra à partir de là le compositeur attitré du réalisateur qui sublimera ses images, comme Bernard Herrmann l'avait été pour Alfred Hitchcock.
Spielberg apprend à la dure
Dans Les Dents de la mer, on retrouve le sens du spectacle du Spielberg, qui atteindra son pic dans la saga Indiana Jones quelques années plus tard, tout comme avec Les Dents de la mer, les difficultés posées par le requin mécanique dans l'eau le conduiront à faire autrement avec d'autres créatures pour E.T. l'extraterrestre (1982) et carrément à passer aux ordinateurs avec Jurassic Park (1993).
On retrouve aussi le thème du père absent (ici Brody, qui fait dire à ses enfants qu'il "part à la pêche" alors qu'il va risquer sa vie pour tuer un requin), une figure que l'on retrouvera à travers toute son œuvre et qui fait des Dents de la mer un parfait marchepied vers la compréhension de l'entièreté de son cinéma.