De quoi ça parle ?
Dans un contexte d'injustice croissante et d'embourgeoisement, un jeune garçon trouve sa place dans le dernier endroit encore disponible pour les habitants les plus défavorisés de Londres.
The Kitchen, un film écrit par Daniel Kaluuya et Joe Murtagh, réalisé par Kibwe Tavares et Daniel Kaluuya avec Kane Robinson, Jedaiah Bannerman, Hope Ikpoku Jr…
Une ambiance à la Black Mirror
Dans un Londres dystopique où le fossé entre riches et pauvres a été poussé à l’extrême, les logements sociaux ont tout simplement été éradiqués. Mais une petite communauté, appelée "The Kitchen", refuse de quitter la zone qu’elle occupe. Ce n’est ni plus ni moins qu’une zone délabrée d’anciens logements sociaux enchevêtrés dont les fiers résidents vivent dans la pauvreté sous la surveillance incessante – et les raids – du gouvernement.
Avec The Kitchen, pour son premier passage derrière la caméra, Daniel Kaluuya, acteur révélé par Get Out puis Black Panther, s’attaque à une fable sociale qui, avec son univers dystopique, prend des contours de Black Mirror. Un univers auquel il n'est pas étranger puisqu'il a lui-même joué dans la série de Charlie Brooker, dans l'épisode 2 de la saison 2, "Quinze Millions de mérites".
Il choisit un Londres futuriste, mais pas si lointain, puisque l’action se déroule durant les années 2040. On y trouve des immeubles d'habitation rutilants qui offrent une vie d'isolement, totalement aseptisée, à ceux qui peuvent se le permettre. Ceux qui ne le peuvent pas ont "The Kitchen".
Izi (Kane Robinson, de Top Boy) en a assez des descentes de police et des pénuries d'eau. Il a jeté son dévolu sur un appartement d'une chambre dans le quartier chic de Buena Vida. Alors qu'il pense être (presque) sorti de The Kitchen, quelque chose le retient : le jeune Benji (Jedaiah Bannerman), l'enfant d'une ancienne petite amie qui, ayant perdu sa mère, risque d'être entraîné dans la violente insurrection que Staples (Hope Ikpoku Jr.), un habitant de la ville, mène contre les autorités.
C'est un peu de son parcours personnel que Daniel Kaluuya raconte dans ce film, l'élément dystopique en plus. Il a grandi à Camden dans le quartier de Kentish Town, avec sa mère ougandaise, qui travaille dans une école spécialisée, et sa sœur aînée. Il est resté dans sa propriété pendant de nombreuses années, même après avoir connu le succès. Il y avait son propre petit appartement, et il partait faire du théâtre, parfois pendant des mois, puis revenait.
Mais au bout d'un certain temps, il s'est rendu compte que cela ne fonctionnait plus. Ses amis lui ont dit qu'il ne devait pas rester, que les choses avaient changé et que les gens s'en allaient, que d'autres venaient s'installer. Peu à peu, il s'est rendu compte qu'il devait partir lui aussi. Dans son film, Izi lui aussi est pris entre deux feux : l'envie de partir (de "quitter ce trou à rats" comme il dit) et celle de rester, malgré tout...
The Kitchen est actuellement disponible sur Netflix