Un scénario bien ficelé et instructif
Comme l'indique son titre, Les Chambres Rouges nous embarque dans l'univers du web clandestin où sont diffusés en direct de véritables scènes de tortures commises sur une ou plusieurs personnes. C'est ce dont est accusé le Montréalais Ludovic Chevalier, soumis à un procès ultramédiatisé. Deux jeunes femmes obsédées par cet homme s'engagent alors à retrouver la vidéo manquante de l'un de ses meurtres pour le confondre.
Entrecoupée d'audiences au tribunal, le film réalisé par Pascal Plante, se déroule comme une enquête menée par deux personnalités à l'opinion biaisée. Avec subtilité, le récit interpelle sur l'existence bien réelle et dérangeante des "snuff movie" et dénonce la terrifiante facilité avec laquelle on peut avoir accès à ce type de contenus via Internet.
Présenté sous le point de vue des "killers groupies", Les Chambres Rouges évoque plusieurs facettes sinistres de l'âme humaine. Par ce biais, il met en exergue la curiosité morbide qui anime l'être humain, ainsi que cette fascination troublante que nous inspire les tueurs en série.
Un casting féminin impeccable
Centré autour d'un homme accusé de meurtres, le film n'en demeure pas moins porté par ses deux protagonistes féminines, Kelly-Anne et Clémentine, réunies autour de leur passion malsaine pour cette affaire.
Juliette Gariépy et Laurie Fortin-Babin, interprètes de ces jeune femmes complexes, nous livrent deux performances aussi efficaces que différentes. Personnage taciturne et instable, Kelly-Anne est brillamment jouée par Juliette Gariépy qui s'est d'ailleurs distinguée comme étant la "meilleure actrice" au Festival du film Fantasia.
Archétype de la groupie engagée, convaincue de l'innocence du tueur sans le connaître et amatrice des théories du complots, le personnage de Clémentine vient contrebalancer le caractère très discret de sa partenaire, et permet ainsi à Laurie Fortin-Babin de laisser éclore tout son talent.
Le cinéma de genre accessible à tous
Souvent réservé à une poignée d'experts et d'amateurs de frisson, le cinéma de genre s'adresse en général à un public relativement restreint. Néanmoins, Les Chambres Rouges s'efforce d'être accessible au plus grand nombre.
Loin de toute forme de sensationnalisme, le long-métrage s'ouvre comme un film de procès et traite de ses sujets les plus sensibles sans montrer la moindre goutte de sang, ni scène de gore. Toute l'horreur de son récit se passe hors champs et ne lui vaut qu'une interdiction aux moins de 12 ans, ainsi qu'une classification en thriller psychologique.
Pour accrocher son public jusqu'au bout, la mise en scène a intelligemment repris les codes du film à suspense en laissant le doute planer sur la culpabilité de l'accusé, et ce jusqu'à la toute dernière minute.
Les Chambres Rouges est disponible dans les salles de cinéma.