Alain Delon nous a quittés ce dimanche 18 août. Il avait 88 ans. Figure majeure du cinéma français, il a illuminé de sa présence animale les films de Jean-Pierre Melville, Jacques Deray ou encore Bertrand Blier. Star internationale, l'acteur l'a également été, jouant sous la direction de Visconti ou Joseph Losey.
Il refuse les Etats-Unis !
Né dans la banlieue parisienne et constamment renvoyé des établissements scolaires qu'il fréquente, Alain Delon s'engage à 17 ans dans la marine. Il ne tarde pas à partir pour l'Indochine, où il participe à de durs combats.
De retour en France, il exerce divers petits métiers, notamment celui du fort des Halles. Pendant quelques mois, il hante Saint-Germain-des-Prés se fait des amis et, parmi eux, Jean-Claude Brialy.
C'est par hasard, et parce qu'il est servi par un physique exceptionnel, qu'il aborde les milieux du cinéma, sans formation dramatique particulière. Découvert par un "talent-scout" lors du festival de Cannes en 1957, il se rend à Rome pour passer un essai, si convaincant qu'il se voit proposer un contrat de sept ans aux Etats-Unis.
Il refuse cependant la proposition lorsqu'Yves Allégret lui offre son premier rôle à 22 ans, dans Quand la femme s'en mêle. L'année suivante, il rencontre lors du tournage de Christine la jeune star de Sissi, Romy Schneider. C'est le début d'une liaison de cinq ans sous les feux de la presse people mondiale.
Rencontre avec Visconti
Alain Delon accède au rang de star du cinéma en 1960 avec Plein soleil, une adaptation du roman Monsieur Ripley de Patricia Highsmith, sous la direction de René Clément. Il enchaîne l'année suivante avec Rocco et ses frères de Luchino Visconti, qui remporte le Prix Spécial du Jury au Festival de Venise. Le cinéaste italien le retrouve en 1963 pour Le Guépard, où l'acteur donne la réplique à Burt Lancaster et Claudia Cardinale.
Sa carrière prend son envol dans les années 60. Alain Delon ne cessera dès lors de tourner avec des réalisateurs de renom tels Henri Verneuil dans Mélodie en sous-sol en 1963, René Clément, qui dirigera le comédien à quatre reprises, ou encore Jean-Pierre Melville , qui le dirige dans Le Samouraï en 1968.
Par Alain Delon avec Alain Delon
Alain Delon aborde les 70s en tant qu'acteur et producteur. Après s'être essayé une première fois à la production en 1964 avec L'Insoumis, il s'engage dès 1968 de manière intensive dans cette activité, produisant près de 30 films, de Jeff à Borsalino, en passant par Flic Story, Deux hommes dans la ville ou Mort d'un pourri.
Durant la décennie, il développe et pousse à l'extrême deux aspects essentiels du personnage de Delon : le fétichisme du vêtement (chapeau et imperméable) et le professionnalisme. On retrouve cet aspect dans Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville, en 1970, où il côtoie Bourvil, ou encore Un flic et Borsalino & Co.
En 1981, il s'essaie pour la première fois à la réalisation dans Pour la peau d'un flic, révélant la jeune Anne Parillaud, mais retourne bien vite à ses premières amours jusqu'à être récompensé du César du meilleur acteur en 1985 pour sa prestation dans Notre histoire, œuvre intimiste de Bertrand Blier. La même année, il revient au cinéma d'action dans Parole de flic, où il donne la réplique à Jacques Perrin.
On le retrouve dans les années 90 dans des œuvres plus insolites, comme Dancing machine, où il interprète un professeur de danse, Le Retour de Casanova qui le voit en séducteur vénitien vieillissant, où encore Le Jour et la nuit, premier film du philosophe Bernard-Henri Lévy.
Des apparitions choisies
En 1998, après plus de trente ans, il retrouve son partenaire de Borsalino Jean-Paul Belmondo ainsi que Vanessa Paradis pour tourner Une chance sur deux, une comédie bourrée de clins d'œil à leurs carrières passées.
En 1999, Alain Delon annonce son retrait du milieu du cinéma mais il met vite fin à sa décision en apparaissant dans Les Acteurs de Bertrand Blier l'année suivante. En 2008, il fait son grand retour sur les écrans en Jules César dans Astérix aux Jeux Olympiques.
Il se consacrera ensuite au théâtre avec plusieurs pièces, puis un dernier long métrage russe dans lequel il joue son propre rôle, Bonne année les mamans!. En 2019, le Festival de Cannes lui rend hommage avec une Palme d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.