À Las Piedras, coin perdu d'Amérique centrale, sorte de ville frontière à la population hybride, le travail manque. Sous le soleil, chacun noie son ennui dans l’alcool. Non loin de là, la SOC, une compagnie pétrolière américaine, fait la pluie et le beau temps des embauches.
Un jour, elle réclame quatre volontaires pour conduire deux camions chargés de nitroglycérine afin de souffler l’incendie d’un puits situé à 500 kilomètres. Pour 2 000 dollars, Mario, Jo, Luigi et Bimba s'engagent dans ce voyage au péril de leur vie…
Un remake pour 2024
Avril 2023. Stupeur et tremblement. Netflix annonçait en fanfare le remake d'un monument du cinéma français : Le Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot, sorti en 1953. C'est peu dire qu'on n'avait pas vu venir cette annonce, d'autant que cette nouvelle version est confiée aux mains de Julien Leclercq, à qui l'on doit notamment le thriller L’Assaut, ou plus récemment pour Netflix le film Sentinelle avec Olga Kurylenko.
Si Sorcerer de William Friedkin est considéré par beaucoup comme supérieur au film original, le film de Julien Leclercq, qui doit débouler sur la plateforme cette année, va logiquement avoir fort à faire pour se hisser -si tant est que cela soit possible- au niveau de ses glorieux aînés. A commencer par son modèle français d'origine.
Quatre hommes au bord du gouffre
Odyssée funeste de quatre personnages au bord du gouffre puissamment mis en scène par un Henri-Georges Clouzot au sommet de son art, tendu à craquer, Le Salaire de la peur n'a pas pris une ride depuis sa sortie.
Thriller haletant tourné non pas en Amérique Centrale mais en Provence, non loin de Nîmes, le film fera un triomphe dans les salles françaises, avec 7 millions d'entrées, en plus de remporter le Grand Prix (ancêtre de la Palme d'or) du Festival de Cannes en 1953, ainsi qu'un Ours d'or à la Berlinale pour le cinéaste.
La toile de fond du film s'inscrit d'ailleurs tout à fait dans l'actualité politique : la mainmise des sociétés pétrolières américaines sur les ressources locales, en exploitant les travailleurs locaux payés une misère.
Violemment anticapitaliste
Le discours violemment anticapitaliste contre une Amérique qui dévore les petites nations d'Amérique Centrale ne sera justement pas vraiment du goût du pays de l'oncle Sam, comme le rappellera le Time dans sa critique du film, qui écrivait qu'il s'agissait "de l'un des films les plus maléfiques jamais réalisés". Pour l'anecdote d'ailleurs, il sera même interdit de projection au Guatemala...
Autant dire qu'un visionnage s'impose d'urgence, en attendant la nouvelle version promise pour cette année.