Rencontrez la timide et charmante Miss Fran
Fran (Daisy Ridley) est une jeune femme pour le moins originale : employée de bureau exemplaire, elle mène une existence routinière et millimétrée, faite de sudoku, de verres de vin rouge et de toasts au cottage cheese. Parfois, Fran est saisie d’étranges visions, des tableaux oniriques où elle met en scène sa propre mort…
D’une timidité maladive, elle n’entretient aucune relation sociale, encore moins amoureuse. Pourtant, un événement inattendu va bouleverser la régularité de son quotidien : l’arrivée de Robert (Dave Merheje), un nouveau collègue avenant et apprécié.
Perturbée dans ses habitudes, la jeune femme est prise au dépourvu. Cette rencontre sonnerait-elle la fin de la routine pour Fran ?
Après s’être illustrée dans de grosses productions hollywoodiennes, telles que les trois derniers opus de la saga Star Wars ou encore Le Crime de l’Orient-Express, la jeune Daisy Ridley opère un virage radical dans sa carrière pour incarner l’intrigante Miss Fran.
Bien que tout en retenue, ce rôle aux antipodes du personnage de chevalier Jedi qu’elle avait pu interpréter par le passé (et qu’elle retrouvera en 2026) lui permet de déployer la pleine étendue de son immense talent. Une prestation plus que réussie qui doit beaucoup à l’élégance de la comédienne, mais pas uniquement !
Une romance pudique et moderne, ode à la marginalité
En compétition lors de la dernière édition du prestigieux Festival de Sundance, La Vie rêvée de Miss Fran n’a pas manqué de marquer les esprits, notamment pour la prestation de son interprète.
“Sur tous les plans, Daisy Ridley est stupéfiante”, déclarait par exemple le Times, tandis que The Hollywood Reporter saluait la représentation de sa solitude, “[...] rappel douloureux d’à quel point la modernité nourrit le sentiment dérangeant d’abandon.”
En effet, tout dans l’existence millimétrée de Fran semble contraster avec la société contemporaine au milieu de laquelle la jeune femme détonne. Dans son intérieur vintage, dissimulée sous ses chandails ternes, elle se terre et entretient, malgré elle, une forme d’archaïsme esthétique qui lui permet justement de se démarquer et de cultiver un style qui lui est propre.
Une caractérisation visuelle, mais pas que, puisque le travail d’écriture réalisé par les scénaristes, d’une part, mais aussi par la cinéaste Rachel Lambert (In the Radiant City) permet d’ériger Fran en figure de l’isolement aussi complexe qu’attachante, sans pour autant poursuivre le sensationnalisme de sa sacralisation.
Avec une élégance touchante et admirable, partagée avec finesse par le jeu de Daisy Ridley, La Vie rêvée de Miss Fran ne cherche donc jamais à justifier la personnalité de son héroïne, ni à comprendre les raisons de son dysfonctionnement social.
Au contraire, cette fable humaniste et moderne prend la forme d’une bulle de douceur où le spectateur se retrouve plongé, sans même s’en rendre compte, dans une situation d’empathie profonde.
Une exploration d’abord déroutante, mais finalement entêtante, dont l’œil sensible de Rachel Lambert se place en guide. D’abord aussi millimétrée que le quotidien routinier de l’héroïne, la mise en scène de la cinéaste semble se relâcher à mesure que Fran s’ouvre au monde pour épouser des formes et couleurs inédites, symboles d’une vie nouvelle où l’amour aurait, peut-être, enfin sa place.
Humaniste et chaleureuse, ode à l’amour et à l’espoir universelle, La Vie rêvée de Miss Fran est à découvrir cette semaine au cinéma.