De quoi ça parle ? Paris 1887. À cette époque, seul le duel fait foi pour défendre son honneur. Clément Lacaze, charismatique maître d’armes se retrouve happé dans une spirale de violence destructrice. Il rencontre Marie-Rose Astié, féministe en avance sur son époque, et décide de lui enseigner l’art complexe du duel. Ils vont faire face aux provocations et s'allier pour défendre leur honneur respectif.
Sur les conseils de Jean Dujardin
Vincent Perez a toujours voulu réaliser un film autour de la thématique du duel, sans jamais vraiment trouver comment et à quelle époque. Mais il voulait avant tout être prêt en tant que cinéaste. Il explique : "Dans ma carrière d’acteur j’ai fait plus d’une trentaine de combats, à l’épée, au sabre et fleuret, notamment dans Le Bossu, La Reine Margot et Fanfan la Tulipe. J’ai travaillé avec des cascadeurs chinois, russes, américains. Parmi eux de très grands maîtres d’armes dont William Hobbs, qui a signé parmi les plus beaux duels du cinéma, dont ceux des Duellistes de Ridley Scott, jusqu’au fameux Game of Thrones."
"Sur le tournage de J'accuse, dans une discussion, Jean Dujardin m’a dit que je devrais faire un film sur le sujet du combat. Il a alors rouvert cette boîte de Pandore que j’avais fermée. Je me suis rendu compte que le désir de réaliser un film sur le sujet était resté intact. Mais cette fois-ci je me sentais prêt. Je me suis immédiatement mis à effectuer des recherches."
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De précieux documents
Vincent Perez a alors découvert sur Internet L’Annuaire du duel, 1880 -1889, un document qui recense les plus grands duels de ces neuf années (à un moment où ils ont connu, en France, un véritable boom). Un autre ouvrage a été très important pour le film : L’art du duel, écrit en 1886 : "C’était la Bible de tous les duellistes de l’Hexagone. Écrit par Adolphe Eugène Tavernier, qui possédait une salle d’armes et qui était à la fois collectionneur, auteur et journaliste et escrimeur."
"Le livre est une mine d’informations sur le duel, sa technique, ses armes, ses règles, sa noblesse et son protocole. À l’époque L’art du duel a remplacé l’autre référence absolue écrite en 1836, l’ouvrage du Comte de Chatauvillard, qui contient des pages passionnantes sur l’évolution des différentes techniques de combats. J’avais une belle matière pour construire une histoire…", confie le cinéaste.
Pourquoi 1887 ?
1887 est une année charnière, avec les premiers soubresauts des éclairages électriques, l’arrivée du gramophone, la motorisation des véhicules, la construction du premier étage de la tour Eiffel et les prémices du féminisme. Elle annonce l’arrivée du 20ème siècle et de son modernisme. Vincent Perez raconte : "Mais c’est une époque encore très marquée par les traditions du XIXème, notamment celles des codes sociétaux. La pratique du duel s’est encore intensifiée à partir de 1881 avec la promulgation de la loi sur la liberté de la presse."
"Autorisés du jour au lendemain à publier ce qu’ils voulaient sans risque de censure, les plumitifs de tous bords, journalistes comme écrivains, multiplièrent les provocations, suscitant une hausse sans précédent des demandes de réparation. Il en résulta que les grands journaux nationaux comme Le Figaro, Le Gil Blas ou Le Petit Journal et beaucoup d’autres, se dotèrent de salles d’escrime pour former leurs journalistes aux techniques du duel, et ils accordaient une prime à leurs collaborateurs engagés dans un combat."
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Une pointure à l'épée !
Vincent Perez collabore une nouvelle fois avec le maître d’armes Michel Carliez, qu'il a rencontré sur Cyrano. "Il m’entraîne pour chaque film où des épées sont engagées. J’ai rencontré Michel alors qu’il assistait William Hobbs. Will était la grande référence des anglo-saxons, un homme merveilleux, qui aimait l’improvisation dans les combats. La technique de Michel est dirigée vers l'entraînement et le travail. Il inculque le contrôle et la précision dans la vitesse. Il est le seul héritier légitime de l’escrime que je connaisse au cinéma."
"Il fait partie de cette école noble des armes, et poursuit le long chemin de ses aïeux et de son père Claude Carliez. Il connaît l’histoire du maniement des armes, comme peu de gens. Michel est un homme précieux, car il détient la mémoire de l’histoire de cette discipline, qui est en train de disparaître", se rappelle-t-il.
Roschdy Zem se remet à l'escrime
Roschdy Zem a déjà pratiqué l’escrime, en 2001, pour les besoins de Blanche. Dans ce film de Bernie Bonvoisin, l'acteur jouait un espion à la solde de Mazarin. Il se souvient : "Comme ses scènes de combats étaient nombreuses, j’avais dû beaucoup m’entraîner et j’avais adoré ça. Mon seul regret avait été que la plupart de ces scènes avaient été coupées au montage. Dans Une affaire d'honneur, comme elles étaient le cœur de l’intrigue, elles ne risquaient pas de subir le même sort."
"Je me suis remis à l’escrime avec un grand bonheur. J’aime les films qui obligent à se frotter à des activités physiques nouvelles ou qu’on n’a pas pratiqué depuis longtemps. Cela dégonfle les egos car on est obligé de les aborder avec humilité. L’escrime en particulier, parce que c’est une discipline d’une grande intensité, et qui exige une condition physique exceptionnelle."