De quoi ça parle ? Louis c'est ce mec super gentil. Et dans son cabinet d'avocat, ce n'est pas un compliment. Le jour où son médecin lui diagnostique par erreur une maladie grave, le regard des autres change : on fait attention à lui, on lui pose des questions et on écoute les réponses, Louis existe enfin ! Alors bien évidemment, il hésite à dire qu'il va très bien.
"Un jour, on constate qu’il dure 2h40 !"
Pendant le tournage de Je ne suis pas un héros, sorti cette semaine dans nos salles obscures, Rudy Milstein a poussé ses comédiens à improviser. Conséquence : le réalisateur s'est retrouvé, à la fin des prises, avec beaucoup de rushes. Il se souvient : "Et comme on n’avait pas beaucoup d’argent, on pouvait pas se permettre de faire ça en 18 mois ! Il a fallu trouver un équilibre entre le texte qui était écrit et ces petits moments de vie que je voulais introduire. Au début du montage, tout est magique : on met les instants bout à bout et le film existe !"
"Sauf, qu’un jour, on constate qu’il dure deux heures quarante ! Et qu’on ne voit pas du tout où couper ! Et que ça ne ressemble pas à ce qu’on avait imaginé ! Alors on travaille, on repense certains moments, on réécrit. Jusqu’à ce que, plusieurs longues semaines plus tard, le film apparaisse enfin et que la magie opère à nouveau."
Naissance du projet
Avec Je ne suis pas un héros, Rudy Milstein voulait écrire un film sur l'apparence : comment quelqu'un peut mettre de côté ses principes pour séduire, se faire accepter d’un groupe, progresser socialement et faire plaisir à ses parents : "Le personnage de Louis, qu’interprète Vincent Dedienne, incarne un jeune avocat pris dans la tornade d’une affaire de pesticides présumés responsables de cancers. C’est un garçon gentil, naïf, plutôt mignon."
"Pourtant, tout au long du film, il commet des choses immorales. Et on l’accepte parce que, précisément, c’est un gentil. Est- ce que des bonnes intentions pardonnent tout ? Sous couvert d’intentions louables, peut-on se permettre de mal agir par moment ? Ou alors au contraire, les actions définissent-elles ce que l’on est ? Voilà, c’est un peu toutes ces questions qui m’ont animé pendant l’écriture du scénario", confie le cinéaste.
Le choix Vincent Dedienne
Rudy Milstein a choisi Vincent Dedienne pour jouer le personnage de Louis. Les deux hommes se sont croisés au théâtre pendant des années sans se connaître. Le metteur en scène explique : "Je l’ai vu jouer très souvent et, à chaque fois, je le trouve génial ; j’aime sa fantaisie, sa poésie, sa folie, son charme. C’est quelqu’un qui est très drôle dans la vie mais qui possède aussi une certaine mélancolie de l’enfance dans le regard, une naïveté… On est obligé de l’aimer."
"Il était parfait pour le rôle. Son corps tout entier incarne le personnage. Il m’a suivi partout, avec générosité, justesse et précision. On a construit ce personnage ensemble, j’ai adoré cette collaboration. C’est une vraie chance pour un premier film d’avoir pu créer ce rapport-là."
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Le réalisateur joue dans le film !
Rudy Milstein interprète un rôle important dans le film : celui de Bruno, le voisin de Louis. Victime d’un AVC, il est devenu incapable d’éprouver la moindre émotion. Le réalisateur raconte : "Le rôle m’amusait. Qui plus est, il était tellement particulier que j’ai pensé que je gagnerai du temps à ne pas devoir expliquer qui il était."
"Bruno est tellement atypique : à une nuance près, il pouvait devenir antipathique, psychopathe ou juste bête. Je savais comment l’imbriquer dans le film. On a tourné toutes mes séquences à la fin du tournage, donc c’était étonnant de rejoindre les autres acteurs dans un rapport différent."
Signification du titre
Rudy Milstein ne voulait, dans son film, ni gentils ni méchants. Par exemple, le personnage d’Hélène (Géraldine Nakache), la porte-parole de l’association des victimes du cancer, semble a priori détestable alors qu’elle est altruiste : "Mais est-ce qu’elle pense vraiment aux malades quand elle les défend ? Est-ce que Louis n’a pas raison de lui dire qu’ils ont tout intérêt à prendre l’argent maintenant plutôt que de se battre des années pour une cause perdue d’avance ?"
"Bref, je voulais que les problématiques de chacun soient plus complexes que « il est gentil elle est méchante » etc. D’où le titre (qui n’est pas une référence à Balavoine…) : je suis le héros du film, mais « je ne suis pas un héros » !", se rappelle le metteur en scène.