Sortie le 18 octobre dernier, Une année difficile est la nouvelle comédie imaginée par le tandem Eric Toledano et Olivier Nakache, derrière les succès Intouchables, Samba ou encore Le Sens de la fête.
4 ans après leur précédent long métrage, Hors Normes, avec Vincent Cassel et Reda Kateb, le duo signe un nouveau film sociétal et ancré dans des problématiques du moment, en l'occurrence ici le surendettement, le réchauffement climatique ou encore l'éco-anxiété.
Une année difficile s'attache à un groupe de jeunes militants écolos, dont deux pièces rapportées, incarnées par Jonathan Cohen et Pio Marmai. Tous deux s'incrustent dans le groupe sans conviction. L'occasion de s'amuser de cette situation et rire de certains codes de la militance écolo.
Faut-il y voir un film moqueur pour autant ? Ce n'est certainement pas l'intention d'Eric Toledano et Olivier Nakache, qui se sont expliqués à notre micro sur le sujet.
"Il y a énormément de discussions sur la représentation qu'on a des uns et des autres. Je trouve que le débat est riche et c'est exactement ce qu'on voulait provoquer avec cette comédie à l'italienne.
Il faut savoir qu'au moment de la comédie italienne, dans les années 60, c'est un cinéma qui est assez critiqué, assez mal perçu au départ. Ça a mis du temps à infuser, se dire que la comédie peut aussi aborder des sujets sérieux.
Ce qui nous ravit, c'est quand il y a justement des discussions qui se créent
Ce qui nous ravit, c'est quand il y a justement des discussions qui se créent autour d'un sujet qu'on essaye de poser."
Comme souvent avec le tandem, il s'agit d'un film sociétal, mais aussi voulant s'adresser à plusieurs générations, à plusieurs milieux, et ceci en les confrontant.
"Le film raconte un pont entre deux sujets, entre deux générations, entre deux façons de voir l'existence, et entre deux mondes. On sait très bien qu'il y a un monde derrière nous, et un autre devant, ce qui fait peur.
C'est ça l'éco-anxieté. Comment on aborde les choses et on va au devant de réactions. Il y a des débats, il y a des discussions. C'est assez récent de voir les points de vue, les enjeux différents selon les générations, il y a des discussions parfois dans la salle, entre parents et enfants. C'est hyper riche, hyper vivant."
Le tandem indique avoir fait un travail d'immersion "au sein d'associations de militants, activistes pro-climat, qui sont engagés avec une autre vision de l'existence, plus minimaliste, plus sobre, avec des actions de sensibilisation". Et poursuivent : "C'est le cas avec des associations qui nous ont accueillies et dans lesquelles on a fait des immersions, des actions à leurs côtés."
Lors de notre séance Club AlloCiné, organisée en septembre, Eric Toledano s'est également exprimé sur ce sujet, suite à une remarque d'un spectateur.
"Dans la comédie italienne, tout le monde en prend pour son grade. (...) On est en train de rire de nous-mêmes. Le miroir est déformant. Molière se moquait des gens de la cour en montrant des misanthropes, des radins, etc. Peut être que dans une position, on a l'impression que c'est plus nous. D'autres peuvent penser que c'est plus eux. On ne rit pas aux dépens des gens.
Et d'ajouter : "Et puis surtout, on n’est pas dans un film américain où les héros vont se révéler être des parfaits écolos à la fin. Ce mouvement est plus fin. Je pense que c’est plus important d’avancer avec des petits pas, qu’avec des pas un peu grossiers. Il faut accepter le principe du miroir qui nous est tendu. Je crois qu’on rit de nous-mêmes."
Eric Toledano souligne, en conclusion : "Les gens qui ont fait le film avec nous, qui sont des militants, nous ont dit un truc : vous auriez pu aller encore plus loin ! Peut être que c’est une question subjective."
Une année difficile est actuellement en salles.
Propos recueillis le 18 septembre 2023 au Forum des images
