De quoi ça parle ? Albert et Bruno sont surendettés et en bout de course, c’est dans le chemin associatif qu’ils empruntent ensemble qu’ils croisent des jeunes militants écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement sans conviction…
Chaises musicales
Après l'avoir dirigé dans la série En Thérapie, Eric Toledano et Olivier Nakache ont voulu travailler avec Pio Marmaï sur un long-métrage. Face à lui, les réalisateurs imaginaient Alban Ivanov mais le comédien a dû se retirer du projet pour des raisons de santé. Ils se sont alors tournés vers Jonathan Cohen pour le remplacer. Celui-ci était flatté mais a bien failli refuser le projet, épuisé par les tournages qu'il venait d'enchaîner et la post-production du Flambeau.
"On lui a répondu que cela ne pouvait pas être plus approprié pour un personnage surnommé Lexo : il n’avait qu’à venir tel quel, barbe de trois jours, et complètement essoré !", explique Eric Toledano. Au final, les rôles d'Une année difficile ont été intervertis entre les deux acteurs, Pio Marmaï interprète le rôle destiné à l'origine à Jonathan Cohen, et celui-ci joue celui de Pio.
Un film né d'un monde en pause
Alors qu'ils écrivaient un film pendant le confinement, Eric Toledano et Olivier Nakache se sont arrêtés pour s'interroger sur ce monde en pause, comme le rapporte le premier : "Quel était ce nouveau monde qui était censé arriver ? Ce monde qui, d’après certains, ne serait plus du tout le même que le nôtre. Des images se sont imposées : les rues désertes, les rideaux des magasins fermés, les avions cloués au sol, tous ces gens qui applaudissaient tous les soirs à 20h aux fenêtres… et d’autres images ont surgi comme en contradiction avec ce vide que nous vivions tous alors, l’évocation du trop-plein de nos sociétés en croissance permanente."
La comédie italienne comme modèle
Une année difficile - qui a obtenu le label Le Club AlloCiné Aime - marque un tournant pour Eric Toledano et Olivier Nakache, qui ont décidé d'assumer pleinement l'influence de la comédie italienne, "En utilisant l’ironie, la satire, la farce, tous ces éléments qui servent à mieux appréhender notre sujet pour que le fleuve soit plus tumultueux, avec plus de courants et de contre-courants, pour bousculer, déranger, déborder pour décrire une société en mutation et en déconstruction".
De vrais militants au casting
Pour les scènes de manifestation, les réalisateurs ont fait appel à de vrais militants écologistes. "Ils nous ont dit : nous faisons des actions pour qu’on parle de nous, et vous, vous parlez de nous, donc nous sommes partants. Nous adorons les castings mélangés, des acteurs face aux non-acteurs, chacun a un défi à relever. C’était drôle car souvent ces jeunes militants nous trouvaient même un peu mous dans la satire !", se souvient Olivier Nakache.
Pour Pio Marmaï, tourner avec de vrais militants a été un enrichissement : "Les scènes d’intervention ont été répétées et ils nous ont expliqué leurs méthodes : j’étais curieux de découvrir et de recréer avec eux leurs « performances », ces chaînes humaines, ces sitting, qui sont autant de « blocages artistiques ». Leur dimension poétique autant que politique me touchait. J’échangeais énormément avec eux et ils étaient très à l’aise et généreux pour nous livrer leurs tactiques, leurs règles de groupe lors des actions ou des prises de paroles, autant de choses que j’ignorais totalement."
Autorisations de tournage
L'équipe a rencontré des difficultés pour obtenir des autorisations de tournage. "Nous avons essuyé des refus à peu près partout. Aucun centre commercial qui accepte de récréer un Black Friday, et les aéroports étaient réticents avant que nous réussissions à négocier avec Roissy et Châteauroux", déclare Eric Toledano. Quant à la Banque de France, il s'agit en réalité d'un bâtiment qui lui ressemble, celui de l'Académie du Climat, installée dans l'ancienne mairie du 4e arrondissement de Paris.
(Re)voir notre entretien avec les réalisateurs d'Une année difficile, actuellement en salles :