Aujourd'hui âgé de 80 ans, David Cronenberg est considéré comme un des plus grands réalisateurs de l'Histoire du cinéma. Après nous avoir offert Videodrome, La Mouche, Dead Zone ou encore Faux-Semblants (qui ressort le 25 octobre dans les salles), le cinéaste signait Le Festin nu en 1991. Ce long-métrage, un des plus méconnus de l'auteur, est ressorti au cinéma le 11 octobre.
L'intrigue nous emmène en 1953. Nous suivons un junkie récemment désintoxiqué, William "Bill" Lee, campé par Peter Weller. L'homme, qui s'est reconverti en tant qu'exterminateur d'insectes nuisibles, découvre que sa femme, Joan (Judy Davis), lui dérobe de l’insecticide pour se l'injecter en intraveineuse.
Grisée par cet usage récréatif, elle lui suggère de faire de même. L'addiction est immédiate, à tel point que William est contraint de consulter le Dr Benway (Roy Scheider).
Ce dernier lui prescrit un traitement de substitution apparemment efficace. Malheureusement, William est placé en garde à vue pour détention de substances psychotropes.
Privé de son traitement, il est victime d’hallucinations. Aux prises avec une réalité incertaine et fluctuante, il se découvre agent secret, et son "officier traitant", un insecte géant, lui confie la mission de tuer sa propre femme.
Selon l’insecte, elle serait un agent d’une organisation appelée Interzone Inc. Décidant de faire peu de cas de l’insecte géant et de ses ordres, Lee rentre chez lui. Il trouve alors sa femme au lit avec Hank, un de ses amis écrivains. Mais peu après, alors qu’il s’improvise tireur à la Guillaume Tell, Lee abat accidentellement Joan.
UN ROMAN INADAPTABLE ?
Le Festin nu est tiré du roman réputé inadaptable de William S. Burroughs. Le film, comme son livre source, contient de nombreuses similitudes avec la vie de l'écrivain américain. Ainsi, Bill Lee, le personnage de Peter Weller, tient son nom du pseudonyme pris par Burroughs pour publier son premier roman, Junky, en 1953.
Drogué comme l'écrivain, le personnage tue accidentellement sa femme en jouant à Guillaume Tell, tout comme Burroughs l'avait fait en 1951. En voyage à Mexico, l'auteur, ivre, tue sa femme d'une balle en pleine tête en essayant de reproduire la performance de Guillaume Tell, qui a fendu d'une flèche la pomme posée sur la tête de son fils. Inculpé pour homicide involontaire, il est arrêté et passe un petit séjour en prison avant d'être relâché.
Parmi les autres similitudes, on peut noter celle entre l'Interzone, où se perd Bill Lee, et l'International Zone de Tanger, où Burroughs a écrit Le Festin nu en 1959. Enfin, Kiki, incarné par Joseph Scoren, est nommé selon un jeune homme avec lequel le romancier a eu une liaison pendant son séjour à Tanger.
Fun fact : l'acteur Peter Weller, célèbre interprète de Robocop, a refusé de participer au 3ème opus de la saga du robot-flic pour pouvoir jouer dans Le Festin Nu. C'est pour cette raison qu'il a été remplacé par Robert John Burke.
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EFFETS SPÉCIAUX SAISISSANTS
Très remarqués lors de la sortie en salles du Festin nu en 1992, les effets spéciaux du film, notamment le bestiaire imaginaire et délirant qui entoure Bill Lee, est l'œuvre de Chris Wallas.
Ce dernier est un spécialiste du genre : il avait déjà travaillé sur Scanners et La Mouche de Cronenberg, ainsi que sur Gremlins, Les Aventuriers de l'Arche perdue et Le Retour du Jedi.
LE MAROC AU CANADA
Au départ, Le Festin nu devait être tourné en partie à Tanger, sur les lieux même de l'action où William S. Burroughs avait écrit son roman. Cependant, les craintes suscités par la Guerre du Golfe en 1991 ont obligé les équipes à rester au Canada.
Deux immenses plateaux ont été créés pour transposer l'atmosphère de la ville marocaine. Un énorme tableau a également été peint et collé à la fenêtre de la chambre de Bill Lee, pour figurer le paysage.
Sorti au cinéma en 1991 aux Etats-Unis et en 1992 en France, Le Festin nu a été un échec commercial cinglant pour David Cronenberg. Il n'a rapporté que 2,6 millions de dollars pour un budget de 16 millions. Dans l'Hexagone, il a réuni 95 000 spectateurs. À noter que le plus grand succès du réalisateur en France reste La Mouche avec 2,1 millions de billets vendus en 1987.
