Dans L'Exorciste - Devotion de David Gordon Green, ce n'est pas une mais deux fillettes qui sont possédées par le démon. Parties en cachette faire un rituel en forêt, les jeunes Angela (Lidya Jewett) et Katherine (Olivia O’Neill) reviennent 3 jours plus tard sans aucun souvenir. Ces dernières sont possédées par un démon. Leurs parents vont donc faire appel à Chris MacNeil (Ellen Burstyn) pour leur venir en aide.
Pour le tournage des scènes de possession, les jeunes actrices ont été conseillées par Linda Blair, qui tenait le rôle de Regan, la fillette du film de William Friedkin.
David Gordon Green expliquait d'ailleurs à ce sujet au micro du site Fandango : "C'était formidable d'avoir Linda comme consultante. Elle nous a beaucoup aidés à comprendre la psychologie de nos jeunes talents. Lidya et Olivia étaient des jeunes actrices formidables avec lesquelles travailler - et nous leur demandons d'aller dans des endroits très dangereux, très provocants, très spirituels. D'un point de vue psychologique, nous voulions le faire de la manière la plus sûre possible... Le fait que Linda ait déjà connu cela a été très utile à chacun d'entre nous, car il nous a permis de tracer une voie saine pour aller dans des endroits qui ne l'étaient pas".
L’équipe a pris toutes les précautions pour s’assurer que les jeunes comédiennes soient à même de supporter plusieurs scènes traumatisantes du film. Le metteur en scène déclare ainsi dans le dossier de presse : "Il fallait faire en sorte qu’elles soient bien conscientes de s’embarquer dans un périple émotionnellement éprouvant car leurs personnages se retrouvent dans des situations extrêmement pénibles. On tenait à ce qu’elles soient entourées de gens bienveillants sur le plateau et en dehors du plateau. On a fait venir leurs familles et leurs parents, qui les ont formidablement soutenues, ainsi que des psychologues et des éducateurs.
C’était absolument essentiel non seulement parce que ces deux jeunes femmes devaient apprendre par cœur leur texte et se comporter comme si elles étaient possédées par un démon, mais parce qu’elles devaient se faire maquiller pendant 2h30, tous les jours, continuer de suivre une scolarité normale et côtoyer toute une équipe d’excités sur un plateau de cinéma en train de faire un film! C’est donc un incroyable défi psychologique à relever pour n’importe quel acteur débutant!"
Les différentes étapes de la possession
Lidya Jewett (Sara dans la série Good Girls) et Olivia O’Neill, qui fait ses premiers pas à l'écran, ont dû exprimer, à travers leur jeu, différents stades de possession car le démon ne prend le contrôle de leur âme et de leur corps que progressivement.
Lidya Jewett explique dans le dossier de presse : "David nous a expliqué ce qu’il avait en tête pour les différentes étapes de la possession. Il nous a dit jusqu’où on pouvait aller dans la folie pour chaque scène. C’est ce qui nous a permis de mieux visualiser les situations. Pour certaines séquences, il voulait que j’adopte une attitude stoïque. Par moments, il souhaitait que mon personnage soit doux et, à d’autres moments, qu’elle soit extrêmement agressive".
2h30 de maquillage par jour
David Gordon Green a également révélé que les deux jeunes comédiennes passaient plus de 2h30 au maquillage avant de tourner les scènes de possession.
Il explique : "Nous avons affaire à des infections, des inflammations - toutes ces horribles caractéristiques physiques qui résultent de cette possession. C'était difficile de faire endurer deux heures et demie de maquillage à ces jeunes artistes... Si elles n'avaient pas eu cette énergie, ce sens du travail bien fait et cette compréhension de ce que nous traversons pour créer ce spectacle, cela aurait été un cauchemar. Mais Lidya et Olivia ont été incroyables, elles ont relevé le défi et ont vraiment assuré."
Et pour réaliser les maquillages et effets spéciaux, Jason Blum et David Gordon Green ont fait appel à Christopher Nelson avec lequel ils ont déjà collaboré sur la saga Halloween. Oscarisé pour les maquillages de Suicide Squad en 2017, Christopher Nelson et son équipe ont dû travailler sur plusieurs maquillages représentant les différentes étapes de la possession.
Impossible d’aller jusque-là !
Le réalisateur précise : "À la première étape, les filles sont méchantes, puis à la deuxième elles sont mauvaises et à la troisième elles deviennent monstrueuses. La quatrième étape est devenue synonyme de "plus jamais ça" car il était inenvisageable de la filmer. On a maquillé les filles et puis on s’est dit "non, impossible d’aller jusque-là"".
David Gordon Green détaille ensuite : "À la première étape, on a seulement le sentiment que les filles ne sont pas totalement dans leur état normal. Il y a quelque chose qui ne va pas. Il peut s’agir de leurs yeux qui deviennent rouges, de griffures, d’un visage pâle ou d’un front légèrement dégarni.
À la deuxième étape, la violence monte d’un cran. Les filles peuvent se couper, se gratter, s’arracher les cheveux, et leurs traits physiques, comme leur visage, prennent une allure plus menaçante.
La troisième et ultime étape est monstrueuse. Au moment où la tension est maximale, les deux jeunes filles ne se lavent plus, ne s’alimentent plus de manière saine et elles sont en proie à des accès de colère de plus en plus violents. Il fallait que la frustration physique la plus extrême se manifeste chez elles, et c’est dans cette phase-là qu’on a eu un recours massif aux prothèses et au maquillage et que les caractéristiques physiques des deux personnages deviennent repoussantes."
Les techniques de maquillage
Christopher Nelson, le maquilleur et responsable des effets visuels décrit également les étapes et les différentes techniques au micro du site ComingSoon.
"La première étape consiste à peindre, à pâlir et à assombrir le contour des yeux et à décolorer la peau. Ensuite, à partir de la deuxième étape, nous avons commencé à utiliser des prothèses, des prothèses mineures, et également des dentiers pour décolorer les dents. Nous avons également commencé à utiliser des lentilles de contact pour les yeux injectés de sang, afin d'assurer la transition entre les yeux normaux et les yeux possédés.
Je ne voulais pas que ce soit juste un grand saut dans le fantastique, donc on a dû y aller progressivement avec la décoloration des yeux, les yeux injectés de sang, les pupilles dilatées...
La troisième étape est celle des prothèses plus lourdes, des dentiers encore plus décolorés, des lentilles de contact plus intenses. Pour le final on a dû couvrir tout leur corps de prothèses et leur mettre des perruques."
Mais les ajouts de prothèses, de maquillage et la chorégraphie n'ont pas effrayé les adolescentes. Olivia O’Neill affirme au contraire avoir profité de ces étapes pour créer son personnage : "On travaillait ensemble, Lidya et moi. On était assises, dos à dos, et on imaginait des gestes et des situations différentes. Aucune prise ne ressemblait à une autre, surtout dans la troisième phase. J’ai adoré ça parce que j’avais l’impression qu’on vivait les moments de la première étape, mais sous amphétamines! Et le personnage a vraiment pris forme dans ces scènes-là".
L'Exorciste - Devotion est à voir au cinéma.