Le film espagnol Nowhere cartonne sur Netflix et occupe actuellement la première place dans la liste des "10 meilleurs films en langue non anglaise" de Netflix avec 23,8 millions de visionnages dans le monde entier. Il fait mieux que Reptile, sorti le même jour et qui comptabilise "seulement" 17,7 millions de visionnages alors qu'il dispose d'un casting plutôt alléchant composé de Benicio Del Toro, Alicia Silverstone et Justin Timberlake. Mais sans conteste, le thriller dystopique venu d'Espagne est plus fort.
Réalisé par Alberto Pintó et interprété par l'actrice espagnole Anna Castillo, Nowhere suit le voyage d'une femme enceinte nommée Mía et de son compagnon Nico (Tamar Novas), qui ont décidé de fuir une version dystopique et totalitaire de l'Espagne. Ils tentent de s'échapper à bord d'un cargo, mais sont séparés par leurs passeurs.
L'ensemble constitue un parallèle assez flagrant avec la crise actuelle des migrants en Europe. Mais Nowhere est-il réellement basé sur une histoire vraie ?
La réponse est non. Nowhere n'est pas basé sur une histoire vraie. Il s'agit d'une œuvre de pure fiction, ce qui signifie qu'elle a été inventée de A à Z. Le scénario a été coécrit par cinq scénaristes – Ernest Riera, Miguel Ruz, Indiana Lista, Seanne Winslow et Teresa de Rosendo - qui l'ont adapté à partir d'une histoire écrite par Indiana Lista.
Dans une interview accordée au quotidien espagnol Público, le réalisateur Albert Pintó explique qu'Indiana Lista n'a pas basé son histoire directement sur une personne ou un événement réel, mais elle s'est inspirée des expériences vécues par des personnes qu'elle a rencontrées :
"Elle connaissait un couple de migrants mexicains qui avaient tenté de franchir la frontière, entassés dans des conteneurs et des camions. Nous les avons interviewés et c'était déchirant d'entendre les histoires de ces gens qui risquaient leur vie par une chaleur de 40 degrés et avec à peine une bouteille d'eau pour faire le voyage."
"Les routes de la traite des êtres humains au Guatemala, au Honduras, au Salvador et au Nicaragua sont documentées, mais dans notre pays, nous connaissons aussi très bien le drame des naufrages de petites embarcations ou cayucos (sortes de pirogues, ndlr). Il est important de ne pas oublier que, même si aujourd'hui cela ne semble pas nous affecter directement, dans un autre contexte cela pourrait être n'importe lequel d'entre nous".
Ajoutons à ces déclarations que le monde de Nowhere n'est évidemment pas réel, étant donné que l'Espagne est au milieu d'une guerre fictive et qu'un régime totalitaire a pris le contrôle du pays. Mais comme le rappelle Albert Pintó, la crise migratoire à travers divers endroits du globe, et y compris en Europe, est une réalité qu'on ne peut ignorer.
Le Monde rappelait en juin dernier que la Méditerranée centrale est redevenue la première porte d'entrée irrégulière en Europe, aux prix de traversées extrêmement périlleuses. Il y a une semaine, Le Point faisait état de plus de 2500 migrants morts ou disparus en Méditerranée en 2023. Comparé à cette triste réalité, le film Nowhere fait figure de conte de fée...