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    Bide colossal à sa sortie, oeuvre culte aujourd'hui, ce film effrayant et émouvant est à voir absolument !
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Il faut parfois laisser le temps faire son oeuvre, pour réparer certaines injustices. C'est tout à fait le cas de "Donnie Darko", formidable film sorti il y a plus de 20 ans. Effrayant et émouvant, cuisant échec au Box Office, il est devenu culte.

    Tour à tour effrayant, drôle, émouvant, Donnie Darko est un film passablement inclassable, surréaliste, à la croisée de plusieurs genres. Soit l'histoire d'un adolescent de seize ans, Donnie Darko (Jake Gyllenhaal). Intelligent et doté d'une grande imagination, il a pour ami Frank, une créature que lui seul peut voir et entendre.

    Lorsque Donnie survit par miracle à un accident, Frank lui propose un étrange marché. La fin du monde approche et ce dernier doit accomplir sa destinée. Des événements bizarres surviennent dans la petite ville tranquille, mais Donnie sait que derrière tout cela se cachent d'inavouables secrets...

    Donnie Darko
    Donnie Darko
    Sortie : 30 janvier 2002 | 1h 53min
    De Richard Kelly
    Avec Jake Gyllenhaal, Jena Malone, Drew Barrymore
    Presse
    3,9
    Spectateurs
    4,0
    louer ou acheter

    Après une sortie sur la pointe des pieds le 26 octobre 2001 sur une combinaison de salles très réduites, le film de Richard Kelly fut carrément retiré de l'affiche aux Etats-Unis, pour ne revenir en salles qu'un an après. Autant dire que sa carrière en salle fut tuée net.

    Bilan des courses ? Un désastre logique au box office international, avec à peine plus de 7 millions de dollars de recettes. Sorti chez nous en janvier 2002, le film n'avait attiré que 73.275 spectateurs. C'est dire la violence de la gifle.

    C'est le remarquable bouche à oreille au fil des ans, autour de ce premier film très intense aux ruptures de ton parfois déstabilisantes mais intelligentes et fascinantes, qui fit généreusement gonfler les ventes et locations de DVD, et qui a donné in fine une seconde chance à cette oeuvre très originale.

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    "Le fait qu'il soit à la croisée des genres a été compliqué à vendre, à l'époque en particulier. Mais même encore aujourd'hui, chaque film doit rentrer dans une case précise, ça me rend fou" nous confiait son réalisateur en juillet 2019, venu accompagner la ressortie de son film en salle.

    Il expliquait d'ailleurs être toujours aussi surpris de l'aura entourant son oeuvre : "c'est toujours surprenant mais aussi encourageant. J'espère pouvoir continuer à raconter mes propres histoires et ne pas avoir à raconter celles d'autres personnes qui m'intéressent moins. Ça me rassure de savoir que les gens se sentent toujours connectés à ce récit, cela signifie que je peux continuer à proposer mes idées".

    C'est peu dire que la trajectoire originale de Richard Kelly après ce film ne lui a malheureusement pas vraiment porté chance. Quatre ans plus tard, son second film, Southland Tales, porté par Dwayne Johnson, Sarah Michelle Gellar et Sean William Scott, est sorti dans l'indifférence générale. Produit pour 20 millions $, il en a rapporté moins de 375.000 $... Depuis son Thriller The Box, sorti en 2009, Richard Kelly n'a plus rien réalisé.

    Un coup de pouce de Christopher Nolan

    Si Donnie Darko n'a hélas pas fait de miracle au box office, il avait en revanche bénéficié d'un coup de pouce plutôt inattendu de Christopher Nolan. Un intéressant billet publié par le site Collider en janvier 2021 revient sur une savoureuse anecdote.

    Le film de Richard Kelly fut présenté au festival du film de Sundance la même année que celui de Christopher Nolan, Memento. La future épouse et partenaire de production du réalisateur, Emma Thomas, avait tellement aimé son scénario qu'elle l'avait transmis à son ami, Aaron Ryder, qui était à l'époque un des executives de la société de production Newmarket Films. Celle-ci avait mis une option sur le scénario du film de Nolan, budgété à hauteur de 4,5 millions de dollars.

    Pourtant, aucun distributeur ne s'était montré intéressé, si bien que Newmarket Films décida de distribuer elle-même le film. Lorsque Memento est finalement sorti en salles aux Etats-Unis en mars 2001, son succès, largement alimenté par un formidable bouche-à-oreille, lui avait permis de ramasser près de 25 millions $ sur le territoire américain. Avec ce succès, Nolan avait désormais une écoute attentive au sommet de la maison de production.

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    Il se trouve que Donnie Darko et Memento étaient tous les deux produits par Newmarket Films. Mais là où Memento trouvait sa voie en salle, l'avenir du film de Kelly "s'annonçait sinistre" dira-t-il lui-même. La société ne savait absolument pas comment le vendre, si bien qu'elle envisageait de le sortir directement sur le marché de la vidéo.

    Après avoir reçu un coup de fil l'invitant à reconsidérer sa position sur l'avenir de Donnie Darko, Aaron Ryder organisa une projection avec les Top Executives de Newmarket Films, accompagnés par Christopher Nolan et Emma Thomas. A l'issue de la projection, les deux se sont tournés vers les dirigeants en leur lâchant : "vous devez distribuer et sortir en salle ce film !" Ce qui fut donc fait, avec les résultats mitigés que l'on connait.

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