Ce mardi 12 septembre a marqué l’ouverture de la 25ème édition du Festival de la fiction de La Rochelle. Et après Sandrine Bonnaire l’an dernier, c’est désormais au tour d’Audrey Fleurot d’être présidente du jury de cette édition 2023 qui se poursuivra jusqu’à dimanche.
Lors d’un entretien avec Allociné, la comédienne, qui fait depuis trois ans les beaux jours de TF1 avec son personnage de Morgane Alvaro dans HPI, nous a parlé de son rôle de présidente et de la manière dont elle va juger les 44 fictions en compétition, qui sont, comme chaque année, toujours aussi riches et diversifiées.
De la mini-série Les Espions de la terreur à la fiction Les enchantés, en passant par La Tribu ou encore Un Destin Inattendu, Audrey Fleurot et les membres du jury devront se mettre d’accord pour désigner les grands gagnants de cette année.
Audrey Fleurot a également une double actualité parce qu’en plus de son rôle de présidente, elle va présenter en avant-première le premier épisode de Infiltré(e), nouvelle série de France 2 qui sera diffusée à partir du 25 septembre prochain, dans laquelle elle tient l’un des rôles principaux au côtés de Thierry Neuvic.
Allociné : Qu’est-ce qui vous a plus dans le rôle de présidente du jury du Festival de la Fiction de La Rochelle ? Est-ce que c’est une proposition qu’on ne peut pas refuser ?
Audrey Fleurot : Non, ça ne se refuse pas. J'étais contente d'être disponible. J’aurais été un peu triste de ne pas pouvoir le faire car c’est un festival que je trouve génial. J’ai probablement raté des éditions, mais je suis souvent venue. C’est un festival très joyeux.
C’est bête de dire ça, mais La Rochelle est une ville magnifique où l’on peut voir ce qui se fait de mieux en termes de fictions françaises et européennes. Chaque année, il y a de vraies pépites.
Et comme j’ai maintenant une nouvelle casquette de productrice, je me suis dit que c’était l’occasion de me tenir un peu au courant de ce qui se fait de mieux à la télévision. Je découvre des acteurs, des auteurs, des réalisateurs et réalisatrices que je ne connaissais pas. Ça me permet d'être à la page, le tout dans un temps assez resserré. Et je croise des amis à tous les coins de rue !
Quelle place a la télévision dans votre vie ?
Je regarde beaucoup de séries. J’en suis très friande. J'aime aussi beaucoup le cinéma, mais je trouve que la série nous permet de créer un lien avec les personnages qui dure plus longtemps.
Les séries abordent aussi des sujets très divers. La programmation du festival est d’ailleurs assez folle. On va vraiment du très intime au plus universel. Je trouve que les séries ont pris en charge un certain nombre de sujets que le cinéma a un peu délaissés.
Il y a un tel flux qu'il y a aussi de la place pour des petites séries qui sont faites avec peu de moyens mais qui vont aborder des sujets très intéressants. Ce petit budget leur donne aussi une forme de liberté de ton. Avec les séries, il y a un panel large dans lequel tout le monde peut trouver son bonheur.
La sélection du festival est comme chaque année très riche. Est-ce que vous avez des genres de prédilection ?
Pas vraiment ! C'est aussi ça qui est bien avec les séries. Je ne peux pas dire que j'aime particulièrement le policier, la comédie ou le thriller. Ce que j’aime, et ce que les gens aiment, ce sont les bonnes séries, peu importe le genre.
C’est d’ailleurs un peu la même chose en tant qu’actrice. J’aime les écarts. J’aime faire des choses très différentes. C’est le projet qui m’enthousiasme avant tout, ce n’est pas le genre.
Ce que je trouve très intéressant avec les séries, c’est qu’il y en a beaucoup qui vont permettre aux téléspectateurs de découvrir un univers dans lequel ils ne connaissent rien, et qui va les passionner parce que c’est très bien raconté.
Vous avez l'impression d'avoir appris un truc, d'avoir découvert un univers que vous ne connaissiez pas. Par exemple, quand on a fait Dix pour cent, je me suis demandé qui ça allait intéresser.
On parlait quand même d’un sujet qui n'intéressait que quelques personnes venant du milieu. Mais comme c’était bien raconté, ça a embarqué les gens qui en ont appris plus sur ce milieu. L’important dans une série, c’est la galerie de personnages et ce qui leur arrive.
Comment allez vous juger les œuvres en compétition ?
C’est surtout la narration qui va entrer en jeu. Je juge des œuvres de fiction, et j’ai besoin d’être embarquée dans une narration. C’est un de mes critères. Il y a beaucoup de séries pour lesquelles je suis assez frustrée.
Ce qui est compliqué je trouve, c’est quand on ne peut voir que le pilote, car c’est un épisode qui permet d’installer les personnages et la situation. C’est juste une introduction. Quand nous pouvons voir 5 épisodes d’une série, nous avons déjà une idée de ce à quoi elle va ressembler. Tout cela est très subjectif.
Est-ce vous avez déjà commencé à regarder des fictions en compétition ? Est-ce qu'il y a déjà des œuvres qui se détachent ?
Oui j’ai déjà commencé à regarder, parce que ce serait difficile de tout voir en une semaine. Ce qui est assez chouette, c’est qu’avec les autres membres du jury, nous n’avons pas tous vu les mêmes choses.
Nous avons trois projections par jour pour découvrir les fictions. Ce n’est évidemment pas la même chose de voir les œuvres projetées dans une salle de cinéma. Nous n’en avons pas encore vu assez pour débriefer mais il y a déjà des fictions qui me restent en tête.
Ces dix dernières années, les fictions françaises ont connu un boom en termes de qualité et d'audace. Est-ce que vous le ressentez dans tous les projets qui vous sont proposés ?
Oui. Je me sens très chanceuse d’être arrivée au moment où les bons rôles sont là. Les rôles féminins sont de plus en plus étoffés. Il y a un spectre qui est vraiment large. Les diffuseurs se sont enfin rendus compte que la majeure partie des gens qui regardent des séries sont des femmes, et qu’elles ont besoin de se projeter.
En plus, j'adore la télévision. J’ai grandi avec, et j’aime le rythme de tournage très rapide. Ça m’arrive souvent de rentrer dans ma chambre d’hôtel en me disant que j’aurais dû faire telle ou telle chose différemment.
C’est très frustrant, mais en même temps, j’adore l’énergie qui résulte du fait de travailler dans l’urgence. J’aime aussi beaucoup l’effet de troupe. Je viens du théâtre et j’aime retrouver mes partenaires de jeu et les équipes techniques.
J’ai eu la chance de jouer des personnages sur le long terme, et c’est un rendez-vous très précieux parce qu’on grandit avec le personnage. Ce sont des aventures qui durent plusieurs années. Et à chaque fois que ça s’arrête, c’est comme un deuil. C’est différent quand je fais des long-métrages.
Que ce soit Engrenages, Un village français ou Kaamelott, au moment du dernier plan, on vit quelque chose de fort, parce que le personnage a fait partie de notre vie. C’est d'ailleurs la même chose quand on est spectateur.
Quand on est fan d’une série, et qu’on l’a suivie pendant 6 saisons, il y a toujours un petit deuil à faire. Personnellement, quand je sais que je vais regarder le dernier épisode d’une série qui m’a énormément plu, j’organise ma soirée autour de ça. Et je sais que je vais avoir une déprime post-épisode.
Infiltré(e), votre nouvelle série qui sera diffusée à partir du 25 septembre prochain sur France 2, va être présentée en avant-première ce vendredi soir lors du Festival. Vous y jouez Aurélie, une mère de famille qui va devoir infiltrer un réseau de trafic de drogues afin de sauver son fils. Qu'est ce qui vous a attiré dans ce rôle ?
C'est l'équipe. J’avais envie de retrouver Emmanuel Daucé, le producteur, Jean-Philippe Amar, le réalisateur, et Frédéric Krivine, l'auteur, avec qui j’avais déjà travaillé pour Un Village Français.
J’ai un lien très affectif avec cette série. Cela faisait un moment que je voulais qu’on refasse quelque chose ensemble. Emmanuel Daucé est un producteur pour qui j'ai beaucoup d'estime et Frédéric Krivine est un très bon auteur. Donc au-delà du personnage, j’avais surtout envie de retrouver cette équipe sur un nouveau projet qui n'avait rien à voir avec Un Village Français
Vous avez tourné Infiltré(e) en parallèle du tournage de la saison 3 de HPI. Ce n'était pas trop compliqué de passer du personnage de Morgane, très colorée et très drôle, au rôle d'Aurélie qui est beaucoup plus dramatique ?
C’est moins difficile quand le tournage se fait en bloc. Ce qui est plus compliqué c’est quand les tournages se font en même temps. C’était le cas lorsque je travaillais sur Un Village Français et Engrenages. Le lundi je jouais Joséphine sur Engrenages et le mardi, je devenais Hortense pour Un Village français.
Ce qui a été plus intense c’est que, quand le tournage d’Infiltré(e) s’est terminé, le lendemain, je reprenais le tournage de la saison 3 de HPI. Par chance, Morgane, je la connais et je la retrouve très facilement.