Trois ans après le succès de Scum en 1979, le scénariste Roy Minton coécrivait Scubbers, un nouveau film de prison, en le proposant cette fois non pas à Alan Clarke mais à une réalisatrice, la Suédoise Mai Zetterling, qui avait fait Les Filles, mais aussi trois autres films qui ressortent actuellement en salles.
Scrubbers lui, est disponible gratuitement sur ARTE.tv et ce jusqu'au 30 août.
Plus qu'un rival de Scum, Scrubbers (ou Dangereuse humiliation en français) en est davantage un complément, une autre facette des centres de détention, portant plutôt sur les institutions pour jeunes délinquantes. On y retrouve une galerie de détenues hautes en couleurs, de Mac la chanteuse grivoise à Eddie la blouson noire en passant par Kathleen la mère de famille.
Mais les véritables héroïnes de Scrubbers sont Carol et Annetta. Après une évasion d'un centre, elles sont rattrapées et envoyées dans un nouveau centre. Carol compte y retrouver sa petite amie Doreen, mais celle-ci s'est trouvée une autre petite amie. Quant à Annetta, elle pensait pouvoir retrouver sa petite fille gardée dans un couvent, mais s'en retrouve éloignée, peut-être pour toujours. Persuadée que Carol l'a "balancée", elle décide de préparer sa revanche.
On pourra déplorer quelques intrigues laissées à l'abandon, comme celle de la détenue "dans son monde", malmenée et se suicidant dans sa cellule, mais dont le décès n'est jamais questionné par la suite. Peut-être pour symboliser l'oubli dans lequel tombent les détenues, notamment celles qui ne font pas de vague ?
Sans du tout être un chef d'œuvre, Scrubbers mérite d'être regardé pour le female gaze qu'il apporte au "film de prison". Nous sommes en 1982, et les films de prison reconnus sont exclusivement masculins, la présence des femmes en prison ayant surtout été cantonnée au cinéma d'exploitation avec les célèbres "Women In Prison Movies" des années 70 (et 80).
Ce qu'arrive bien à capter Scrubbers, c'est la complicité et les rapprochements créés par les conditions d'enfermement. Ce sont l'humour, la débrouille et (parfois) la solidarité qui permettent à la plupart de ces femmes de surmonter la prison et les moments difficiles derrière les barreaux. Il est aussi très intéressant pour ce qui est de découvrir quels sont les motifs d'enfermement des femmes, comparés à ceux des hommes.
A noter pour l'anecdote, que le regretté Robbie Coltrane (Hagrid de Harry Potter) apparaît ici dans l'un de ses tout premiers rôles.