Quel est votre tout premier souvenir à propos des Tortues Ninja ?
Jeff Rowe (le réalisateur de Ninja Turtles: Teenage Years) : Je me souviens de la série animée des 80, des produits dérivés et des films en prises de vues réelles. Je me souviens davantage des Tortues Ninja davantage en tant que produits plutôt qu’en tant que personnages. Par exemple, j’avais les draps illustrés par des briques dans les égouts, j’ai vraiment un souvenir très précis de cela, et je me souviens aussi du sentiment très agréable de dormir dans mon lit avec ces draps (rires).
Effectivement, Ninja Turtles : Teenage Years donne l’impression d’assister à un film imaginé à partir des jeux d’enfants avec des figurines Tortues Ninja.
Exactement, et cela explique la présence de certains personnages de notre film, comme par exemple Mondo Gecko. Tout le monde dans l’équipe se souvenait du jouet à l’époque, avec son skate-board et son design super cool. Alors nous avons décidé de l’inclure, et nous nous sommes assurés que le scénario du film puisse inclure tous ces personnages cools que nous voulions voir apparaître à l'écran.
Votre film renvoie aux origines des Tortues Ninja, une bande-dessinée en noir et blanc plus sombre et réaliste que les versions suivantes. Était-ce votre volonté de revenir aux origines de la franchise ?
Absolument ! Pour moi, les personnages ont toujours représenté cette noirceur et il était donc important de ne pas mettre cet aspect de côté avec notre film. La couleur blanche est vraiment très importante dans ce film, car les Tortues Ninja ont grandi dans les égouts, sans jamais voir la lumière du soleil. Ils ont vécu toute leur vie dans l’obscurité, et à la fin du film ils vont enfin découvrir la lumière. Pour mettre en images ce sentiment et cet aspect de l’histoire, il était donc primordial que le film prenne en compte cet élément narratif.
Depuis le succès de Spider-Man : New Generation, les studios américains semblent désormais prêts à miser sur de nouveaux types d’animation, comme celle de Ninja Turtles : Teenage Tears. Que pouvez-vous dire sur les changements récemment entrepris au sein de l’industrie de l’animation à Hollywood ?
Spider-Man nous a prouvé que c’est désormais tout à fait acceptable d’avoir l’air différent en terme d’animation. Évidemment, cela a eu une résonance sur tous les artistes qui travaillent dans l’animation depuis des années.
A chaque fois qu’ils essayaient de produire un film avec une animation de qualité, leurs efforts se retrouvaient broyés au fur et à mesure de l’avancée du projet pour finalement se conformer au style d’animation du studio. Mais dans le cas présent, il n’y avait aucune excuse pour que le film ne ressemble pas à l’idée que nous avions en tête.
La technologie est capable de le faire, ce n’était donc pas un obstacle, il n’y avait donc plus qu’à se mettre au travail et mener à bien ce projet. Désormais, les studios soutiennent ces démarches artistiques ce qui est une super nouvelle !
Pour la première fois peut-être dans l’histoire de la franchise au cinéma, les quatre Tortues Ninja ne se ressemblent pas. Par le passé, nous pouvions les distinguer grâce à leur personnalité et la couleur de leur bandeau, mais cette fois-ci chacun possède des attributs physiques particuliers.
Oui par le passé, ils ont souvent eu la même apparence mais il était important pour nous que les quatre héros aient l’air de vrais ados. Quand on est adolescent et qu’on se regarde dans le miroir, on se trouve bizarre. Même lorsque cela n’est pas particulièrement le cas, on ne voit que nos différences par rapport aux autres personnes.
Notre personnalité va ensuite s’adapter à la perception physique que l’on a de soi-même. Cela nous a donc paru évident que l’apparence des Tortues soit conçue en fonction de leurs personnalités, aussi bien pour leur aspect physique en général, mais également dans leur style vestimentaire, leurs postures, la façon qu’ils ont de customiser leurs armes…
Derrière l’humour et le divertissement, votre film aborde également des sujets plus sérieux comme les changement climatiques.
Oui dans le film Super Fly est le grand méchant, mais c’est également en quelque sorte une victime. C’est une création née à partir de circonstances dramatiques. Quand on y réfléchit, le vrai méchant du film est la corporation dirigée par Cynthia Ultrom, à l’image des véritables méchants de notre monde (rires) qui accordent plus d'importance au profit qu'à l'être humain.
Mais on ne peut pas dire que c’est un film qui a été conçu pour dénoncer les changements climatiques, nous voulions avant tout nous concentrer sur le développement des personnages, explorer leur personnalité et permettre au public de s’identifier à eux.