Eileen Davidson a fait ses débuts en tant qu'Ashley Abbott dans Les Feux de l'amour en 1982. Remplacée entre 1989 et 1999, la comédienne a donc retrouvé les tailleurs de la femme d'affaires après une absence de dix ans dans le feuilleton culte.
Visage emblématique de Genoa City, Ashley a traversé un très grand nombre d'épreuves... dont elle s'est toujours relevée plus forte ! A l'occasion du cinquantième anniversaire du soap opera cette année 2023, AlloCiné s'est entretenu avec la star.
Avec nous, Eileen Davidson revient sur son parcours riche dans la série, commente les intrigues les plus folles impliquant son personnage et fait des révélations sur les coulisses du tournage des Feux de l'amour (la diffusion va bientôt s'interrompre sur TF1).
AlloCiné : Ashley a été en couple avec Victor (Eric Braeden) mais l’âme-sœur de celui-ci a toujours été Nikki (Melody Thomas Scott). Craigniez-vous que les fans n’apprécient pas votre personnage ?
Eileen Davidson : Non, pas vraiment (rires) Je ne redoutais rien car on ne savait pas vers quoi cela évoluerait. Je me disais en revanche que mon personnage était trop jeune pour sortir avec Victor ! Ça me faisait bizarre car toutes les personnes avec lesquelles elle avait eu des relations auparavant avaient environ mon âge...
Ashley est tombée enceinte de Victor puis a décidé d’avorter. A l’époque, cette intrigue était controversée. Que ressentiez-vous par rapport à cela ?
Mon problème était qu'il était écrit qu'Ashley avorte, qu'elle en parle à Victor, qu'il la rejette et qu'elle perde la tête. Elle avait fini dans une clinique psychiatrique. Or, je n'aimais pas cette corrélation entre le fait qu'une femme avorte et qu'elle en devienne folle. L'intérêt ici était plutôt de la voir éconduite par l'homme qu'elle aimait et que c'était cela qui l'avait rendue instable.
Plus tard, Ashley a attendu un bébé de Brad (Don Diamont) mais l’a perdu dans un accident de voiture. Vous étiez vous-même mère d’un bébé à cette époque. Tourner ces scènes n’était-il pas perturbant ?
Énormément. D'ailleurs, on ne m'avait rien dit en amont car ça aurait été trop perturbant (rires) Dire ses mots, qu'Ashley avait perdu son enfant, était très dur. Mon nouveau-né venait de venir au monde, il avait deux mois. Ashley était victime de cet accident et j'étais dans un véhicule. Il y avait toutes les caméras et l'équipement du tournage autour de moi, je ne pouvais pas sortir de là facilement.
J'allaitais mon fils, il était donc sur le tournage. Je sentais qu'il était temps pour moi de m'occuper de lui et j'ai crié d'un coup : "Sortez-moi de la voiture ! Je dois être avec mon enfant ! Sortez-moi de là !" Le pauvre réalisateur ce jour-là, qui est un ami à moi, hurlait aussi : "Faites-la sortir ! Faites-la sortir !" (rires) C'était un peu fou, mon instinct maternel a pris le dessus.
Après cette tragédie, Ashley a vu sa santé mentale décliner. Comment avez-vous préparé cette intrigue ?
Je m'étais rendue dans un hôpital et j'avais demandé à faire un tour... A l'époque, je me disais que ce n'était pas très réaliste qu'une femme si puissante et en contrôle de sa vie puisse avoir sa santé mentale affectée. Mais là-bas, des psychiatres m'avaient expliqué que cela se produisait pourtant souvent. Maintenant que je suis plus âgée, je comprends mieux cela. En débarquant si jeune, je n'avais pas réalisé que des gens sous pression masquent leurs émotions. C'est précisément ce qui met leur santé mentale en jeu.
Dans les années 2000, Ashley a également été la victime d’Adam (Michael Muhney à l'époque) qui voulait la rendre folle. S’en sont suivis la perte d’un enfant, une grossesse nerveuse, l’échange de bébés avec Sharon (Sharon Case)… N’avez-vous pas pensé que la série allait trop loin ?
Je joue dans des soap operas depuis trop longtemps pour dire ça ! J'ai participé à d'autres feuilletons qui étaient d'ailleurs bien plus dans le registre du fantastique... Donc c'est le genre qui veut ça ! Ici, j'ai adoré jouer le fait qu'Ashley soit totalement manipulée, ça me rappelait les films noirs des années 1940. Elle était épiée d'une façon très glauque et j'ai apprécié cela. Ce qui était plus perturbant pour moi était le comportement d'Adam qui avait brûlé, juste après la chute d'Ashley dans les escaliers, des affaires à elle dans la cheminée (rires)
Etes-vous proche de Melissa Ordway qui incarne Abby, la fille d’Ashley ?
Je l'aime tellement ! Je lui ai apporté un gâteau et du champagne pour son dernier anniversaire. Je ne sais pas si les gens le savent mais c'est une fille hilarante ! On travaillait ensemble l'autre jour et nous avons tellement ri. J'ai gagné le jackpot quand elle a été choisie pour incarner Abby !
Quelle relation entretenez-vous avec Peter Bergman (Jack) et Beth Maitland (Traci) ?
Nous sommes très proches. On se soutient quand on travaille ensemble et on aime travailler ensemble. Beth et moi étions si jeunes lorsque nous avons commencé à jouer dans la série... Comme des frères et sœurs, nous avons connu des hauts et des bas. Nous en rions aujourd'hui !
Selon vous, qui est le meilleur homme pour Ashley ?
Question difficile ! J'aimais beaucoup Ashley et Brad ensemble. En ce qui concerne Tucker [joué aujourd'hui par Trevor St. John], c'est plus compliqué. C'est un mauvais garçon tout en étant spirituel, amusant et charmant… Je pense qu’Ashley est tout simplement fichue en matière de relations de couple ! (rires) Elle a tout sauf quand on en vient aux hommes. Elle n'a aucune idée de ce qu'elle fait avec eux... Elle devrait vivre seule dans un manoir avec des chats ! (rires)
Quelle est l’intrigue la plus folle d’Ashley d’après vous ?
Sans doute celle du vol du sperme de Victor et l'insémination. Niveau folie, on est très haut ici !
Avez-vous des regrets au sujet de votre parcours dans Les Feux de l’amour ?
Mon dieu, non ! J'ai une situation magnifique aujourd'hui car je peux travailler presque quand j'en ai envie. Je vais et je viens et la production a été géniale par rapport à cela. J'ai également rencontré mon mari sur la série autrefois, j'ai reçu mon second Emmy Award grâce à ce rôle, mon fils a rampé pour la première fois dans ma loge... Certaines de mes relations les plus longues et les plus importantes se sont construites ici. C'est un cadeau et je continue d’en profiter.