Actuellement en salles, Le Manoir hanté s'inspire de la célèbre attraction des parcs Disneyland. Mis en scène par Justin Simien, à qui l'on doit le film indépendant Bad Hair et le long métrage et la série Dear White People, il s'agit de la seconde adaptation après Le Manoir hanté et les 999 fantômes avec Eddie Murphy (2003).
Dans ce film porté par Rosario Dawson, Lakeith Stanfield, Tiffany Haddish, Owen Wilson, Danny DeVito, Chase W. Dillon et Jamie Lee Curtis, Gabbie (Dawson) et son fils de 9 ans Travis espèrent commencer une nouvelle vie à la Nouvelle-Orléans. Ils emménagent dans une maison d’avant-guerre au prix curieusement imbattable. La raison leur saute bientôt aux yeux : ce manoir abrite un mélange délirant d'esprits, certains farceurs, d'autres "mortellement" ennuyeux. Cherchant désespérément de l'aide, Gabbie engage une équipe de pseudo-experts pour les aider à chasser les différents fantômes qui hantent leur maison.
A l'occasion de la sortie en salles du long métrage, à voir au cinéma dès 10 ans, nous nous sommes entretenus avec le réalisateur.
AlloCiné : Est-ce compliqué de passer de la réalisation d’un film indépendant comme Bad Hair à un blockbuster comme celui-ci ?
Justin Simien : Ce fut un gros défi car dans le monde des indépendants on vous laisse un peu carte blanche, tandis que lorsque vous travaillez pour un studio, vous devez vous justifier en permanence par rapport à toutes les décisions que vous prenez.
Vous devez travailler avec une énorme équipe et chaque personne a son opinion. Il faut négocier chacune de vos décisions. D’un autre côté, on vous fournit des outils de travail que vous ne pourriez pas avoir avec un film indépendant à petit budget comme Bad Hair.
Cela vous permet de mettre en images les visions les plus folles que vous pouvez avoir en tant que réalisateur. C’est la première fois que l’on m’a encouragé à aller totalement au bout de ce que je voulais créer, sans retenue et en me donnant tous les moyens possibles. C’est la première fois que je n’ai eu aucune restriction par rapport au budget que je voulais dépenser. C’était le pied total!
Au-delà du grand spectacle, parlez-nous des thèmes que vous avez souhaité aborder dans ce film.
Justin Simien : C’est un film qui parle de la confrontation que l’on peut avoir avec les zones sombres de notre propre personnalité. Nous avons tous des traumatismes et ce n’est pas forcément évident de garder cela.
Mon approche était de faire un film sur la notion des âmes, et ce que les âmes deviennent après la mort. Quand je l’ai annoncé, au départ, c’était la panique à bord ! Tout le monde voulait que ce soit avant tout un grand spectacle pour la famille. Au final c’est bien cela mais avec de la consistance également.
Le personnage de Ben, incarné par Lakeith Stanfield, doit faire son deuil mais il a du mal à faire face à ses zones d’ombre. Finalement il est confronté à ses propres démons quand il entre dans le manoir hanté.
Je voulais à la fois faire un film fun qui vous permet de vous échapper de votre quotidien, tout en faisant une sorte de commentaire existentialiste sur notre condition d’être humain.
A l'instar du film de 2003 porté par Eddie Murphy, le film est majoritairement emmené par un casting de couleur, comme vos précédentes réalisations. Est-ce important pour vous de mettre de l'inclusion dans vos films et dans un blockbuster de si grande envergure ?
Justin Simien : A vrai dire, je n’ai même pas pensé à ceci en faisant ce film. Le Manoir Hanté est un film qui se passe à la Nouvelle-Orléans, un quartier où 85% de la population est noire. Donc pour moi c'était logique que nous ayons essentiellement des acteurs noirs.
La raison pour laquelle nous avons toute cette célébration musicale et artistique dans le film est que la Nouvelle-Orléans a, pendant longtemps, été habitée par des afro-américains libérés de l’esclavage qui sévissait toujours dans d’autres états. Donc pour rendre justice à l’histoire de la Nouvelle-Orléans je me suis senti obligé d’avoir un casting de couleur.