Trois ans après avoir adapté le roman d'Anna Gavalda Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part au cinéma, le réalisateur Arnaud Viard revient avec Cléo, Melvil et moi.
Pour son quatrième long métrage dans lequel il donne la réplique à Marianne Denicourt, Romane Bohringer et à ses enfants, le réalisateur revient à son premier amour : l'auto-fiction.
Le film se déroule dans le Paris désert du premier confinement. Arnaud (Viard), 55 ans, séparé d’Isabelle (Romane Bohringer) et père de deux enfants, va profiter de ces 55 jours pour prendre soin d’eux et faire le point sur sa vie ; ce qui le conduit aux souvenirs mais aussi à l’avenir… L’avenir, c’est peut-être Marianne (Marianne Denicourt), la pharmacienne du quartier… Ses yeux sont verts, et derrière la vitre en plexiglas, une attirance va naître.
Le cinéaste a eu l'idée de ce film, inspiré de sa propre expérience, pendant le confinement. Le 16 mars 2020, lorsque Emmanuel Macron a annoncé le confinement, Arnaud Viard vivait dans un appartement 2 pièces dans Paris, situé non loin de celui de sa femme, dont il venait de se séparer, et de ses deux enfants, Cléo et Melvil.
Le réalisateur déclare dans le dossier de presse : "Au moment de l’annonce du confinement, nous n’avons eu d’autres choix, mon ex-femme et moi, de rester à Paris. Elle, en télétravail et moi, confiné dans mon 2 pièces, et j’allais un jour sur deux chercher mes enfants chez leur mère.
Pour beaucoup de parents séparés, cela été une période un peu éprouvante mais aussi très forte. Assez vite, je me suis dit que j’allais profiter de cette période pour filmer mon quartier de Saint-Germain-des-Prés, absolument désert et où une poésie incroyable émergeait.
Tout était fermé, et il était assez difficile de trouver une caméra. Alors, avec un ami post producteur, nous avons fait quelques images des rues désertes du quartier, de mes enfants pendant le repas ou quand nous applaudissions à la fenêtre. Très vite, un film a pris forme dans ma tête."
Tourner avec ses enfants
Et c'est assez naturellement que le réalisateur a commencé à tourner son film dans son appartement avec ses enfants. Il explique : "À l’époque du tournage, Cléo avait presque 6 ans et Melvil, 3 ans et demi, cela me paraissait difficile de leur faire apprendre un texte. J’ai donc opté pour des improvisations, avec un système à deux caméras qui tournaient pendant 30 ou 40 minutes. Par exemple, pour la scène du repas, on filmait réellement le repas, dans les horaires habituels des enfants.
Il faut dire aussi que l’on a tourné le film dans mon appartement, donc les enfants étaient vraiment chez eux. On ne recommençait pas les prises, on prenait ce qui se passait. Idem lorsqu’ils jouent au docteur. Au départ, j’étais dans le champ avec eux, puis je quittais le champ, parfois je revenais pour relancer l’impro, puis je repartais et revenais jouer avec eux. Deux caméras tournent pendant une heure et à l’arrivée, il y a une scène de deux minutes qui a une grâce incroyable.
Deux caméras tournent pendant une heure et à l’arrivée, il y a une scène de deux minutes qui a une grâce incroyable. Si j’ai choisi cette improvisation sur l’hôpital, c’est que je sais qu’en voix off, je vais parler de mon père et de sa vocation de chirurgien mais également parce que tous les soirs depuis un mois, on applaudit les soignants qui sont au centre de nos vies à ce moment-là. C’était très joyeux de tourner avec mes enfants, dans mon appartement et avec une toute petite équipe technique."
Avec ses moments suspendus, et ses chansons composées par Vincent Delerm, Cléo, Melvil et moi est une douce introspection à voir dès aujourd'hui au cinéma.