Après dix-sept ans de préparation et sept années d’écriture, Maïwenn est parvenue à faire son Jeanne du Barry, film présenté hors compétition et en ouverture du Festival de Cannes le 16 mai dernier. Le projet, d’une ampleur exceptionnelle, suit l’histoire de la comtesse et sa rencontre avec le roi Louis XV, incarné par l’Américain Johnny Depp.
Tourné durant l’été 2022, le long métrage suscitait déjà de nombreuses rumeurs. En cause, une supposée mésentente entre l’actrice-réalisatrice et la star hollywoodienne. Directe et sans langue de bois, Maïwenn s’est étendue sur le sujet lors de son passage dans l’émission En Aparté sur CANAL+. Elle confirme des désaccords, mais fait taire les on-dits qui comparaient le tournage à un “enfer”.
“C’est un animal Johnny. Tous les matins, il arrive avec une humeur différente, révèle la cinéaste. Il a parfois des humeurs où il est très joyeux, il a envie d’essayer plein de choses, de rigoler avec les gens et il y a des moments où il n’en a pas envie. Mais qui a toujours la même humeur ? C’est quand même quelqu’un qui est tout le temps exposé, qui sortait de deux procès. Moi je peux comprendre.”
Elle poursuit : “Il a été dit que c’était l’enfer, c’était faux. C’était pas du tout l’enfer. Il y a eu des désaccords, mais comme sur tous les tournages, comme dans toutes les entreprises. Dès lors que vous passez deux mois ensemble, toute la journée, avec des horaires très lourds, c’est obligé qu’il y ait des désaccords.”
Dans une interview accordée au magazine Première en avril dernier, la réalisatrice expliquait déjà les raisons de certains de ces désaccords. Elle parlait d’une différence entre le système français et américain, “ce qui signifie concrètement une manière différente de vivre sur le plateau”.
Il faisait des efforts, même si je voyais que ça lui coûtait.
“On m’avait précisé que, pour le prévenir qu’on l’attendait pour tourner une scène, je ne pouvais pas aller frapper à la porte de sa loge, se remémore-t-elle. Or un jour, je l’ai fait quand même. Et là, il m’a fait comprendre que j’avais commis une intrusion inacceptable et m’a demandé ce que ça me ferai si lui venait cogner à la porte de ma loge. Je lui ai répondu que tout le monde le faisait tout le temps. Parce que c’est ainsi que fonctionne un plateau en France !”
Dans la suite de sa prise de parole, Maïwenn ajoute : “Il faisait des efforts, même si je voyais que ça lui coûtait. J’ai compris qu’aux États-Unis, les stars ne se font pas vraiment diriger. Elles expliquent au réalisateur comment elles vont jouer la scène et le réalisateur suit le mouvement. Mais en France, le boss, c’est le metteur en scène. Donc à chaque prise, je tournais évidemment sa proposition mais je lui demandais aussi d’interpéter la mienne pour avoir le choix au montage.”
Jeanne du Barry, actuellement au cinéma.