Mohammad Rasoulof ne pourra pas rejoindre la Croisette. Comme l'a annoncé RFI, le cinéaste iranien a interdiction de quitter le territoire. Il avait été invité à être membre du jury Un Certain Regard à Cannes. Incarcéré depuis le mois de juillet 2022, le metteur en scène avait été libéré pour deux semaines, en janvier dernier, "pour raisons de santé".
Comme le rapportait Le Film Français, "selon l’avocate de Mohammad Rasoulof, Me Maryam Kianersi, "L'incarcération de mon client a été suspendue pour deux semaines pour des raisons de santé et il a été libéré samedi". Il "est maintenant sorti de l'hôpital et se rétablit à la maison", a ajouté l'avocate, qui n'a pas donné les causes de l'hospitalisation.
"Ces jours de congé ne sont pas comptés dans sa peine de prison, et il devra donc rester en prison deux semaines supplémentaires" a précisé Maryam Kianersi."
Mohammad Rasoulof a été emprisonné pour motif d'"activisme déstabilisateur", comme l'indiquaient nos confrères de Libération. Mais, ajoutent-ils, la véritable raison serait autre, en l'occurrence d'avoir été "signataire en mai d’un appel à ce que la police cesse d’user de ses armes sur la foule protestant contre la corruption et la gabegie réglementaire ayant conduit à l’effondrement d’une tour à Abadan dans le sud-ouest du pays".
Le réalisateur Mohammad Rasoulof s'était vu décerner l'Ours d'or du Festival de Berlin en 2020, pour un film dont la sortie avait été ensuite repoussée en raison de la pandémie, et finalement arrivé sur les grands écrans français en mars 2022.
Pour ce long-métrage intitulé Le Diable n'existe pas (voir bande-annonce ci-dessus), le cinéaste avait dû jouer des coudes pour éviter les coups de ciseau de la censure.
Le Diable n'existe pas nous emmène en Iran, de nos jours. Heshmat est un mari et un père exemplaire mais nul ne sait où il va tous les matins. Pouya, jeune conscrit, ne peut se résoudre à tuer un homme comme on lui ordonne de le faire.
Pour parvenir à mettre en boîte le long-métrage, l'équipe de Mohammad Rasoulof avait bravé les interdits, tournant souvent dans la clandestinité.
Pour mémoire, le cinéaste avait été condamné dans le passé pour rassemblement et connivence contre la sécurité nationale et pour propagande contre le régime. Il a été condamné en juillet 2019 à un an de prison ferme, suivi de deux ans d’interdiction de sortie du territoire et de l’interdiction de se livrer à la moindre activité sociale et politique.