De quoi ça parle ?
Léa,17 ans, musarde au cours d’une journée d’été apathique. Cette langueur monotone est interrompue par sa rencontre fortuite avec Tom, un homme plus âgé au charme ravageur, qui va permettre à la jeune fille d’échapper à sa vie d’adolescente frustrée. Mais la présence de Tom se fait de plus en plus sentir et finit par éloigner Léa des siens. Elle réalise alors que ses intentions ne sont pas si innocentes.
Une romance subtile et moderne sur la manipulation et le consentement
D’abord, Palm Trees And Power Lines était un court-métrage. Projeté au festival de Cannes en 2018, il abordait des thématiques chères à sa réalisatrice, Jamie Dack. “Je pensais beaucoup à certaines relations que j’avais eues plus jeune, raconte-t-elle à The Playlist, et comment je pensais alors être en contrôle. Mais maintenant que je suis adulte et que j’y repense, je réalise que ce n’était pas nécessairement le cas. Je voulais écrire ce personnage pour qu’il soit une sorte d’alter-ego de qui j’étais, qui me permettrait d’explorer ce qui m’était arrivé, mais aussi ce qui aurait pu m’arriver.”
Interprété par la jeune Lily McInerny, le personnage de Lea suscite immédiatement l’empathie des spectateurs de tous horizons, puisqu’elle leur renvoie le reflet de leur jeunesse partagée : un été chaud et maussade, de l’ennui à ne plus savoir quoi en faire, des romances adolescentes qui laissent de marbre… Dans la banlieue californienne où se côtoient palmiers et pylônes électriques, qui tels des prédateurs projettent leur ombre sur elle, Lea déambule à la recherche d’aventures.
Dans ce chaos figé apparaît, comme une délivrance, le personnage de Tom. Sûre d’elle et séductrice, cette figure à la fois amoureuse, fraternelle et paternelle émancipe autant qu’elle emprisonne. De ses mots à ses étreintes, tout chez Tom cherche à isoler, si bien que Lea se retrouve bien vite dans la position de la proie. Déjà apparu dans Virgin Suicides, Westworld et Charlie’s Angels, Jonathan Tucker est saisissant dans sa performance tout en ambiguïté.
Un premier long-métrage qui ne passe pas inaperçu
Couronné d’un prix du Jury au Festival international de Deauville et du prix de la Meilleure réalisation au Festival du film de Sundance, le projet de Jamie Dack semble être bien engagé sur la route du succès.
La clé de cette réussite ? Des interprètes talentueux, bien sûr, mais aussi la précision d’une mise en scène millimétrée malgré sa simplicité apparente. Regards et étreintes traduisent habilement l'emprise progressive , sur fond de couchers de soleil californiens aussi sublimes qu’inquiétants, plongeant le spectateur dans un paysage à la dualité tantôt douce, tantôt amère.
Horrifiante, l’illusion de consentement que le prédateur parvient à insuffler en sa nouvelle compagne est d’autant plus glaçante que le spectateur, loin d’être dupe, est témoin des nombreux indices que la réalisatrice lui laisse percevoir. Sera-t-il trop tard pour Lea lorsque sa relation atteindra le point de non-retour ?
Palm Trees And Power Lines est à découvrir en exclusivité sur UniversCiné, dès le 27 avril.