Préparez-vous à vous prendre une petite claque avec ce long-métrage méconnu qui bénéficie d'une belle ressortie sur grand écran ! Dévoilé en mai 1982 à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, Batch '81 relate le parcours de 8 jeunes hommes.
Pour intégrer la fraternité étudiante philippine Alpha Kappa Omega, ils doivent surmonter un rituel initiatique particulièrement violent qui s’étend sur plusieurs mois : humiliations en tous genres, actes de torture et bizutage quotidien.
Ce long-métrage aux images crues a été réalisé par un des grands noms du cinéma philippin des années 1970 et 1980 : Mike De Leon.
Né en 1947 à Manille, le cinéaste est un enfant de la balle. Son père n'est autre que le producteur Manuel De Leon et sa grand-mère, Narcisa De Leon, la fondatrice de LVN Pictures, légendaire studio philippin.
Dès Itim, son premier film mis en scène en 1976, Mike De Leon aborde des questions sociales et politiques à travers des images puissantes et parfois dérangeantes.
UN CINÉASTE AUDACIEUX
Sa filmographie court sur 5 décennies, explorant l’évolution de la société philippine avec audace, n'hésitant pas à s'amuser dans plusieurs registres, du cinéma de genre au film d’auteur.
Réalisés à seulement un an d’intervalle, Kisapmata et Batch ’81 ont tous deux été présentés en première mondiale au Festival de Cannes de 1982, mettant ainsi en lumière son réalisateur Mike De Leon sur la scène internationale.
Considérées comme deux de ses plus grandes œuvres, Kisapmata est décrit comme un thriller familial cauchemardesque basé sur un fait réel ; quant à Batch '81, il s'agit d'un film d’étudiants revisité en brûlot contre le totalitarisme et l’endoctrinement.
Très grinçant, le long-métrage explose les normes de la société philippine. À l'époque, le dictateur Ferdinand Marcos faisait régner la terreur dans le pays et Mike De Leon s'est attiré les foudres de la censure avec Batch '81.
Cinéaste exigeant et sans concessions, Mike De Leon a réalisé avec Kisapmata et Batch '81 deux œuvres chocs d’une incroyable puissance esthétique. Elles sont à découvrir pour la première fois au cinéma dans une sublime restauration 4K grâce au distributeur Carlotta.
DE TEEN MOVIE À PAMPHLET BRÛLANT
Au départ, avec Batch '81, Mike De Leon a dans l'idée de tourner un simple teen movie commercial, se conformant aux goûts du grand public philippin. Finalement, le réalisateur a opté pour l’univers très viril des confréries et sectes universitaires.
Batch ’81 étudie la façon dont des personnes complaisantes prennent une nouvelle identité en se soumettant à un système qui les phagocyte. Avec cette plongée fascinante dans une organisation autoritaire, le long-métrage nous offre un autre niveau de lecture, celui d’une allégorie du fascisme et des dangers du conformisme.
Cette exploration de la violence physique et psychologique rappelle fortement deux grands classiques du genre : Orange Mécanique de Stanley Kubrick et Salò ou les 120 journées de Sodome de Pasolini.
Terrifiant de bout en bout, Batch '81 reste d'une glaçante actualité, notamment sur les mécanismes qui entrainent une descente aux enfers fatidique.