Après 5ème Set et Paris Willouby, le réalisateur Quentin Reynaud et Alex Lutz se retrouvent pour En plein feu. Mélange entre drame intime et film catastrophe, le long-métrage, se déroule dans les Landes alors qu'un feu géant ravage la forêt.
A la suite d’une alerte évacuation, Simon (Alex Lutz) et son père Joseph (André Dussolier) quittent leur domicile mais se retrouvent rapidement prisonniers de leur véhicule au milieu de ce cauchemar climatique. Le brasier se rapproche. Que faire ? Attendre les secours…? Ou n’est-ce pas en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de la forêt brûlante qu'ils trouveront le moyen de s'en sortir… ?
Ce huis-clos qui reprend les codes du film catastrophe nous plonge dans la vie de Simon via des flashbacks. Ce dernier, bloqué en plein incendie, tente de traverser la forêt ravagée par les flammes afin de trouver du secours.
L'idée de ce film est née dans l'esprit du réalisateur après les incendies ayant ravagé la Californie en 2018 et la forêt australienne en 2019. Il se rappelle : "J’ai développé une fascination pour les récits de feu parce qu’ils m’ont fait réaliser que, quoi qu’on fasse, on reste à la merci des éléments et que, quels que soient les systèmes de protection ou d’évacuation mis en place par l’homme, si on empiète trop sur ses plates-bandes, la nature a les moyens de réagir avec une force phénoménale."
Le long-métrage a été tourné dans les Landes durant l'été 2021. Un an plus tard, le massif des Landes était la proie d'incendies de très grande ampleur. Au total, plus de 32 000 hectares ont été brûlés.
Le cinéaste reprend : "Il se trouve que je suis originaire de Bordeaux et que je connais bien les forêts des Landes qui sont, avec celles du Var, les plus souvent touchées par les incendies. Plantées sous Napoléon III sur des marais, pour les assécher, ces forêts sont constituées de grands pins maritimes. Quand j’ai commencé à imaginer mon scénario, ces arbres me sont soudain apparus comme étant la métaphore d’une prison : quand ils sont en feu, ils nous enferment comme des barreaux, on ne peut plus en sortir."
Un drame intime sur le deuil
Et c'est dans cette forêt que se retrouve Simon. Complément perdu et désemparé, il va tenter de trouver une issue. Mais au delà du film catastrophe, En plein feu est avant tout un drame qui parle du deuil. Père de famille, Simon a perdu un de ses enfants, et son parcours dans la forêt enflammée va lui permettre de faire le point sur sa vie et sur le mal qui le consume peu à peu.
Quentin Reynaud explique : "Le feu le deuxième cauchemar du film, climatique celui-là, qui résonne avec le cauchemar personnel que vit Simon. Sans lui, il n’aurait pas pu avoir d’"épreuve", de réconciliation ou de salut possible pour les deux principaux personnages de mon histoire. J’ajoute que le feu est, en plus, l’élément unificateur qui m’a permis de mêler, dans un même film, une grande histoire - un dramatique incendie — et une plus petite, relevant de l’intime, celle de la tragédie personnelle d’un homme qui n’arrive plus à refaire surface."
Il ajoute: "Mon film raconte le parcours d’un homme endeuillé qui, pour accepter son chagrin et ses souvenirs, doit se délester de ce qui lui pèse sur la conscience, avec en supplément, cette question cruciale qui se pose à beaucoup de parents qui perdent un enfant : est-ce que je décide de continuer à me battre et à vivre pour ceux qui restent, ou est-ce que je me laisse étouffer par les flammes pour le rejoindre, c’est à dire laisser le désespoir l’emporter, comme le font beaucoup d’êtres humains."
Alex Lutz livre ici une prestation incroyable et porte le film à bout de bras dans les scènes en plein cœur de l'incendie aussi bien que dans les scènes plus intimes.
Pour l'acteur la force du long-métrage est justement ce mélange entre drame et film catastrophe. Il déclare dans le dossier de presse du film : "Quentin Reynaud parvient à faire surgir un drame intime, celui d’un père qui n’arrive pas se libérer du deuil d’un de ses deux enfants, en partie à cause d’un blocage affectif dans ses relations avec son propre père. Ce drame prend alors une telle importance qu’il fait passer au second plan la tragédie de l’incendie.
Le spectateur qui croyait être dans un film catastrophe, se retrouve soudain plongé dans l’intimité d’une histoire familiale. Le feu reste à l’écran, omniprésent et menaçant, mais on comprend qu’il est devenu aussi la représentation de l’âme torturée de ce papa orphelin."
Mélange des genres habile et efficace, En plein feu est un huis-clos intense et métaphorique à voir dès aujourd'hui au cinéma.