Quelque part au croisement entre La guerre du feu, L'âge de glace et Jurassic Park, voilà bien une actualité insolite. Le fantasme de ressusciter de très anciens animaux disparus grâce à leur ADN, façon Michael Crichton, est plus que jamais vivace.
Un laboratoire de recherches spécialisées dans les biotechnologies, du nom de Colossal, travaille activement à ressusciter rien de moins que le mammouth laineux; un animal préhistorique disparu il y a 4000 ans.
En fait, ce n'est plus exactement de la fiction. En 2017, un article du National Geographic (réactualisé en 2021) évoquait justement cette possibilité de reproduire l'ADN de cet herbivore de la période glaciaire, dont les éléphants d'Asie sont des lointains cousins, génétiquement proches à 99,6%.
Basée à Dallas au Texas, Colossal a levé l'an dernier 60 millions de dollars pour ses recherches, pour poursuivre le séquençage génétique du mammouth, entamé en 2021. La grande différence avec Jurassic Park, c'est qu'il ne s'agit pas d'une opération de clonage.
Et n'allez pas croire qu'il s'agisse d'une lubie de savants fous. Parmi ces chercheurs, tout ce qu'il y a de plus sérieux, figure notamment George McDonald Church, professeur de génétique à la Harvard Medical School.
Lutter contre le réchauffement climatique
En cas de succès, non seulement Colossal fera revivre une espèce éteinte, mais elle réintroduira également le mammouth laineux dans le même écosystème dans lequel il vivait autrefois, dans le but de lutter contre le changement climatique, notamment dans les régions arctiques comme en Sibérie, comme le précisait un article daté du 30 janvier dernier.
Le sol gelé des régions arctiques constitue la principale réserve de gaz à effet de serre de la planète. Les conséquences de son dégel sur l’élévation des températures pourraient être dramatiques. Et c'est déjà à pied d'oeuvre en Sibérie, où le pergélisol fond, et libère des quantités massives de CO2.
Des expériences menées depuis les années 80 en Sibérie, où l'on a réintroduit dans certaines zones des animaux de l'époque du Pléistocène comme les rennes et les bisons, ont permis de constater que la température du pergélisol baissait de plus de 9°C.
"Les grands herbivores encouragent la croissance des graminées des steppes [...] Ces graminées de couleur claire reflètent la lumière du soleil dans l'atmosphère comme un miroir, réduisant la chaleur absorbée dans la Terre, les températures et donc la fonte du pergélisol" peut-on lire dans l'article de National Geographic. On a déjà hâte de voir ressusciter un mammouth laineux en tout cas. Pas sûr qu'il sera aussi sympathique et docile que Manny de L'âge de glace.