De quoi ça parle ?
Après avoir agressé violemment sa mère, Margaret, 35 ans, doit se soumettre à une mesure stricte d’éloignement en attendant son jugement: elle n’a plus le droit, pour une durée de trois mois, de rentrer en contact avec sa mère, ni de s’approcher à moins de 100 mètres de la maison familiale. Mais cette distance qui la sépare de son foyer ne fait qu’exacerber son désir de se rapprocher des siens. Chaque jour la voit revenir sur cette frontière aussi invisible qu’infranchissable.
Présenté à la Berlinale en février 2022 et au Festival du film francophone d'Angoulême en août dernier, La Ligne, nouveau long métrage d'Ursula Meier, arrive au cinéma en ce mercredi 11 janvier.
Après L'Enfant d'en haut, avec Kacey Mottet Klein et Léa Seydoux, la cinéaste franco-suisse signe à nouveau un film intense, sur une famille dysfonctionnelle, prenant pour cadre les paysages de montagne suisse. Un film qui tient en haleine, de sa percutante scène d'ouverture aux derniers rebondissements.
La Ligne a pour rôle principal l'actrice et chanteuse belge, Stéphanie Blanchoud, très impressionnante dans ce rôle, et d'une grande justesse. Tout le casting qui l'entoure est impeccable, dont Valeria Bruni Tedeschi, India Hair et Dali Benssalah. À noter également un rôle pour Benjamin Biolay, avec une séquence chantée. Il s'agit d'une composition originale de Benjamin Biolay. Ce duo rend compte de l’histoire d’amour passée entre le personnage qu’il interprète et Margaret.
Bandita Films
La musique occupe une place primordiale dans le film, comme l'explique Ursula Meier. "Le lien et fil conducteur entre les personnages est le rapport à la musique qui tient une place importante dans le film. La musique est le seul héritage positif que la mère a transmis à Margaret (Stéphanie Blanchoud) qu’elle-même transmet à son tour à Marion".
Et d'ajouter : "La musique comble chez Margaret un manque affectif et se substitue à son incapacité à parler ou à analyser. Elle révèle aussi une facette à priori insoupçonnée du personnage, une richesse et un talent pleins de fragilité et de douceur qui contrastent avec la violence dont elle est capable et que seul son ex compagnon a appris à désamorcer. Celui-ci est pour le spectateur une fenêtre d’accès à Margaret. Il la connait dans ses moindres travers et sait comment, lorsqu’elle est blessée, elle attaque et frappe au lieu de parler. Il ne supporte pas de la voir s’abimer et craint le pire pour elle. Même s’il peut encore avoir des sentiments amoureux, il a coupé sa relation avec elle. Vivre à ses côtés devenait trop difficile, voire impossible. En retournant vivre chez lui, Margaret se confronte à tout ce qu’elle a gâché : la musique pour laquelle elle a laissé ses talents en jachère mais aussi son histoire d’amour avec lui".
Bandita Films/Films de Pierre/Films du Fleuve
La Ligne repose énormément sur son actrice principale, Stéphanie Blanchoud. Le film a même été initié avec elle. "[Son personnage] Margaret peut donner au premier abord l’image d’un être fragile et délicat à l’inverse des violentes tempêtes qui se forment par moments dans son corps. Stéphanie Blanchoud dégage cette même douceur, explique Ursula Meier, réalisatrice et scénariste. Ce décalage était intéressant car il permettait d’aller à l’encontre même des stéréotypes et de ce à quoi l’on peut s’attendre avec ce personnage. Nous avons cherché ensemble la plus juste incarnation de Margaret afin de trouver sa singularité. Il y a quelque chose dans son corps qui ne devait jamais être tranquille, comme une pression nerveuse permanente à l’intérieur d’elle-même."
Et de conclure : "Un des paris du film était qu’on aime ce personnage malgré l’extrême violence qui peut en jaillir".
La Ligne, réalisé par Ursula Meier, écrit par Ursula Meier, Stéphanie Blanchoud, Antoine Jaccoud, et la collaboration de Robin Campillo et Nathalie Najem, avec Stéphanie Blanchoud, Valeria Bruni Tedeschi, Elli Spagnolo, India Hair, Dali Benssalah et Benjamin Biolay, sort au cinéma ce mercredi 11 janvier 2023.
