De quoi ça parle ?
Silverio, journaliste et documentariste mexicain réputé vivant à Los Angeles, doit recevoir un prix international prestigieux, celui-ci rentre dans son pays natal, sans savoir que ce simple voyage va le confronter à une terrible crise existentielle. Ses souvenirs et ses angoisses ressurgissent à cette occasion jusqu’à l’obséder et à le plonger dans un état de confusion et d’émerveillement. Avec émotion et humour, Silverio affronte des questions à la fois universelles et intimes sur l’identité, la réussite, la mortalité, l’histoire du Mexique et les liens profonds qui le rattachent à sa femme et à ses enfants. En d’autres termes, à la raison même d’être de l’espèce humaine en ces temps si particuliers...
Bardo, fausse chronique de quelques vérités, un film écrit par Alejandro González Iñárritu et Nicolás Giacobone ; réalisé par Alejandro González Iñárritu avec Daniel Giménez Cacho, Griselda Siciliani, Ximena Lamadrid…
C’est avec qui ?
Peu connus du public français, les actrices et acteurs du film d’Iñárritu n’en sont pas moins des grandes stars sur le continent sud-américain. C’est Daniel Giménez Cacho qui prête ses traits au personnage de Silverio, sorte d’alter ego du réalisateur.
Cet acteur hispano-mexicain a tourné avec les plus grands réalisateurs mexicains dont Alfonso Cuarón et Guillermo del Toro mais aussi étrangers comme Pedro Almodovar ou encore Apichatpong Weerasethakul. Il a également reçu cinq Ariel, l’équivalent mexicain des Césars.
L’actrice argentine Griselda Siciliani joue quant à elle Lucia, l’épouse de Silverio. Elle est principalement connue pour son travail à la télévision dans des telenovelas. Enfin les fans de Netflix reconnaîtront certainement Ximena Lamadrid qui joue Camila, la fille de Silverio et Lucia, et qui joue Sara dans Qui a tué Sara ?
Ça vaut le coup d’œil ?
Impossible de dire que Bardo, fausse chronique de quelques vérités ne vaut pas le coup d’œil au sens littéral du terme tant le film s’impose dès la première image comme une déclaration visuelle des plus audacieuses. Alejandro González Iñárritu signe un film tentaculaire qui raconte l'histoire d'un documentariste acclamé et reconnu.
Vivant à Los Angeles avec sa famille, il retourne dans sa ville natale au Mexique pour recevoir un prix. Silverio Gama (Daniel Giménez Cacho), est pratiquement le double fictif d’Iñárritu : c'est un journaliste qui revient au Mexique après des années à l'étranger, tout comme Iñárritu qui a connu un succès international en réalisant des films en dehors du Mexique comme Birdman et The Revenant.
Le film a divisé le public avec ses images surréalistes lors de sa première au Festival international du film de Venise en septembre dernier. Ça commence avec un nouveau-né qui demande à retourner dans le ventre de sa mère. Et le film devient de plus en plus fou à partir de là, avec un Alejandro Iñárritu qui tente de donner un sens à la vie et à l'art tout en cherchant un sens dans un monde qui peut sembler en être dépourvu.
Netflix : ce film attendu a été coupé de 22 minutes à cause des mauvaises critiquesCette scène, qui prête à sourire, c’est la manière poétique du réalisateur de raconter le drame qu’il a vécu avec son épouse, celui de la perte de leur troisième enfant. Si on peut le deviner, on ne le comprend véritablement qu'au milieu du film. Et bien sûr, ces moments appellent à la compassion avec le héros/réalisateur. Mais l'esthétique du film - même si elle est (parfois) virtuose - vient écraser toute possibilité de créer un lien émotionnel sincère avec le spectateur.
Des objectifs grand angle extrêmes donnent l'impression que la réalité se déforme autour de Silverio, brouillant les frontières entre présent et passé, réalité et rêve. Plus tard, il rencontre son défunt père dans les toilettes d'une boîte de nuit, où il rétrécit jusqu'à atteindre la taille d'un petit garçon mais sa tête reste à sa taille initiale. Cette difformité, choisie par le cinéaste et dénuée de sens, crée le malaise.
Autre moment qui pose question : celui où Silverio escalade une montagne de cadavres empilés sur une place de Mexico, représentant les victimes des conquistadors. Et bien sûr, il y a inévitablement une scène de lévitation, passage obligé pour symboliser l'onirisme qui traverse tout le film...
Incontestablement, Bardo apparaît comme une œuvre personnelle d'une puissance et d'une intensité rares. Les détracteurs comme les adeptes devraient s'accorder sur le fait que le film offre un vrai spectacle. Si vous pouvez supporter l'auto-mythologisation d'Iñárritu, le résultat est gratifiant pour qui y voit un geste artistique total. Si, au contraire, vous êtes allergique à la prétention de son réalisateur, ces 2h40 ont toutes les chances d'être vécues dans la douleur.
Dans cette fausse chronique, il y a peut-être une poignée de vérités, mais surtout beaucoup d'ego. Et les longues périodes d'ennui font progressivement leur effet. Au final, Iñárritu signe un film narcissique au-delà du raisonnable.