Dans la volumineuse encyclopédie des productions cinématographiques mondiales, ce ne sont pas les œuvres choc qui manquent. Si nombre d'entre elles ont abondamment versé dans le voyeurisme malsain, l'ultra violence et le sadisme gratuit, surfant parfois sans vergogne sur des tendances du moment pourvu qu'il y ait quelques billets à la clé, d'autres productions plus ou moins récentes se sont heureusement chargées de remettre certaines pendules à l'heure.
Le triomphe historique de Parasite a rappelé comme une évidence que la production cinématographique de la Corée du Sud est l'une des plus inventives et puissantes de ces vingt dernières années au moins, balayant à peu près tous les registres possibles d'ailleurs.
Sorti il y a déjà onze ans (c'est dire si le temps file...), J'ai rencontré le Diable avait pétrifié l'assistance dans les salles obscures, et à juste titre. Réalisateur éclectique passé de la comédie (The Quiet Family) au film d'horreur (2 soeurs) en passant par le film noir (le formidable A bittersweet life) et le western (Le Bon, la brute et le cinglé), Kim Jee-woon filmait dans un affrontement dantesque et d'une sauvagerie inouïe un fabuleux duo d'acteurs : Choi Min-sik et Lee Byung-Hun.
L'histoire ? Elle pourrait tenir sur un bout de papier. Un agent des services secrets (Lee Byung-Hun) entreprend de traquer le tueur (Choi Min-sik) de sa fiancée, en éliminant les suspects identifiés par la police. Il a fait un serment : soumettre le meurtrier aux mêmes tortures que celles subies par sa promise… Quitte à devenir tout aussi monstrueux que celui qu'il traque sans relâche.
"Pour interpréter mon personnage, j'ai essayé de faire sortir ce qu'il y avait de plus ignoble en moi, d'extraire les comportements les plus sombres, violents et démoniaques. Il était difficile de jouer quelqu'un qui ne ressent aucune culpabilité, qui n'éprouve aucun regret pour les atrocités qu'il commet" disait Choi Min-Sik, incarnant ici le mal absolu dans une hallucinante composition.
Sans jamais insulter l'intelligence du spectateur, d'une intensité sidérante, mettant plus d'une fois les nerfs à très rude épreuve, cette chasse à l'homme de l'extrême, vigilante movie d'un nihilisme absolu, était un pur électrochoc lors de sa découverte en salle. Si vous n'avez jamais vu J'ai rencontré le Diable, vous savez ce qu'il vous reste à faire... Le film est disponible en Blu-ray et DVD, ainsi qu'en VOD.