Ce 14 décembre, James Cameron revient frapper un grand coup en lâchant dans l'arène Avatar : la voie de l'eau. Treize ans après un premier volet entré dans l'Histoire du cinéma, tant d'un point de vue technique que du côté des résultats au Box Office. C'est dire si la pression exercée sur les épaules du maître est maximale, tant les enjeux sont absolument colossaux. Le roi Cameron va-t-il se succéder à lui-même, comme il le fit avec Titanic et Avatar ?
En attendant de le savoir, peut-être ignorez-vous justement ces cinq anecdotes autour de celui que l'on qualifie volontiers de "cinéaste ingénieur". Un profil assez rare finalement, donc précieux; autodidacte, toujours désireux de repousser les frontières et les limites pour sa vision et son Art, sans compromis. Ou si peu.
Chauffeur routier et conducteur de bus d'école
Peu après le déménagement de sa famille en 1971 du Canada à Brea en Californie, James Cameron entreprend des études de physiques à l'Université d'Etat de Fullerton."J'aimais la science et je pensais que je pouvais devenir biologiste marin ou physicien. Mais j'aimais aussi écrire, ce qui m'a conduit dans pleins de directions. J'étais fasciné par les océans, même si je n'y étais jamais allé ni même baigné dedans. J'aimais l'idée d'être dans un autre monde, ou n'importe quoi qui puisse me transporter dans un autre monde".
Bien qu'il sorte diplômé, il se rend compte qu'il ne souhaite finalement pas poursuivre dans cette voie de carrière. Il opte alors pour des études de littérature. Il abandonne aussi, pensant qu'il ne sera pas heureux. S'il est fasciné par le cinéma, cet univers lui semble inaccessible : "je ne pouvais pas me voir en tant que futur réalisateur. Je pensais que ceux qui réussissaient dans ce milieu étaient des gens issus de ce milieu, nés dedans, comme un système de castes".
Dans cette période de doutes et d'incertitudes, il doit malgré tout commencer à gagner -un peu- sa vie. C'est ainsi qu'il exerce pleins de jobs : chauffeur de bus d'école, routier, peintre de toiles qu'il essaye de vendre, vendeur dans un magasin d'outils...Tout en consacrant ses nuits à sa passion : l'écriture d'histoires de SF et Fantasy.
Des...dentistes financent sa première oeuvre
Si James Cameron a profondément été marqué par la découverte au cinéma de 2001 : l'odyssée de l'espace (au point d'ailleurs de le voir 10 fois de suite !), il a un second choc émotionnel au visionnage de Star Wars en 1977. C'est même le film qui achève de faire sauter ses dernières réticences à franchir le pas pour devenir réalisateur. Avec deux amis, il écrit un court métrage qu'il baptise Xenogenesis.
S'il est déjà difficile pour un apprenti cinéaste passé par le sérail de trouver les fonds nécessaires pour réaliser sa première oeuvre, ça l'est sans doute encore plus pour un autodidacte tel que James Cameron, fut-il doué.
Il parvient néanmoins à convaincre un consortium de dentistes (!) de financer à hauteur de 20.000 $ le court métrage. Il veut bien faire les choses : tournage en 35 mm, location de lentilles et caméra, achat de pellicule, et enfin location d'un studio. Un détail qui montre son perfectionnisme et sa soif de connaissances : pour comprendre au mieux comment fonctionne la caméra qu'il a loué, il la démonte avec sa petite équipe le premier jour de tournage, simplement pour voir son fonctionnement de l'intérieur.
Pour le bricolage des effets spéciaux, il fonce à la bibliothèque pour consulter tout ce qu'il peut dans les ouvrages traitant des techniques en matière d'effets d'optique. "Si on me laissait faire des photocopies des ouvrages, je prenais tout. Autrement, je prenais d'énormes quantités de notes" dira-t-il.
Le résultat, étonnant, est à voir ci-dessous. On voit déjà très bien quelques thèmes récurrents chers à l'univers de James Cameron.
Une grenouille porte son nom !
Pour James Cameron, l'écologie n'est pas un vain mot; et c'est encore plus vrai depuis qu'il a réalisé Avatar. En juin 2010 par exemple, il fit partie d'un groupe d'experts chargés de plancher en urgence sur une solution pour mettre un terme à une gigantesque marée noire dans le Golfe du Mexique, suite à l'explosion d'une plateforme pétrolière. En à peine plus d'un mois, quelques 150 millions de tonnes de pétrole s'échappèrent du gisement sous-marin, situé à 1500m de profondeur. Une participation très officielle à un Think Tank qui pourrait sembler incongrue, si ce n'est que Cameron possède une très grande expérience des grandes profondeurs, pour y avoir plongé à de nombreuses reprises.
Cameron est aussi membre de la prestigieuse National Geographic Society. Fondée en 1888, c'est l’une des plus importantes organisations scientifiques et éducatives non-lucratives dans le monde. Ses intérêts vont de la géographie, l’archéologie, les sciences naturelles, à la promotion de l’environnement, la protection historique et l’étude des cultures et de l’histoire du monde. Cameron possède d'ailleurs le titre d'Explorateur. Jetez donc un oeil sur son C.V !
Cameron a en outre quitté L.A. pour déménager avec sa famille dans les grands espaces de la Nouvelle zélande. Et quand on dit grands, c'est vraiment grands : il a en effet acheté une ferme avec 1067 ha de terrain, dont des surfaces agricoles, pour y produire et cultiver des produits pour sa propre consommation. Depuis 2012, Cameron est en effet végétalien (pas même végétarien); "j'ai l'impression d'avoir rajeuni de 15 ans !" se plaît-il à dire...
En hommage à son engagement du côté de la biodiversité et "ses efforts pour alerter et sensibiliser le grand public à la cause environnementale", un biologiste de l'Institut royal de sciences naturelles de Belgique, Philippe J. R. Kok, a décidé de baptisé la variété de grenouille qu'il a découverte en juin 2012 : Pristimantis jamescameroni (en un seul mot) !
Formellement identifiée en octobre 2013, cette espèce très rare a été trouvée dans les coins reculés du Venezuela, dans une zone montagneuse voisinant avec les 2500 m. Avoir son nom adossé à une très rare espèce animale, c'est quand même la classe (internationale).
Premier homme à plonger seul dans la fosse des Îles Marianne
"Je pense que le fond des océans est la dernière frontière encore non explorée sur Terre" a déclaré James Cameron. Le monde marin -et ses profondeurs abyssales- passionnent le cinéaste depuis sa jeunesse. Il a eu depuis largement le temps d'assouvir sa passion.
Pour explorer l'épave du Titanic gisant par 3821 m de fond au large de Terre-Neuve, il a plongé pas moins de 33 fois, non seulement pour préparer son film, mais aussi ultérieurement. Plusieurs documentaires ont été consacrés à cette passion. Citons Les Fantômes du Titanic; Alien of the Deep, ou encore Expédition : Bismarck, dans laquelle il plonge à 4700 m de profondeur, 650 km au nord-ouest de Brest, pour explorer l'épave du cuirassé allemand coulé le 27 mai 1941.
Sorti en 2014, le documentaire Deepsea Challenge 3D revient sur une expédition unique, sans doute la concrétisation du rêve de toute une vie : être le premier homme à plonger en solitaire au fond de la mystérieuse et dangereuse fosse des Mariannes. Aussi profonde que l’Everest sur lequel on aurait empilé le Mont Blanc.
Le dimanche 25 mars 2012, le réalisateur James Cameron est ainsi devenu le premier homme à explorer en solo pendant plusieurs heures, la fosse des Mariannes, à un record de 10 898 mètres de fond. Comme il le dira lui-même plus tard : "au moindre incident de pressurisation dans le sous-marin, vous êtes tué en une micro-seconde"...
Ca ne fait quand même pas très / trop envie...Mais rien n'arrête Big Jim ! Revoici la bande-annonce...
Il fait partie de la Mars Society et a aidé la NASA
Il n'y a pas que les fonds marins qui fascinent James Cameron. L'espace aussi. A ce titre, il fait d'ailleurs partie de la Mars Society, une organisation internationale à but non lucratif, ayant pour but de promouvoir l'exploration et la colonisation de la planète Mars. Elle a été créée en 1998. L'organisation se consacre à convaincre le public et les gouvernements des bénéfices de l'exploration spatiale et de Mars en particulier, et défend l'idée de missions humaines vers Mars.
Cameron fut ainsi associé à la NASA pour travailler à la conception d'une caméra filmant en HD et surtout en 3D, attachée au mât du robot envoyé sur Mars, Curiosity. La NASA avait bien prévu une caméra pouvant filmer en HD, mais pas en 3D. Avec la technologie des caméras utilisées par Cameron sur le tournage d'Avatar, c'est désormais possible. "Je suis certain que cette technologie jouera un grand rôle dans les futurs missions [spatiales]" déclara Cameron.