Il y a 62 ans, la déclaration d'indépendance de la très riche région minière du Katanga, proclamée par le leader séparatiste Moïse Tshombe depuis Elisabethville (aujourd'hui Lubumbashi), située dans l'actuelle République Démocratique du Congo, précipitait le pays tout juste indépendant dans une sanglante guerre civile, sur fond de guerre froide.
Les grandes puissances suivirent de près la sécession du Katanga, dont l'uranium a été utilisé pour fabriquer les bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945. La situation était d'autant plus périlleuse que le gouvernement sécessionniste du Katanga était en outre financé par l'Union minière du Haut-Katanga; une entreprise belge qui redoutait l'indépendance du Congo proclamée le 30 juin 1960. La guerre civile prendra une dimension internationale avec l'intervention des Casques bleus contre les Katangais.
Les événements liés à ce que l'on a appelé la Crise Congolaise ont déjà fait l'objet de fictions, comme Le dernier train du Katanga. Ou, plus tard, dans son prolongement politique, l'opération aéroportée menée par la Légion étrangère à Kolwezi, en 1978, qui visait à délivrer 3000 otages européens et américains retenus dans cette ville minière par des rebelles katangais.
Il faut désormais ajouter The Siege of Jadotville, disponible depuis 2016 sur Netflix. Réalisé par Richie Smyth, qui signait là son premier long, le film évoque un authentique fait d'arme survenu en septembre 1961. 155 soldats irlandais issus du 35e bataillon d'infanterie, sous mandat de l'ONU et sous les ordres du commandant P. J. Quinlan, furent assiégés durant cinq jours par 3000 Congolais encadrés par des mercenaires français et belges, à la solde des compagnies minières.
Dans Jadotville, Jamie Dornan renoue avec ses origines puisque l’acteur irlandais y campe le commandant Quinlan. Face à lui se trouve Guillaume Canet, qu'on a pas vraiment l'habitude de retrouver dans un film de guerre. Il incarne, cicatrice sur le visage incluse, Roger Faulques, le militaire français à la tête des mercenaires encadrant les troupes katangaises.
On découvrira d'ailleurs qu'il fut officieusement en service commandé par le pouvoir gaulliste. La France, qui convoitait les richesses minières de la région, cherchait à encourager l'indépendance du Katanga pour concurrencer les intérêts anglo-saxons et belges...
Si The Siege of Jadotville n'est évidemment pas un chef-d'oeuvre, il reste un film plutôt carré et à découvrir, ne serait-ce que pour son sujet, tout à fait passionnant et très méconnu du grand public.