Lorsqu'elle est survenue début 2020, la crise du COVID-19 a pris beaucoup de gens au dépourvu – y compris un nombre alarmant de personnes dans les différents gouvernements à travers le monde – mais pour quiconque a vu Contagion, tout cela avait un air de déjà vu.
Ce drame, sorti en 2011, raconte l'histoire d'un père de famille ordinaire (Matt Damon) qui tente de faire face à un effondrement partiel de la société après la propagation d'un virus mortel dans le monde entier. Steven Soderbergh, son réalisateur, et Scott Burns, son scénariste, ont entrepris de faire un film aussi réaliste que possible. Et ils y sont parvenus, en partie, en consultant de nombreux experts en épidémiologie.
"Leur objectif était de montrer aux gens une image aussi précise que possible, dans l'espoir de motiver les dirigeants politiques à se mobiliser", explique Laurie Garrett, l'un des experts en santé consultés par les réalisateurs au New York Post. Elle est une ancienne chargée de mission pour la santé mondiale au Council on Foreign Relations, un think tank américain qui suit les épidémies depuis des décennies.
Des recherches sérieuses
Dans les premières versions du scénario du film, les causes de la contagion devaient être liées au virus de la grippe qui a tué des millions de personnes en 1918. Mais un virus du même sous-type H1N1 connu sous le nom de "grippe porcine" a fait son apparition en 2009, avec heureusement peu de victimes.
"Ce n'était pas une souche très virulente", explique Garrett. "Cela n'avait aucun sens de l'utiliser, car l'humanité venait juste de passer par là". Le scénario a donc été réécrit pour se concentrer sur un virus hypothétique originaire de Hong Kong, conçu avec l'aide de Ian Lipkin, le directeur du Center for Infection and Immunity de Columbia.
"Nous avons généralement vu beaucoup de maladies apparaître en Asie en raison de l'énorme perturbation dans cette partie du monde", explique Garrett. "Les chauves-souris et les oiseaux sont profondément stressés par la déforestation et le changement climatique." Dans Contagion, une chauve-souris laisse tomber un morceau de fruit, qui est mangé par un cochon. Ce dernier est ensuite abattu pour être consommé, transmettant ainsi un virus à l'homme.
Un scénario redoutable
L'une des raisons pour lesquelles Contagion semble si prémonitoire est la myriade d'intrigues secondaires, chacune représentant des événements et des comportements qui accompagnent presque toujours une pandémie. La prolifération de pseudo-scientifiques prétendant avoir trouvé un remède en sont l'exemple dans le film. Comme le personnage de Jude Law qui incarne un blogueur sans scrupules qui affirme que le forsythia, une plante à fleurs, peut tuer le virus.
Le virus, tant dans le film que dans la crise sanitaire du COVID-19, a tué des millions de victimes qui souffraient des symptômes de la grippe. La distanciation sociale et la désinformation font également figure de prédiction.
Dans sa critique parue dans le magazine Vulture lors de la sortie du film en 2011, le journaliste américain David Edelstein titrait son article ainsi : "Contagion, le film catastrophe le plus ambitieux jamais réalisé". Mais aussi le plus juste.
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