À l'instar d'Actrices ou Les Estivants, Valeria Bruni Tedeschi se frotte au genre de l'autofiction avec sa nouvelle réalisation, Les Amandiers. Elle revient cette fois sur sa formation d'actrice, à la fin des années 80, à l'École des Amandiers de Nanterre de Pierre Romans et Patrice Chéreau. Elle y a notamment côtoyé Agnès Jaoui, Vincent Perez, Marianne Denicourt et Bernard Nissille.
Danseuse étoile
Pour camper son double à l'écran, elle a choisi l'actrice Nadia Tereszkiewicz. D'origine polonaise, cette franco-finlandaise s'est d'abord passionnée pour la danse : dès 4 ans, elle suit assidûment des cours de danse et est recrutée par une grande compagnie à l'âge de 18 ans. Mais elle ressent un manque : s'exprimer uniquement par son corps ne lui suffit pas.
Elle s'inscrit dans une prépa littéraire et, grâce à son option théâtre, réalise vouloir se lancer dans la comédie. Elle s’inscrit alors au Cours Florent et passe le concours de la Classe Libre. Après avoir fait un premier essai devant la caméra en 2015 pour un court-métrage, elle débute sa carrière l’année suivante dans le biopic La Danseuse de Stéphanie Di Giusto. Bien qu’il s’agisse d’un rôle mineur, c’est l’occasion pour la comédienne de se faire la main et de renouer avec sa passion première qu’est la danse.
Les débuts devant la caméra
Ce n’est que trois ans plus tard, en 2019, que Nadia Tereszkiewicz décroche son premier grand rôle au cinéma dans Sauvages, une romance dramatique réalisée par Dennis Berry. Elle y joue une jeune délinquante en quête de l’âme sœur après être sortie de prison. La même année, elle est également à l’affiche du long-métrage Persona Non Grata dans lequel elle incarne l’héritière d’une entreprise de BTP aux côtés de Roschdy Zem et Nicolas Duvauchelle.
Jean Claude Lother
Mais c’est en interprétant en 2019 une serveuse suspectée de meurtre dans le thriller franco-allemand, Seules les bêtes, qu’elle réussit à se faire connaître du grand public. La popularité du roman noir éponyme dont le film est adapté et la qualité de sa prestation lui permettent d’obtenir le prix de la meilleure actrice au Festival International du film de Tokyo, ainsi qu’une pré-nomination aux Césars 2020 dans la catégorie du meilleur espoir féminin.
Un an plus tard, Nadia Tereszkiewicz fait ses débuts à la télévision en participant à la saison 4 de Dix pour cent sur France 2. Le temps de deux épisodes, elle prête ses traits au personnage de Mélanie Meyer, une actrice venue semer le trouble entre Sofia (Stéfi Celma) et Camille (Fanny Sidney). Dans le même temps, elle est rappelée par les productrices de Seules les bêtes qui lui proposent de rejoindre la distribution de Possessions, la nouvelle mini-série franco-israélienne de Canal+, portée par Reda Kateb. Nadia Tereszkiewicz obtient alors le rôle principal féminin, celui de Nathalie, une jeune femme accusée d’avoir tué son époux lors de leur nuit de noces.
Alter-ego de Valeria Bruni Tedeschi
2022 - Ad Vitam Production – Agat Films et Cie – Bibi Film TV – Arte France Cinéma
2022 est une année charnière pour Nadia Tereszkiewicz. Elle est d'abord à l'affiche de la comédie incisive Babysitter, où elle est dirigée par la Québécoise Monia Chokri, à qui elle donne aussi la réplique, puis campe une jeune mère célibataire dans l'intimiste Tom. Mais c'est avec Les Amandiers que sa carrière prend une tournure décisive. Valeria Bruni Tedeschi, qui lui avait donné la réplique dans Seules les bêtes, la trouve d'abord trop âgée pour incarner son double à l'écran, avant de se raviser : "Elle a beaucoup travaillé, vu des films, des documentaires, lu des textes, répété avec moi et les autres, mais elle a fait aussi sa propre cuisine personnelle et secrète dont je n’étais pas courant."
Nadia Tereszkiewicz monte pour la première fois les marches du Palais des Festivals lors du Festival de Cannes, où Les Amandiers est présenté en compétition officielle. Nul doute qu'il ne s'agit que du début de son ascension. L'actrice est attendue dans les prochains films de Robin Campillo (Vazaha) et François Ozon (Mon crime), ainsi que dans un biopic consacré à Clémentine Delait, la célèbre femme à barbe du XIXème siècle.
