"Les balances ne mentent pas... dans le ghetto, au commissariat" chantait Stomy Bugsy, et peut-être s'était-il inspiré du film qui va nous occuper aujourd'hui, un long métrage qui a remporté 3 César dont celui du Meilleur film et totalisé 4,19 millions d'entrées à sa sortie : La Balance.
Les années 1980 ont connu un regain du public pour les films policiers français. Ces derniers ont souvent été loués pour leur noirceur et leur réalisme, cherchant alors à se rattacher aux problèmes contemporains du pays. En réalité, ce mouvement a débuté dès la seconde moitié des années 1970, avec les films mettant en scène Patrick Dewaere comme Série noire (1979) ou Le Juge Fayard (1977).
Ces films s'intéressent davantage à la rue et au gangsterisme non comme un fantasme de cinéma (comme souvent chez Melville), mais comme une réalité qu'il faut représenter avec véracité. La Balance, qui nous intéresse aujourd'hui, s'inscrit dans cette mouvance, comme en témoigne son histoire, co-écrite par le policier Mathieu Fabiani :
L'indicateur de la 13e Brigade Territoriale a été assassiné. L'inspecteur en chef Palouzi (Richard Berry) doit absolument savoir pour pouvoir recruter en sécurité une nouvelle "balance", et enquêter sur les agissements du caïd Massina. Dédé (Philippe Léotard), un ancien lieutenant du truand vivant avec une prostituée (Nathalie Baye), semble être le bon choix.
Ce qui tranche avec La Balance lorsqu'on le compare à d'autres polars sortis avant, c'est l'adoption par le réalisateur Bob Swaim d'une mise en scène extrêmement dynamique, avec une caméra mouvante qui donne vraiment le sentiment d'être dans la pièce lors des interrogatoires, et dans l'action lors des arrestations. Si cela peut sembler évident aujourd'hui, à l'époque, La Balance était le film qu'il fallait copier.
Il suffit de penser à L'indic, sorti l'année suivante, qui reprend le même principe, et la vague des polars est relancée avec pêle-mêle : Bleu comme l'enfer, Police, L'Addition, Spécial Police ou même Tchao Pantin, dont l'ambiance crasseuse rappelle celle de La Balance.
A la façon d'un Jules Dassin en son temps ou plus proche de nous le Martin Scorsese de Mean Streets et Taxi Driver, Swaim tourne dans les rues, dans les quartiers qu'il dépeint, au point que l'on a l'impression que l'action du film se déroule sur le vif, dans notre quotidien, dans nos rues, dans nos vies.
En France, il y a eu un avant et un après La Balance, qui s'est inspiré des films policiers américains des années 1970 tout en transposant ce modèle à la situation française du quartier de Belleville, à Paris, tel qu'il était en ce début des années 80. Et 40 ans après sa sortie, il n'a rien perdu de son intérêt et de son actualité.