De quoi ça parle ?
Une femme se réveille chaque nuit à 3h33 du matin - la soi-disant heure du diable entre 3h et 4h du matin -. Le fils de Lucy Chambers, âgé de huit ans, est renfermé sur lui-même. Sa mère parle à des chaises vides. Bientôt son nom est inexplicablement lié à une série de meurtres brutaux dans la région...
The Devil's Hour, une série créée par Tom Moran avec Jessica Raine, Nikesh Patel, Peter Capaldi... Disponible sur Prime Video. Épisodes vus 2 sur 8.
Le multivers de l'angoisse
Commencer à regarder The Devil's Hour sans aucune information préalable, c'est se confronter à une énigme. Au début, on ne sait pas très bien ce que l'on regarde : s'agit-il d'une série noire britannique classique avec des enquêteurs perturbés ? Ou d'une série d'horreur qui n'aborde que marginalement le paranormal et repose entièrement sur un enfant effrayant ? Ou un drame familial avec une mère qui s'efforce de ne pas voir sa vie s'effondrer ?
C'est un peu tout ça à la fois, mais il faut au minimum jeter un œil attentif aux deux premiers épisodes pour commencer à comprendre comment tout s'entremêle dans ce mécanisme extrêmement complexe et ambitieux. Les lignes temporelles et les attentes du spectateur sont constamment tordues dans un puzzle qui ne cesse de se replier sur lui-même.
La force de The Devil's Hour est peut-être cela, partir de structures assez reconnaissables pour ensuite les fusionner et les subvertir. D'un côté, on trouve Lucy Chambers (Jessica Raine), une assistante sociale hantée par des cauchemars qui semblent être des souvenirs qu'elle n'a pas vécus et qui la réveillent chaque nuit à 3h33 précises, à savoir l'heure du diable. Lucy doit aussi gérer son fils Isaac (Benjamin Chivers), apathique et indifférent au monde qui l'entoure, et qui prétend voir d'étranges présences.
De l'autre, l'inspecteur Ravi Dillon (Nikesh Patel), est un policier qui, bien que souffrant d'hémophobie (la peur du sang) est aux prises avec plusieurs affaires de meurtre liées entre elles et, surtout, une vieille enquête sur la disparition d'un enfant qui n'a jamais été résolue.
Évidemment, leurs destins vont se croiser, mais avant même que cela ne se produise dans le présent, nous voyons Lucy, le visage tuméfié, interroger un individu étrange et inquiétant, joué par Peter Capaldi, le magnétique douzième docteur de Doctor Who.
On comprend que l'homme est un criminel, mais aussi qu'il possède les nombreuses réponses indispensables pour mettre de l'ordre dans un enchevêtrement et une succession de scènes qui nous laissent assez désorientés. Sa performance, un étrange mélange de froideur et d'empathie maladive, est en soi un argument pour aller jusqu'au bout.
Il faut cependant noter que The Devil's Hour est une série qui dénote : ce n'est pas un thriller d'horreur classique qui se contente de distiller quelques frissons çà et là. Elle demande toute leur attention aux spectateurs pour résoudre un puzzle qui joue avec les différentes réalités.