De quoi ça parle ?
Comment surmonter une tragédie sans sombrer dans la haine et le désespoir ? L’histoire vraie d’Antoine Leiris, qui a perdu Hélène, sa femme bien-aimée, pendant les attentats du Bataclan à Paris, nous montre une voie possible : à la haine des terroristes, Antoine oppose l’amour qu’il porte à son jeune fils et à sa femme disparue.
Trois films sur les attentats, trois points de vue
En cette rentrée, pas moins de trois longs métrages se sont succédé autour du sujet des attentats terroristes en France. Après Revoir Paris avec Virginie Efira, et Novembre avec Jean Dujardin, voici Vous n'aurez pas ma haine, adapté du célèbre texte du même nom. Ce texte, qui a d'abord pris la forme d'un post Facebook, devenu instantanément viral, était ensuite devenu un livre, et un seul en scène au théâtre.
Chacun des films sortis adopte un ton et un propos différent. "Notre film montre le point de vue d’un homme dont la femme a été assassinée. Pour nous, c’était la seule façon d’aborder l’attentat du Bataclan", explique le réalisateur dans le dossier de presse du film. Et d'ajouter : "Nous ne voulions pas donner aux agresseurs plus d’espace que nécessaire. Dans sa célèbre lettre aux terroristes, Antoine refuse de céder à l’envie de répondre à la haine par la haine. C’aurait donc été une erreur de leur fournir une tribune à l’intérieur du scénario, d’étaler leur violence afin de créer de la tension. Cela aurait vraiment été agir contre les victimes et leurs familles."
Pour adapter ce texte, le réalisateur a rencontré deux fois le journaliste Antoine Leiris. Il décrit leur première entrevue comme "l’un des moments les plus forts émotionnellement dans ma carrière de réalisateur". "Il ne s'agissait pas seulement d'adapter un roman mais de s'emparer de la vie d'une personne." "Notre point de vue était celui d’un ami empathique. Nous tenions à rester proches du livre d’Antoine Leiris", poursuit-il. "Il nous aurait semblé malhonnête de modifier le fond de l’histoire. C’est un récit très poétique, très subtil et touchant. Nous devions donc y faire extrêmement attention. Là où c’était nécessaire, nous avons apporté une dramatisation formelle. L’intrigue secondaire avec sa famille a été ajoutée afin de rendre tangible la transformation intérieure d’Antoine".
Le livre a été beaucoup convoité pour une adaptation au cinéma, avant de finalement revenir à l'équipe du cinéaste allemand Kilian Riedhof. Ce dernier a réalisé plusieurs épisodes de séries en Allemagne, et un film inédit en France, Sa dernière course.
Le journaliste n'était pas sûr de vouloir en tirer un film. Il a donné son accord après avoir discuté avec le réalisateur et la productrice Janine Jackowski : "Il pensait que c’était une bonne idée qu’on fasse ce film, nous, des Allemands qui n’avions pas été à l’épicentre des événements, mais qui pouvions regarder tout ça avec la bonne distance."
Pour mémoire, le journaliste Antoine Leiris avait perdu sa femme, Hélène Muyal-Leiris, âgée de 35 ans et mère d'un petit garçon de 17 mois, lors des attentats du Bataclan de 2015. Vous n'aurez pas ma haine est une des phrases marquantes apparues sur un post du journaliste Antoine Leiris, en forme de lettre ouverte, devenue virale après sa publication. De ce post - dans lequel il partageait ses sentiments sur cette disparition tragique - est né un récit au long cours, devenu un livre (édité chez Fayard), puis un seul en scène (incarné par l'acteur Raphaël Personnaz, et mis en scène par Benjamin Guillard, en 2017, au Théâtre du Rond Point à Paris). Vous n'aurez pas ma haine réalisé par Kilian Riedhof avec Pierre Deladonchamps, Camelia Jordana et Zoé Iorios sort au cinéma ce mercredi.