"The Dark Knight Rises" côté coulisses ! - Page 7

On lui doit les combats et certaines des séquences les plus mémorables des derniers films de Christopher Nolan. Autant dire qu'avec The Dark Knight Rises, le coordinateur des cascades Tom Struthers a du se surpasser, pour que la conclusion de la trilogie soit à la hauteur des espérances.

Allociné : Y a-t-il plus de combats à mains nues dans ce film que dans les précédents ?

Tom Struthers : Oui, il  a plus de combats dans ce Batman que dans les deux derniers. Nous insistons encore beaucoup sur le travail sur les véhicules, et vous aurez remarqué que les couleurs ont changé, ce qui signifie qu'il y aura une petite surprise pour tout le monde. Mais il y aura beaucoup d'interactions entre les personnages de Bane et Batman.

Qu'en sera-t-il des techniques de combats ?

Ces techniques ont évolué durant depuis les deux premiers Batman. Pour faire simple, nous avons commencé avec une technique appelée Keysi, mise au point par un Anglais et un Espagnol, et qui mélange diférents arts martiaux tels que le ninjitsu, le taekwondo, le muay thai... Ça mixe vraiment tout, et ça été conçu pour les forces armées à la base. Sur The Dark Knight Rises, nous avons légèrement changé le format, pour l'emmener vers une autre progression : le keysi est encore là, mais nous y avons ajouté d'autres techniques. Avec Buster Reeves [doublure de Christian Bale sur The Dark Knight et Tom Hardy sur ce film, ndlr], qui se chargeait d'arranger les combats, nous l'avons juste emmené à un autre niveau. Je ne peux pas trop vous dire à quel point, mais je peux vous assurer que ce que vous verrez vous plaira. Je suis vraiment très content de ce que mon équipe a réalisé, de Sy Hollands, mon assistant, à Buster Reeves. Ils ont tous fait un travail fantastique.

© Warner Bros. France

Pouvez-vous nous parler de la relation entre les différents départements ? Car, quand vous devez préparer un combat, vous voulez sans doute savoir comment les costumes seront faits...

Oui, tout à fait. Christopher Nolan a une telle façon de mettre sur pied une équipe qu'il peut garder sous la main les chefs de départements. Du coup nous sommes très proches de lui, et les choses ne passent pas par un studio ou un agent : nous sommes tous embauchés par Chris, aussi bien Nathan Crowley [le chef décorateur, ndlr] et Wally Pfister [le directeur de la photo, ndlr], qui sont à ses côtés depuis le début, que Chris Corbould [le superviseur des effets spéciaux, ndlr]. J'avais travaillé avec lui sur les deux premiers Batman, mais en tant que superviseur des cascades, et la personne au-dessus de moi a suivi une autre voie, pour travailler avec les secondes équipes. Du coup Chris nous a demandé, à mon équipe et moi-même, d'être de l'aventure Inception. Au final nous n'avons pas changé grand chose au niveau des groupes, ce qui permet aux différents aspects dramatiques de bien se chevaucher. C'est pour moi la grande différence avec la majorité des films. Dans beaucoup des longs métrages sur lesquels j'ai travaillé, les départements étaient davantage insulaires. C'était un peu : "Ça c'est à nous et personne d'autre n'y touche !" Ici il y a plus d'interaction entre les départements, et notamment, pour ma part, avec celui des effets spéciaux mécaniques, dans la mesure où un tel film représente environ 65-70% d'effets physiques et mécaniques. Puis nous pouvons parler avec Nathan sur le plateau, pour déterminer ce qu'il peut faire pour nous en matière de décors intérieurs et extérieurs, tout comme Dan Grayson et Lindy Hemming avec les costumes. Grâce à eux, ceux-ci sont faits pour que les acteurs soient à l'aise dans l'environnement, ce qui est pourtant très difficile.

Qu'est-ce qui différencie cette Catwoman des précédentes ?

La nôtre a un style de mouvements très différent. Je vais laisser de côté son intrigue, d'où elle vient et ce qu'elle cherche, pour le moment, mais ce que je peux vous dire, c'est qu'Anne [Hathaway, ndlr] est vraiment gracieuse. Nous avons beaucoup travaillé avec sa doublure, qui est aussi sa préparatrice avec qui elle s'entraîne tous les jours, et c'est vraiment difficile d'en dire plus, donc retenez juste qu'elle est gracieuse. Sa technique est très féminine est le personnage très vivant, donc c'est vraiment spectaculaire.

Catwoman est une cambrioleuse, ce qui devrait vous donner l'occasion de règler quelques scènes vertigineuses à New York, non ?

Oui. L'équipe que j'ai autour de moi est la même depuis dix ans, et nous avons travaillé ensemble sur les Batman, Inception, John Carter, ou d'autres films de ce style. Je les garde toujours avec moi car ils sont très bons, que ce soit au niveau des câbles ou des acrobaties, et nous nous accordons bien avec Chris Corbould. Nous allons sans doute avoir des scènes câblées à New York, ou peut-être pas, mais nous avons déjà accompli de très belle choses à Londres. Des choses qui rivalisent avec la scène d'Inception dans le couloir tournant (photo ci-dessous).

Joseph Gordon-Levitt dans le couloir tournant d'Inception - © Warner Bros. France

Avez-vous revu les autres Catwoman, pour avoir une base ?

Oui, et nous avons discuté, avec Chris et les acteurs, pour avoir leur ressenti sur leur rôle et leur expliquer où nous comptions les emmener. Mais nous avons avant tout cherché à créer quelque chose de nouveau, au lieu de nous inspirer de ce qui avait déjà été fait.

L'expérience de Tom Hardy sur "Bronson" ou "Warrior" a-t-elle été utile pour préparer le rôle de Bane ?

Oui, ça lui a donné une longueur d'avance, mais ça lui a surtout permis d'apprécier physiquement ce vers quoi nous voulions l'emmener, et ce qu'il allait devoir faire pour nous. J'essaye toujours de préparer les acteurs autant que possible pendant les répétitions, en partant du fait que le studio paye un grand acteur une fortune et que je dois l'aider à donner le meilleur de lui-même. Même en essayant autant que possible, un de mes cascadeurs ne pourrait pas délivrer une performance aussi forte que celle d'un Christian Bale ou d'un Tom Hardy. C'est là toute la différence, et c'est pour ça que moi et les membres de mon équipe sommes payés. Du coup j'essaye toujours d'utiliser les acteurs le plus possible, dans la limite de leurs conditions physiques. Mais je peux vous dire que des acteurs comme Christian Bale ou Tom Hardy font 85-90% de leurs propres cascades. Dans le même genre, il n'y a qu'un seul plan de la fameuse séquence du couloir d'Inception que Joseph Gordon-Levitt, qui est aussi dans ce film, n'a pas pu assurer lui-même, car il s'était physiquement préparé pendant trois mois et que nous avons répété avec lui pendant vingt-et-un jours. Au final, il ne s'est jamais blessé, et il est fantastique dans cette séquence.

Comment définissez-vous ce qu'il est possible de faire ?

Il suffit d'observer. Nous faisons beaucoup de répétitions que nous filmons, avec les membres de mon équipe, et lorsque ceux-ci me disent que c'était compliqué, en sachant qu'ils connaissent les capacités de Christian ou Tom, nous évaluons les possibilités à partir de là. Et Chris Nolan est bien conscient de ça, car il m'a plus d'une fois dit : "Si tu penses que cette scène est trop dangereuse, pour l'acteur ou le cascadeur, on va trouver une autre façon de la faire, en bougeant la caméra ou en changeant carrément notre approche." Nous pouvons aussi avoir recours aux effets spéciaux, mais nous évitons autant que possible, car ceux-ci doivent uniquement permettre d'améliorer une chose, mais pas de la créer. Beaucoup choisissent pourtant cette solution de facilité aujourd'hui, et leurs films perdent en qualité car on a pas le même sentiment face à des effets spéciaux que face à des cascadeurs qui ont vraiment fait ce que l'on voit à l'écran.

The Dark Knight : Batman s'envoie en l'air à Hong Kong - © Warner Bros. France

Y aura-t-il des scènes aériennes du même calibre que celle à Hong-Kong dans "The Dark Knight" (photo ci-dessus) ?

Nous avons effectivement fait quelques trucs qui devraient vous souffler quand vous les verrez, et notamment une scène avec des avions [le prologue du film, ndlr], que nous avons terminée il y a trois semaines, et qui n'avait jamais été faite auparavant. C'est le seul indice que je peux vous donner.

Que pouvez-vous nous dire sur Christian Bale, avec qui vous travaillez pour la troisième fois ?

C'est quelqu'un de très discipliné, qui peut refaire les mêmes choses encore et encore. Pour la plus grosse scène de combat du film, qui est très très longue, il doit effectuer plus de deux cents mouvements, et tout s'est très bien passé, au même titre qu'avec Tom, avec qui il est très facile de travailler. Tous deux ont appris la chorégraphie et les mouvements, et y ont ajouté le drame et les émotions nécessaires. Et je dois dire qu'il ont une alchimie de combat tous les deux, car ce sont des acteurs physiques capables de ne pas négliger l'aspect dramatique voulu par le réalisateur. Nous avons été très chanceux avec les membres du casting de ce film. C'est facile de dire ça pour chaque film sur lequel on a travaillé, mais là c'est la vérité.

Avez-vous rencontré des difficultés à cause des costumes ?

Non, nous avons vraiment eu de la chance, car Lindy et Dan étaient vraiment proches des acteurs pour savoir quoi faire et quoi modifier. Comme vous le savez, nous avons complètement changé le costume de Batman entre Begins et The Dark Knight, car le premier rendait les mouvement très difficiles, à tel point que Christian devait redoubler d'efforts pour atteindre la présence physique requise. Le second, en revanche, est vraiment fantastique.

Propos recueillis par Emmanuel Itier à Pittsburgh en août 2011 - Traduction : Maximilien Pierrette

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