En 14 longs métrages et 25 ans, les studios Pixar se sont imposés comme la référence mondiale en matière d'animation. A l'occasion de la sortie en salles de "Monstres Academy", leur dernière pépite, retour sur la création de chacun de leurs longs métrages, qui ont marqué l'imaginaire et les rêves de toute une génération... Dossier réalisé par Thomas Imbert
WALL·E de Andrew Stanton (2008)
De quoi ça parle ?
WALL-E est le dernier être sur Terre et s'avère être un... petit robot ! 700 ans plus tôt, l'humanité a déserté notre planète laissant à cette incroyable petite machine le soin de nettoyer la Terre. Mais au bout de ces longues années, WALL-E a développé un petit défaut technique : une forte personnalité. Extrêmement curieux, très indiscret, il est surtout un peu trop seul... Cependant, sa vie s'apprête à être bouleversée avec l'arrivée d'une petite « robote » prénommée EVE. Tombant instantanément et éperdument amoureux d'elle, WALL-E va tout mettre en œuvre pour la séduire. Et lorsqu'EVE est rappelée dans l'espace pour y terminer sa mission, WALL-E n'hésite pas un seul instant : il se lance à sa poursuite...
Pourquoi le (re)voir ?
-Pour la poésie, que Pixar distille ici avec un talent rare
-Parce que 40 minutes du film sans autres dialogues que des bruits de robots, c'était un pari risqué !
-Et parce que ce pari, en plus d'être risqué, a été tenu !
La naissance du film
Lors de la sortie au cinéma de Ratatouille, une vidéo pour le moins intrigante est diffusée dans les salles. On peut y voir Andrew Stanton, le réalisateur du Monde de Nemo, s’adresser aux spectateurs. Il évoque un dîner au restaurant, pris avec John Lasseter et tous les grands animateurs de Pixar, à l’heure où Toy Story s’apprêtait à sortir sur les écrans. Enthousiaste, Stanton raconte que lors de ce dîner, les histoires de 1001 Pattes, de Monstres & Cie et du Monde de Nemo étaient nées. Puis il ajoute qu’à la fin du repas, avait été évoquée l’histoire d’un petit robot, du nom de WALL·E.
Mais aussitôt créé, le personnage est remis dans les cartons, en attendant l’occasion la plus propice pour le présenter au monde. Andrew Stanton et Pete Docter, à l’origine de l’idée, retournent alors à leurs projets respectifs. Ce n’est qu’en 2001 que Stanton se remet à l’écriture de son Odyssée de l’espace à lui. Toujours à la réalisation du Monde de Nemo, il boucle enfin le scénario de WALL·E. Mais le petit robot n’est qu’au tout début du voyage, et commence alors pour lui un périple de sept années en direction des salles obscures.
Il faut dire que le défi est de taille, car il s’agit de réaliser un long métrage quasi-muet, de faire passer tout un panel d’émotions à travers un robot, et donc de multiplier des trouvailles de mise en scène pour faire d’un concept abstrait un chef-d’œuvre du monde de l’animation. En plus des défis techniques et scénaristiques, Pixar s’impose également de mettre en place (et ce pour la première fois de son histoire) un discours politique dans son film. WALL·E ne s’adresse donc pas seulement aux enfants, et livre une critique acérée de la société de consommation actuelle.
Comme toujours aux studios à la lampe de bureau, les défis sont atteints, et les résultats dépassent les attentes. Le public, qui regarde depuis longtemps d’un œil intrigué (voire sceptique) le nouveau projet Pixar, se précipite néanmoins dans les salles et ne peut, une fois encore, que se laisser emporter. La critique applaudit plus que jamais, et une nouvelle statuette vient rejoindre les trois Oscars du Meilleur Film d’Animation déjà remportés par les studios. La question que tout le monde se pose depuis longtemps est plus que jamais sur toutes les lèvres : "Mais où vont-ils s’arrêter ?". Et la réponse devra encore attendre longtemps, bien longtemps…
Le saviez-vous ?
Pour animer le personnage de Wall-E, qui est quasiment muet, les réalisateurs du film se sont énormément inspirés d’acteurs de légende tels que Charlie Chaplin et Buster Keaton.
En ce qui concerne le peu de dialogues prononcés par le petit robot, c’est l’ingénieur du son Ben Burtt (créateur de tous les bruitages de la saga Star Wars), qui a été contacté pour donner une voix à Wall-E. Si on résume, ce dernier serait donc un croisement entre Charlot et… R2-D2 !
Comme dans de nombreux films Pixar, plusieurs clins d’œil à la compagnie Apple et à son fondateur Steve Jobs, se cachent dans WALL·E. Le petit robot conserve ainsi chez lui un I-pod, et le son qui indique le chargement de ses batteries est le même que celui que l’on peut entendre au démarrage d’un Macintosh. Enfin, l’apparence d’EVE a été imaginée par un certain Jonathan Ive, qui n’est autre que le designer de l’I-pod.
Plusieurs références au chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001 : l'odyssée de l'espace, apparaissent dans le film. Le pilote automatique de l’Axiom est ainsi une copie quasi-conforme du terrible HAL-9000. Le thème de 2001 retentit d’ailleurs à la fin du film, lorsque le capitaine se confronte au méchant robot.
En partant dans l’espace, accroché à la fusée, Wall-E percute tout un tas de satellites. Parmi eux se trouve le premier de l’Histoire, Spoutnik.
Dans le scénario original du film, EVE était censée se faire enlever par des extra-terrestres, et Wall-E devait partir à leur poursuite pour la sauver, mais le script fut vite remanié.
Parmi la montagne d’ordure qu’est censé trier Wall-E, on peut trouver le scooter de Skinner dans Ratatouille et la traditionnelle camionnette Pizza Planet. Chez le petit robot, par ailleurs, sont entreposés le cochon Bayonne et le dinosaure Rex de Toy Story.
Inspirés par une paire de jumelles appartenant au réalisateur Andrew Stanton, les yeux de Wall-E ressemblent aussi étrangement à Lenny, un jouet bien connu du premier Toy Story, représentant une paire de jumelles.
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